Chapitre 17

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Noah

Les mâles ont formé un cercle autour de nous. Seul mon père et deux autres Alphas plus âgés sont encore sous leur forme humaine. Les autres sont prêts à attaquer au besoin. Seule la cible m'est encore inconnue. Ils pourraient tout aussi bien bondir sur elles comme sur moi.

Je leur intime de ne pas approcher. C'est à moi de mettre un terme à tout ce bazar.

Le corps gelé de shanarielle percute violemment le sol quand le tissu de sa robe que je tiens dans ma gueule se déchire. Elle gémit à son impact. Paniquée, ma proie s'élance tant bien que mal en rampant à quatre pattes vers celle qui est incapable de lui apporter secours.

Avant qu'elle ne l'atteigne, je lui saute dessus. Elle s'affaisse à plat ventre poussant un cri, tremblante comme une feuille par une journée de vent d'automne. Son dos est dénudé, à la vue de tous. Sa robe n'est plus qu'un entrelac de terre et de tulle déchiré.

Mon animal est enragé, farouchement exaspéré que celle qu'il a choisi ose encore le fuir. Le déshonorer à ce point face à ses semblables. En accord avec lui, je le laisse exprimer toute sa frustration.

N'étant ni accouplé avec Opaline, ni un membre de sa famille biologique, je ne peux communiquer mentalement avec elle, mais j'espère bien lui faire passer un message visuel : Regarde-moi punir ta sœur pour ce que tu as fait. Tu es l'unique responsable de son malheur. Bouge ne serait-ce qu'une oreille pour tenter de m'en empêcher et elle en paiera le prix.

La défiance de la cadette perce à travers ses yeux embrasés de ressentiments. Je devine son désir de vengeance et je savoure la naissance de ce lien entre nous.

Parfait, nous sommes donc sur la même longueur d'onde.

A l'aide de ma truffe et d'une patte ferme, je retourne l'aînée des Gordon. Elle hurle d'effroi lorsque mes babines ne sont plus qu'à quelques centimètres de son visage strié de larmes noires de maquillage dégoulinant.

Elle croise ses bras devant son visage en ultime barrière de protection. Son odeur est exaltante et cette fois ma chère petite chose n'ira nulle part.

Tu es mienne !

Sans retenue, mes crocs s'enfonçant de sa peau tendre, juste au-dessus de sa hanche gauche. Shanarielle tente de se débattre, mais je maintiens ma prise arrachant un cri de douleur de ses lèvres. Nos regards s'ancrent, et dans ses yeux d'un océan profond, j'y vois la résignation. L'abandon.

Le goût délicieux de son sang excite mes sens.

Elle est aussi belle que bonne et mon loup en frétille de fierté.

Si nous avions été seuls, j'aurais sûrement cédé à mes envies primitives en cet instant tant elle est exquise. Mais je réalise qu'en l'ayant mordue ainsi je venais de la revendiquer comme mienne. Par cet acte, plus aucun mâle n'aura le droit de l'approcher avant la fin du processus. C'est ce qui apaise légèrement mon animal et me retient d'aller plus loin devant autant de regards.

En agissant ainsi je viens d'enfreindre la seule règle que la Couronne défend depuis la nuit des temps. Je viens de retirer le libre arbitre à Shanarielle. Mon père va sévèrement me réprimander pour avoir brisé une tradition millénaire.

Opaline couine de chagrin, comprenant que le destin de sa soeur est désormais scellé au mien. Même si elles s'échappaient, désormais tout membre de mon royaume reconnaîtra ma marque, l'odeur d'une louve revendiquée se modifie en une fragrance bien spécifique. Il serait alors tenu de la ramener au roi qui se chargerait de retrouver son promis.

Enfin, ça c'est la théorie, mais comme Shanarielle défie tous les pronostics existants, je ne prendrai aucun risque. Bientôt elle deviendra ma compagne qu'elle le veuille ou non. Plus rien ne peut être défait. Si je dois payer le prix de mes erreurs, ce sera avec elle à mes côtés.

Sur les traces d'une Oméga - L'appel de la Louve (Tome1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant