Chapitre 1

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Ethan

Les hurlements déchirants de ma femme se mêlent à l'épouvantable écho de la tempête qui sévit à l'extérieur. Gaia est sur le point de mettre au monde notre premier enfant. Allongée et transpirante, elle hyperventile en essayant d'évacuer les pics de douleur.

Les contractions ont débuté il y a déjà plusieurs heures et ma compagne souffre toujours sans que le travail n'avance. Pour chaque métamorphe, donner naissance est une épreuve infiniment plus douloureuse que pour les autres espèces. Cependant, naturellement dotés de capacités d'autoguérison, il est impossible qu'une louve perde la vie en mettant au monde sa progéniture. Notre métabolisme surnaturel nous permet de guérir beaucoup plus rapidement que les humains lorsque notre corps est éprouvé. Malgré tout, étant donné la situation, je commence amèrement à douter de cette théorie. Gaia souffre le martyre et son corps commence à montrer de plus en plus de signes de faiblesse : le pouls de ma femme est irrégulier et anarchique tandis que celui de notre enfant ralentit perceptiblement.

— Aaaah Et... han ! Je n'en peux plus... faut que... que ça s'arrête... il faut qu'il... sorte ! Tu ne me toucheras plus jamais ! Tu m'entends ? Plus jamais !

L'éclat douloureux de sa voix me hérisse les poils. D'ordinaire, Gaia est une métamorphe forte et mesurée. C'est bien la première fois en quinze années de vie commune que je l'entends me hurler dessus de cette manière. L'arrivée providentielle de cet enfant est loin d'être ce qu'elle souhaitait lorsque nous nous sommes rencontrés. Trop attachée à sa liberté et sa fonction de garde frontière au sein de la meute, envisager une descendance n'est généralement pas la priorité des soldats. Pourtant, aujourd'hui, on en est là. Si proche et si loin à la fois de notre bébé.

J'ai chaud. Mes mains suintent. Mon pouls bourdonne si fort dans mon crâne comme une lugubre mélodie. Mon estomac tressaute à chacune des suppliques de ma compagne tant je ne sais comment la soulager de ses atroces douleurs. La tempête gronde à l'extérieur, claquant nos volets contre les fenêtres, mais c'est une tempête intérieure qui me déchire.

Je me penche vers elle, caressant doucement ses cheveux en désordre.

— Ma chérie, tiens bon. La guérisseuse est en chemin, elle va te soulager.

Mes mots sont à la fois, un réconfort et un serment. Je ne laisserai rien ni personne nous séparer. Le hurlement du vent à travers les arbres se mêle aux cris de Gaia, et je me demande si la nature elle-même partage notre angoisse. Mais au-delà de la tempête, au-delà de la douleur, il y a la promesse d'un nouveau commencement. Notre enfant, fruit de notre amour et de notre courage, sera le lien indestructible entre nous. Et dans cette obscurité, je trouve une lueur d'espoir : celle de la vie qui s'apprête à naître. Que la déesse Lunaïa veille sur nous en cette heure cruciale, et que notre famille trouve la force de surmonter cette épreuve.

Je tiens sa main crispée et embrasse tendrement son front, cherchant à lui transmettre la force de patienter jusqu'à l'arrivée d'Isalys. Lorsque l'état de ma femme s'est dégradé, j'ai immédiatement prévenu la guérisseuse par télépathie. Malgré notre capacité extraordinaire à l'autoguérison, je sens que rien n'est normal dans cet accouchement.

Ressentir des sentiments pour quelqu'un quand on est un métamorphe est légèrement plus complexe que pour les humains. Notre conscience humaine, plus réfléchie, peut envisager d'avoir plusieurs partenaires au cours de sa vie, aller voir à droite et à gauche pour s'amuser. Tandis que notre animal, lui, est à la recherche du loup qui lui correspondra le mieux. Avant de connaître véritablement l'Amour, je croyais avoir le dernier mot concernant mes relations sentimentales. Mais en réalité, quand la bête choisit, il n'y a d'autre choix que de se conformer à sa volonté, même si en général nos émotions sont liées.

Sur les traces d'une Oméga - L'appel de la Louve (Tome1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant