Chapitre 5

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Hiver XX21, palais de Topkapi

Une nouvelle année a commencé et cela fait maintenant plusieurs mois que Selena est arrivée au Palais. La jeune femme est totalement habituée à son travail et n'a plus besoin d'aide ni que l'on lui dise ce qu'elle a besoin de faire. La Sultane Samira est bonne et juste avec elle. Selena a l'impression que la Sultane a confiance en elle.

Lorsqu'elle a terminé ses tâches quotidiennes, Selena aime bien aller dans l'un des balcons du palais pour observer la vue sur Istanbul. La jeune femme n'avait jamais quitté sa terre natale avant d'être emmenée ici. Elle imagine alors comment vivent les gens dans ce pays qui lui paraissait si loin. En Turquie, les habitants prient un dieu avec un autre nom, les coûtumes ne sont pas les mêmes, la langue non plus. Selena n'a pas eu trop de mal pour apprivoiser cette nouvelle langue. Sa jeunesse a fait qu'elle a rapidement mémoriser ses bases. Même si elle n'est pas encore fluente, elle se débrouille.

Le vent est frais en ce soir d'hiver. Selena a passé une laine sur sa robe violine et fixe l'horizon. La neige tombe et semble saupoudrer la ville. Selena a l'impression de revoir son village lors des neiges hivernales. Elle ferme les yeux et imagine sa maison telle qu'elle l'a laissée. Sa mère auprès du feu en train de tricoter et son père en train d'attiser le feu. Elle esquisse un sourire en revoyant sa mère chanter au coin du feu comme elle faisait souvent. Selena se souvient encore de la chanson qu'elle fredonnait le soir lorsque la nuit était tombée et que la lune était bien haute dans le ciel.

Sans s'en rendre compte, la jeune femme commence à murmurer les paroles de la chanson. Puis, petit à petit, ses murmures deviennent un chant. Un chant doux et tendre. Un chant presque envoûtant.

Le Shezade Mehmet retourne d'un conseil avec les Vizirs, son frère Osman et son père. Une discussion autour d'une possible campagne en Roumanie est en cours suite à des mouvements d'empereur européens.

Le jeune homme est en train de retourner à sa chambre lorsqu'un bruit l'arrête dans son chemin. Hasan Bey manque de lui rentrer dedans alors qu'il marchait derrière lui.

– Shezade ? L'interpelle-t-il surpris par son attitude.

Mehmet pose son index sur sa bouche.

– Chut. Tu entends ? Questionne-t-il son ami.

Hasan lève l'oreille en se demandant où le prince veut en venir. Et c'est là qu'il entend un voix. Une voix féminine en train de chanter.

Mehmet l'entraîne alors en direction de la voix. Le jeune prince est intrigué. Il se demande qui peut chanter comme cela dans le palais. Les deux hommes traversent un couloir et monte un escalier avant d'arriver près des salles du harem.

Mehmet s'arrête un instant comme s'il appréciait ce qu'il entendait. La jeune femme qui chante a une voix qui l'ensorcèle. Le jeune homme pourrait passer des heures à l'écouter.

– Par là, indique-t-il peu après, déterminé à trouver qui chante.

Il avance rapidement dans les couloirs et c'est alors que la voix s'arrête. Mehmet n'est plus qu'à quelques mètres d'un balcon sur lequel il suppose que la fille doit se tenir. Il se met alors à courir pour lui couper la route en espérant qu'elle reparte dans son sens.

Lorsqu'il arrive sur le balcon en dessous de la chambre privée du Sultan, l'endroit est désert.

– On l'a loupée, conclut Hasan en faisant une mine désolé.

Mehmet s'appuie au balcon. Il ne comprend pas sa déception. Il voulait savoir qui chantait. Il n'a pas vraiment reconnu la langue donc il imagine que c'est l'une des concubines dans sa langue natale. Mais avec toutes les filles qui vivent dans le harem, autant chercher une aiguille dans une botte de foin.

SultaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant