Chapitre 19

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Mehmet se détend tranquillement dans le hammam tandis que des concubines lui font la toilette. L'homme est assis sur un siège en marbre au centre d'une grande pièce du même marbre blanc. L'air est chaud et humide autour de lui et de la brume blanche remplie la pièce. L'eau tiède lui parsème le corps. Le Sultan ferme les yeux en sentant la brosse douce lui frotter le dos avec du savon.

Soudain, ce n'est plus la brosse qu'il sent mais des mains douces et chaudes. Mehmet ne bronche pas dans un premier temps et laisse faire les mains sur son dos musclé. Soudain, l'une des main passe par dessus son épaule pour aller caresser son torse légèrement velu. Mehmet arrête la main lorsque celle-ci s'aventure sur ses pectoraux.

Il se tourne alors pour voir qui ose le toucher comme cela et ses yeux rencontrent ceux noisettes d'une concubine à la chevelure de feu. Mehmet l'a déjà vu auparavant. Une chevelure de cette couleur ne s'oublie pas dans son palais.

– Que fais-tu Hatun ? L'interroge-t-il d'une voix grave.

– Je prends soin de vous Votre Majesté, répond suavement Olga Hatun en faisant ses yeux de biche.

Mehmet esquisse un sourire en se disant que cette concubine n'a pas froid aux yeux. Olga Hatun prend sa non réponse comme du consentement et continue de caresser le Sultan qui lui lâche la main.

La main de cette dernière continue sa traversée et finit au niveau de la serviette en lin que le Sultan a noué autour de la taille. La jeune femme fait exprès de venir caresser par dessus en cherchant à faire réagir le Sultan. N'obtenant aucune réaction de sa part, elle finit par enlever sa main.

– Je vais terminer de vous savonner Votre Majesté, annonce-t-elle alors en essayant la voix détachée.

Alors qu'elle récupère la brosse posée non loin d'elle, un bras puissant lui agrippe la main. La jeune femme n'avait pas entendu le Sultan bouger et le voilà tourner face à elle. Olga esquisse un sourire ravi puis s'approche de lui en mettant bien sa poitrine assez volumineuse devant ses yeux.

– Votre Majesté... susurre-t-elle alors qu'il tend les bras pour que la jeune femme s'assoit sur ses genoux.

Assise sur lui, Olga a les lèvres à quelques centimètres des siennes.

– Je suis à toi, souffle-t-elle avec un brin d'audace l'amenant à tutoyer le Sultan.

Ce dernier ne dit rien mais la presse contre lui pour l'embrasser.

Plusieurs semaines ont passé et Leyla commence à voir son ventre s'arrondir doucement. Elle a accueilli ce changement de sa morphologie comme un miracle de la vie. Elle va mettre au monde le premier enfant du Sultan Mehmet, un garçon elle espère, un Shezade. Elle sait que peut importe le sexe du bébé elle deviendra une Sultane mais mettre au monde un héritier de la dynastie serait une sorte de sécurité pour elle.

Elle se promène dans l'un des parc en compagnie de la Sultane Samira. Cette dernière ne manque pas une journée sans prendre des nouvelles de la jeune concubine ou d'aller la voir. Elle attend cette naissance avec tellement d'impatience. Une fois le Shezade de né, le règne de son fils ne sera que plus apaisé. Il n'y aura plus personne pour venir se plaindre de l'incertitude quant à la succession.

– J'aime beaucoup ces roses noires, lance alors Leyla à la Sultane en s'arrêtant devant un massif de roses.

La Sultane Samira s'arrête à son tour.

– Elle ont été plantées par le défunt Sultan Mourad, grand-père de sa Majesté le Sultan Mehmet. Il les a faites planter en l'honneur d'une concubine, la grand-mère de mon Fils.

Leyla sourit face à cette histoire.

– C'est une belle histoire, remarque-t-elle.

