🧭Confidences dans la nuit 🌌

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Cette nuit-là, alors que les ombres dansaient dans son esprit, Chouta Byrne fut prise d'une multitude de rêves tourbillonnants, éphémères comme les éclaires d'un orage.

Elle se vit en train de rêver qu'Hagird, l'homme propulsé dans les airs par Viktor, succombait après s'être ouvert le crâne. Puis, dans un autre songe, Drago, paraissant plus vieux qu'à l'accoutumée, dévoilait à Pansy la marque des Ténèbres, retroussant sa manche avec un visage apeuré. Maugrey, captif dans un coffre-fort, emprisonné dans l'obscurité la plus profonde... Enfin, en plein cœur de l'allée des embrumes, posée sur le sol, elle vit le cadavre de sa mère être ramassé par des medicomages.

- Tu es la fille d'un Prince, le Prince de sang-mêlé, lui disait le cadavre de sa mère, son visage blanc et ses yeux grands ouverts qui ne cligaient plus.

Consciente d'être emprisonnée dans son propre esprit, Chouta reprit le contrôle et se réveilla, le souffle irrégulier...

Enveloppée dans son pyjama de soie légère, elle quitta sa cabine et se glissa dehors pour savourer une bouffée d'air frais, se penchant contre le rempart du navire. Le vent continuait de hurler, défiant les arbres de la forêt interdite. Le ciel, quant à lui, était dépourvu d'étoiles cette nuit-la. Malgré le froid, l'agitation de son sommeil lui procurait une sensation de chaleur. De toute sa hauteur, comme d'habitude, elle voyait la petite maisonnette, perçant la nuit d'une douce lumière à travers les fenêtres.

- Comme il est triste de voir une personne de ton âge perdre le sommeil, dit soudainement la voix du professeur Karkaroff derrière elle, allant la rejoindre. C'est plutôt nous, les vieux, qui sommes concernés...

- Nous n'êtes pas vieux, professeur, dit Chouta qui sentait que son directeur avait abusé du vin.

- Comparé à Dumbledore, peut-être pas. Mais comparé à vous, mes élèves...J'aimerai parfois avoir ton âge, pour m'interdire de commettre les erreurs que j'ai commises par le passé.

Il titubait, si éméché que seule la rambarde du navire soutenait son poids...

- Monsieur, dit Chouta avec une rare douceur dans la voix, vous avez fait de votre mieux, vous avez su garder la tête hors de l'eau, ce qui n'est pas une mince à faire en ce bas monde.

- Je ne suis que l'ombre de moi-même, Chouta, murmura-t-il. Les détraqueurs ont aspiré une grande partie de mon âme, et tous les bons souvenirs que j'avais avec. Je ne me souviens presque plus de ma vie avant Durmstrang.

- C'est ce qui prouve votre ténacité, affirma Chouta avec conviction. Vous avez fait le poid face à eux, vous n'avez pas succombé à la tentation de se laisser mourir.

- Qu'est-ce tu as pensé de moi, dans ta vision avec le professeur Rogue? Demanda-t-il brusquement en posant sa main sur la sienne.

- Je...Hésita-t-elle, surprise. Il n'y avait personne d'autre que le professeur Rogue, dans ma boule de cristal, mentit finalement Chouta. Vous vous souvenez?

- Foutaise, dit-il avec un brin de folie. Tu as fourni beaucoup d'efforts pour me mentir, hélas, même modifié, je me rappellerai toujours du triomphe de Rogue lorsqu'il a prit vent de la prophétie...

- Je vous trouvais malheureux, répondit-elle spontanément. Je n'ai pas d'autres mots. Rogue, lui, était trop sur de lui et perverti par Voldemort.

Tout comme Rogue lors de sa première retenue, Karkaroff se crispa de douleurs et de peur à l'attente de ce nom...

- Est-ce que ton estime pour moi a changé, depuis que tu as vu ce passage de ma vie?

- Cela m'a fait comprendre les raisons pour lesquelles vous nous avez appris à manier la magie noir avec de grandes précautions.

- Ça ne répond pas à me question!

Ne voulant pas laisser le feu s'embraser, Chouta préféra l'étouffer en restant silencieuse pendant un moment.

- Pardonnes-moi, dit Karkaroff après ce blanc, l'air plus rationnel. J'en ait oublié la raison pour laquelle j'étais venu...Pourquoi n'es-tu pas ton lit?

- Parce que je fais des rêves, monsieur, ou plutôt des cauchemars. Il m'arrive souvent de revivre le jour où ma mère est morte, surtout depuis que je suis ici, en Angleterre. Comme vous le savez,
je suis née dans l'allée des embrumes, d'une mère pauvre et d'un père que je n'ai jamais connue. Je suis la fille du Prince de Sang-mêlé, c'est ce que maman me disait toujours.

Un nouveau silence s'abattit sur la nuit, Chouta détestait par-dessus tout remuer le passé, mais parfois, il semblait la traquer sans relâche. Elle se tenait là, tourmenté par des souvenirs qui le hantaient. Loin d'elle l'idée de déranger son Directeur avec ses propres tourments, sachant que d'autres, tel Voldemort et Harry Potter, avaient été privés de l'amour et de la présence de leurs parents dès le début de leur existence. Pourtant, elle considérait son vécu comme une profonde injustice.

- Chouta, peux-tu me faire une promesse? Demanda son Directeur en caressant son bouc.

- Oui, professeur, ce que vous voudrez.

- Il ne t'a pas échappé que le monde est
petit, en particulier chez nous les sorciers. Si par aventure tu venais à remettre la main sur ton père, j'aimerai que tu ne m'oublies pas. Je voulais fonder une famille, avoir des enfants, mais il se trouve que mes propres choix en ont décidé autrement. C'est de cette façon que nos routes se sont croisées, toi, la digne fille que je n'ai jamais eut.

- Je vous le promet, et pour tout vous dire, je n'ai jamais entreprit des recherches car cela ne m'importe peu. Il ne doit s'agir que d'un homme sans valeur ni importance. Je l'imagine bien dans un bar tout pourris, trafiquants des objets maudits et vivant dans un taudis.

Chouta se félicita intérieurement, elle avait toujours eut un panchant très secret dans l'art de faire rimer ses phrases, le professeur Karkaroff en rigola de bon cœur.

- À présent, va dormir, demanda-t-il d'une voix empreinte d'autorité, même s'il était lui-même prisonnier de l'insomnie. C'est un ordre, cette fois-ci.

- C'est entendu, répondit-elle en s'inclinant respectueusement, avant de retourner se réfugier sous ses couvertures, laissant derrière ses cauchemars pour enfin accueillir le sommeil.

Le professeur Karkaroff était le seul homme au monde envers qui elle ressentait une loyauté inébranlable. Il n'y avait que lui qui pouvait facilement lui donner des ordres.

Ce n'était pas une question de soumission, mais plutôt une compréhension profonde que depuis ses onze ans, l'âge où elle avait foulé les portes de Durmstrang, chacune de ses directives n'avait que le simple but de veiller à son bien-être. Monsieur Igor Karkaroff l'avait éduqué, renforcée, endurcie et calibré à son image, faisant d'elle un futur adulte pleine de force.

La fille du Prince - Severus Rogue Où les histoires vivent. Découvrez maintenant