Shanarielle
J'analyse les alentours à plusieurs reprises en enregistrant mentalement chaque détail qui pourrait nous être utile à l'avenir. Nos pas rapides claquent sur les marches menant à l'entrée. Nous sommes toujours encadrées par ces trois hommes et la femme qui nous ont dépouillées de nos biens sans pitié. L'immense hall dans lequel nous pénétrons est imprégné d'une atmosphère pesante malgré les doux rayons de soleil filtrés par les fenêtres. Le carrelage sombre, usé par le temps, absorbe les rayons du soleil créant des zones d'ombres inquiétantes dans les coins du vestibule. Une odeur rance, presque suffocante, agresse mes narines, me faisant plisser le nez d'inconfort. Cette fragrance familière m'évoque un passé oublié et négligé, ajoutant à l'angoisse qui serre mon cœur. La hauteur sous plafond accentue cette impression d'isolement et de vulnérabilité. L'extérieur de la bâtisse semble bien entretenu, malgré tout l'architecture dévoile la vétusté de l'édifice, empreint d'histoire et de mystère. Les meubles massifs aux courbes élégantes mais ternies par les années, sont eux aussi, tout droit sortis d'un autre temps.
Face à notre groupe, se tient un jeune homme. Les traits lisses de sa peau brune m'indiquent qu'il ne doit être guère plus vieux que moi. Il est plutôt beau garçon avec la chevelure crépue coiffée en brosse. Malgré son physique agréable, quelque chose me dit qu'il n'est pas là par hasard. Il nous attendait. Cet homme parcourt notre assemblée du regard, lorsque soudain ses yeux sombres accrochent les miens. Intenses. Un frisson désagréable me traverse et incapable de le fixer plus longtemps, je jette un œil hagard à Opaline, toujours muette. Ses poings sont serrés le long de son corps svelte.
— Bon travail Messieurs, vous avez ramené nos invitées en un seul morceau, constate-t-il d'un ton grave et mesuré.
Une seconde voix sur ma droite lui répond ennuyée.
— Ouais, ça a été un peu... mouvementé là-bas.
Je relève un sourcil ahurie du terme qu'il ose employer pour décrire la trivialité des horreurs nous venons de vivre.
— Je vois, je vais prendre le relais, vous pouvez disposer. Comme convenu vous recevrez votre compensation dans les plus brefs délais.
Le groupe d'hommes hoche la tête d'un mouvement synchronisé et se retire dans un silence qui pèse lourdement dans l'air. Suite à cet élan de fuite nous restons seules, face à cet inconnu qui exerce une présence intimidante. Sa constance me met franchement mal à l'aise. Il est bien plus grand que ma cadette, qui mesure à elle seule un bon mètre soixante-dix. Son comportement d'apparence calme et contrôlé, ne suscite pas immédiatement le danger, mais pourtant chaque fibre de mon être me crie de me méfier. Visiblement, c'est à cause de lui que nous sommes là. Cet enfoiré a payé ces monstres pour nous ramener à lui.
— Bienvenue à Regina Mesdemoiselles. Je suis navré pour l'agitation de la nuit dernière. Maintenant que vous êtes ici, permettez-moi de vous montrer à quel point cet endroit peut être accueillant, déclare-t-il d'une voix suave et d'un sourire chaleureux aux lèvres qui me tord le bide.
Écoeurée, je renifle bruyamment avant de lui rétorquer d'un ton acerbe :
— Je ne suis pas certaine que votre sens de l'hospitalité corresponde au nôtre.
Il répond avec assurance :
— Oh ne vous inquiétez pas, vous serez traitées avec tout le respect et le confort que vous méritez.
Les dents de ma sœur grincent tandis que les jointures de ses doigts blanchissent sous la tension. Discrètement, je pose une main dans son dos pour lui intimer le calme. Conscient de l'effet que j'ai sur ma soeur notre acquéreur reprend :
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Sur les traces d'une Oméga - L'appel de la Louve (Tome1)
WerewolfMon monde s'est effondré. Lors de ma naissance, ma famille a trouvé refuge auprès des humains, se fondant dans la masse à la perfection. Évoluant à leur côté, mes parents ont caché leur véritable nature, même à leurs propres enfants. J'étais loin...