Sur les traces d'une Oméga - L'appel de la Louve (Tome1)

Chapitre 6

Shanarirelle

Une crampe d'estomac couplée à des gargouillis plaintifs me tirent d'un sommeil dans lequel j'ai sombré sans m'en rendre compte. Depuis combien de temps n'ai-je pas mangé ? La chambre est plongée dans l'obscurité de la nuit. Seule ma lampe de chevet éclaire faiblement la pièce, projetant des ombres sur les murs.

Groggy, je referme les yeux quelques instants et tâte la place à côté de moi sur le matelas.

Vide.

Mon cœur s'affole tandis que je rouvre instantanément les yeux à la recherche d'Opaline mais elle n'est pas dans la chambre. Elle doit sûrement être dans la salle de bain. J'attends quelques secondes pour analyser les bruits autour de moi. Tout est calme et silencieux si je mets de côté ma propre agitation. Je l'appelle à voix basse mais seul l'écho de ma propre voix me répond.

Ce n'est pas normal.

Une inquiétude enfle en moi me serrant la gorge et nouant fermement mon estomac. Je me redresse sur mes mains cherchant maladroitement un appui sur les draps froissés. Puis, je me lève précipitamment et balaie chaque coin redoutant déjà le constat inévitable qui me pend au nez.

— Opaline ! Où es-tu ? Je l'apostrophe une nouvelle fois, ébranlée par ma prise de conscience.

Mes mains deviennent moites. Je martèle la porte verrouillée dans un vacarme capable de réveiller le plus sourd des aïeuls dans son sommeil de plomb.

— Laissez-moi sortir, ordures !

Après plusieurs coups frappés avec virulence, celle-ci s'ouvre enfin dans un grincement métallique, révélant une silhouette familière. Mais ce n'est pas ma sœur qui se tient sur le seuil. Il s'agit de Lara, la jeune femme blonde qui nous a jeté ici et dont les traits sont tirés par ce qui ressemble à de l'exaspération.

— Où l'avez-vous emmenée ? Je l'interroge d'un ton que j'espère antipathique.

Immobile, elle me fixe avec un mépris évident.

— Ta sœur est avec Noah. Annonce-t-elle d'une voix tranchante comme si le dire à voix haute lui brûlait la langue.

Mon esprit affolé se met à tourner à plein régime.

— Elle ne peut pas le voir. Elle est incapable de se contenir. Il va la déchiq'...

— Tu es sourde ou juste idiote ? Elle y est déjà.

— Je... Je veux la voir. Immédiatement.

Un sourire sinistre étire ses lèvres.

— Oh ça, pour la voir, tu vas la voir. Cependant, tu vas très vite regretter d'avoir attiré notre attention et exigé de sortir de cette pièce. Le Prince est en colère. Ta soeur l'a mis rogne, réplique-t-elle en me lançant des éclairs à défaut de pouvoir me foudroyer sur le champ pour me débarrasser de son plancher.

— Est ce qu'elle va bien ?!

Je me précipite vers elle plus inquiète que menaçante et lui attrape le bras. Dans un geste vif, elle le retire farouchement pour se dégager comme si mon toucher la dégoutait à travers son pull en laine noire.

— Tu veux la revoir en vie ? Alors dépêche-toi, il ne va pas la ménager après le coup qu'elle lui a fait.

Mon cœur se soulève à cause d'une remontée acide qui me brûle la gorge. Prise de violentes nausées, je cours jusqu'aux toilettes. Mes membres tremblent lorsque je m'accroche désespérément au rebord de la cuvette. Seule la bile s'évacue en me déchirant de l'intérieur. Chaque spasme de mon estomac me ramène à la terreur qui me serre la poitrine : Opaline est en danger.