La Sultane opine du Chef puis les deux femmes reprennent leur promenade jusqu'à tomber sur Hassan Bey au niveau des écuries. L'homme était occupé à brosser un cheval à la robe noire comme la nuit.

Les deux femmes s'approchent et Hassan Bey se tourne pour les saluer en inclinant la tête et baissant les yeux comme la coutume le veut.

– Sultane, Leyla Hatun.

– Hassan Bey, lui répond la Sultane avant de se tourner vers le cheval.

– C'est un magnifique cheval que vous avez là, affirme Leyla en venant caresser le poil doux de l'animal.

Hassan Bey la remercie puis aperçoit un regard discret de la Sultane. Cette dernière se décale de quelques pas avec lui avant de déclarer :

– Où en sont les recherche de celui qui veut prendre la place de mon fils ?

Hassan Bey lance un regard à la jeune concubine trop occupée à caresser son cheval pour faire attention à ce qu'il va dire. Il répond alors à la Sultane :

– Nos hommes sont dispersés dans tous les villages du Sud afin de récolter des informations et surveiller les moindres agissements suspects. Mais pour l'instant nous n'avons rien Sultane.

Cette dernière l'oblige à la fixer dans les yeux.

– Il faut que vous le trouviez Hassan Bey. Il faut que vous le trouviez avant que ce soit lui qui vienne à nous.

L'homme hoche la tête tandis que Leyla se tourne vers eux. La jeune femme n'a entendu qu'une partie de la conversation mais fait semblant de ne rien avoir entendu. Elle sait qu'un homme se fait passer pour le Sultan auprès de la population et qu'il risque de venir s'en prendre à eux au palais.

– Rentrons Leyla, annonce alors la Sultane en direction de la concubine qui la rejoint docilement.

Hassan Bey les salut une dernière fois avant de reprendre sa brosse pour finir le pansage de sa fidèle monture.

Plus tard dans le harem, Leyla est assise en compagnie de Elena et les deux femmes discutent en grignotant un bol de raisins. Elena raconte sa journée en cuisine tandis que Leyla lui narre sa promenade avec la Sultane.

C'est alors qu'Olga Hatun arrive à son tour en compagnie de Irina. Les deux russes lancent des regards à Leyla qui les ignore du mieux qu'elle peut. Elle sait qu'Olga est devenue une favorite de Mehmet depuis peu et que de temps en temps, il la fait préparer pour passer la nuit avec elle. Mais elle sait aussi que Mehmet lui a déjà révélé ses sentiments et qu'il n'a d'yeux que pour elle. Olga va être une passade, Leyla en est certaine. D'ailleurs, Mehmet ne lui a pas donné de nom, preuve qu'il ne tient pas vraiment à elle.

– Leyla Hatun, lance la concubine à son encontre.

Leyla tourne vers elle un œil neutre.

– Que fais tu encore parmi ces concubines de seconde zone ? L'interroge Olga en regardant avec dédain les autres filles. Tu es une favorite, comme moi. Tu devrais être à l'étage et non au milieu de ces filles.

Les autres concubines se tournent toutes en direction de Olga. Elles chuchotent entre elle en montrant la jeune femme russe.

Leyla lui répond alors d'une façon calme :

– Ces filles sont mes amies, tu devrais essayer l'amitié de temps en temps, tu verras que ça peut être bien.

Olga lâche un rictus avant de passer entre des concubines pour monter dans sa chambre de favorite.

– Quelle pimbêche celle là ! S'emporte une concubine de deux ans plus âgée que Leyla. Depuis qu'elle a couché avec le Sultan elle ne se sent plus !

– Bientôt il faudra que l'on l'appelle Sultane ! Raille une autre concubine.

Les poils de Leyla se hérissent. Elle espère que Olga ne va pas tomber enceinte. Elle espère vraiment. Si elle devait tomber enceinte, Leyla devrait faire le Shezade en première. Pourvu qu'elle n'attende pas de fille.

SultaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant