Saraphine

Chapitre 23

Saraphine

- Alors la belle au bois dormant à du mal à se réveiller ?

D'une ma tête me fait atrocement souffrir. Est-ce que j'ai encore bu ? Pire, j'ai pris quelque chose ? Ça devait être sacrément fort parce que je ne me souviens de rien. Moi qui avait promis à Mia de bien me tenir. Je vois que ma parole ne vaut vraiment rien. Je fais vraiment pitié. Si je pouvais, j'en rigolerais mais la situation est loin d'être drôle. Je suis complètement à la ramasse. 

De deux je n'ai certainement pas envie d'endurer les jacasseries d'Isaac maintenant.  D'ailleurs, qu'est-ce qu'il fait ici ? Il est hors de question que toute la famille se pointe au lycée !

Non. Je ne suis pas au lycée ; le lit est beaucoup trop confortable pour être celui de l'internat. Je n'ai pas encore ouvert les yeux mais je sens que la lumière est très forte dans la pièce. Ce n'est pas la petite fenêtre de ma chambre du lycée qui le permettrais. Là-bas je suis obligé d'allumer même en pleine journée et grand soleil.

 Je suis à la maison. Je suis de retour dans le dernier endroit où je voudrais être. Je n'ai pas fui  pour rien. Je hais cet endroit et tout ce qu'il me fait endurer. Chaque fois c'est pareil. Dès que je ferme les yeux, que j'entend un grognement ou un hurlement, je retourne dans cet horrible cave. Être ici est une torture perpétuelle. 

Je ne veux pas y être. Je ne veux pas être là. Pourquoi est-ce qu'on ne me laisse pas partir ?

Je suis certaine qu'ils veulent encore m'aider. Ils vont me dire qu'ils m'aiment, qu'importe ce que je fais ou je dis. Ils vont vouloir me réconforter, m'engueuler pour mes conneries mais en même temps me dire qu'ils s'en foutent car le plus important c'est que je sois avec eux. Je connais par coeur tous leurs discours. C'est chaque fois pareil, je craque. Je pleure dans leur bras, je m'excuse, leur promet que je vais arrêter, que je vais me confier... pour retomber dès qu'ils me quitteront au main de mes démons. Je veux que ça s'arrête. Je ne veux pas de leur pitié, de leur amour qui fait souffrir.

Je ne veux rien.

Je veux la liberté. Je veux partir où je veux, faire ce que je veux. Je ne veux pas regarder en arrière. Je veux tout abandonner. Mais je n'ai pas le droit. Je ne mérite rien de tout ça. Je suis un monstre d'égoïsme qui doit partir loin pas pour moi, mais pour les autres.

Je vaux rien. Je ne suis rien.

- Doucement Sara. Laisse-toi souffler. Calme tes pensées.

Plus facile à dire qu'à faire. Mes pensées tournent en boucle dans ma tête et ne me laissent jamais me reposer. Être dans ma tête, c'est comme se retrouver dans un hall de gare tellement c'est bruyant. Et ennuyeux. Toujours la même chose, toujours les mêmes idées comme de trains qui arrivent sans cesse à quai. Je n'ai pas le luxe d'avoir d'autres pensées. A croire que mon imagination et mon âme sont enfermées dans une boucle temporelle qui m'enfoncent un peu plus. 

- Qu'est-ce que tu fais là Isaac ?

- Je ne suis certain que malgré ton horrible mal de tête tu peux encore deviner pourquoi je suis là.

Évidemment qu'il sait que j'ai mal à la tête. De nous deux, il est celui qui a le plus connu ce putain de calmant, de "stabilisateur" comme les médecins aiment l'appeler. Ils l'utilisent pour un thérapeutique mais chacun sait pourquoi ça a été inventé. Ce ne sont pas des gentils scientifiques qui ont créé ce truc mais bien les méchants braconniers qui voulaient pouvoir contrôler les bêtes. Apparement je suis devenue une bête à contrôler, dangereuse pour les autres. 

- Tu es là pour parler. Pour me parler. Ils ont tous échoué donc maintenant c'est ton tour de me rappeler que je suis aimée, que je fais de la merde mais qu'on me pardonnera si je promets de ne pas recommencer. Je vais le faire. Je vais promettre et pleurer dans tes bras tandis que tu me diras que c'est bien, que tout va bien aller. Bon résumé ? Si passé directement à la dernière étape ça m'arrangerait.