Chapitre 4

28 3 4
                                    

Shanarielle

Ma soeur tremble comme une feuille et tente en vain de contenir un sanglot. Dans un élan protecteur, je la saisis contre moi et la serre aussi fort que je peux.

— Qu'est ce qu'on va faire ? On est coincées ici ! Débite Opaline affolée.

Son angoisse est palpable. Elle est plus jeune que moi et pourtant elle me dépasse d'une tête. Je m'éloigne légèrement d'elle et lui caresse le visage en la contemplant. Mes doigts frêles essuient ses chaudes larmes. Nos regards se scellent et sans qu'un mot ne sorte, j'y perçois la force qu'il me manque. Opaline est jeune, mais aussi plus intrépide, elle a toujours été celle qui prend les décisions, parfois même tête baissée sans prendre en compte les conséquences. Aujourd'hui, la sentir tremblante et terrorisée m'angoisse.

Une déflagration fait trembler la maison, nous faisant tomber au sol. Un souffle violent se propage dans la pièce, entraînant l'explosion des fenêtres. Nous nous couvrons le visage pour nous protéger des débris. Étendue au sol, ma tête tangue. Un brouillard épais absorbe tout mouvement et son alentour. Je reste dans cette position je ne sais combien de temps, face contre terre.

Des éclats de voix me sortent peu à peu de ma léthargie. De lointains bruits de lutte remplissent l'air épais. Soudain, un long grondement sauvage retentit. Opaline, déjà debout, se raidit et me relève avec force. Elle ne semble pas avoir souffert de la déflagration. Mon corps, lui, est lourd. Elle m'aide tant bien que mal à retrouver l'équilibre.

— Il faut aller les aider ! S'exclame-t-elle d'une voix empreinte d'inquiétude.

Je la regarde abasourdie. Nous ne savons même pas ce qu'il se passe en bas et elle veut se jeter dans la gueule du loup... sans mauvais jeu de mots. Je ne peux pas la laisser faire. J'essaie de réfléchir à toute vitesse dans l'espoir fou de nous sortir de ce pétrin. Elle tente de se dégager de notre étreinte et filer sans se retourner, mais je lui attrape fermement le bras.

— Opaline, c'est trop dangereux. Papa et Maman nous ont dit de rester en sécurité.

Elle me fixe férocement, sa mâchoire se serre. Ses yeux verts me transpercent d'une force qui me fait pâlir.

— Et s'ils les tuent ? Tu crois qu'on sera encore en sécurité ? Tu penses qu'ils vont gentiment nous serrer la main et partir ? Bon sang Shana, réveille-toi, on n'est pas au pays des Bisounours ! Des inconnus sont en train de s'en prendre à notre foyer et tu veux rester cachée ? Fais ce que tu veux, mais j'irai avec ou sans toi.

Ses mots sont aussi tranchants que des lames finement aiguisées. La force de sa colère est un véritable uppercut. Je recule d'un pas. Les larmes montent instantanément et me brouillent la vue. Pourquoi notre maison est assaillie ? Que veulent-ils ? Et que puis-je faire pour aider ma famille ? Ils semblent être bien plus à l'aise que moi pour gérer ce genre de situation. Est-ce grâce à leur loup ? Ce même loup que je suis censée être ? Que nous sommes, renchérit avec chaleur la principale concernée.

Une vague de courage m'enveloppe et ralentit légèrement les battements frénétiques de mon cœur. Serrant les dents, j'étudie rapidement mes options. Soit je reste seule ici en laissant ma sœur rejoindre nos parents, soit je l'accompagne sans savoir qu'elle aide je pourrais leur apporter. Je ferme les yeux, prends une profonde inspiration et énonce :

— D'accord mais si ça dégénère on dégage.

Opaline me détaille un instant, puis hocha sèchement la tête dans un accord tacite.

— Quoi qu'il arrive Shana, ne retire pas ton bracelet.

Tout son corps est tendu. Pourquoi me dit-elle ça ? Une question brûle sur mes lèvres, mais je la retiens.

Sur les traces d'une Oméga - L'appel de la Louve (Tome1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant