Shanarielle
Je pénètre dans la salle de réception au bras de Noah, suivie de près par Opaline.
Ce qui me frappe en premier quand nous arrivons, c'est l'opulence. Les éclats de rire feutrés, le cliquetis des verres et la musique envoûtante créent une atmosphère étourdissante. Des buffets de cocktails et de petits canapés sont exposés dans un coin, des dizaines de tables et chaises sont disposées à l'opposé près des fenêtres laissant le centre de la pièce accessible pour permettre aux invités de se retrouver et discuter.
Les regards curieux des convives se posent immédiatement sur nous lors de notre entrée pourtant silencieuse. Nous suscitons un mélange de fascination et d'appréhension qui me colle à la peau. C'est harassant, je voudrais leur dire de s'occuper de leurs affaires au lieu de nous scruter comme des bêtes de foire.
J'essaye de faire face à mon stress en détendant légèrement la tension dans mes épaules. Opaline, quant à elle, conserve un masque d'impassibilité. J'aimerais posséder la même maîtrise de mes émotions, ça me simplifierait grandement la vie ! Pour ceux qui ne la connaissent pas vraiment, elle renvoie l'image de quelqu'un de désinvolte. Mais moi, je remarque sa mâchoire serrée et la raideur de son pas qui ne me trompe pas.
Noah se pavane tel un prédateur au milieu de ses proies. Son attitude dégage une assurance indécente et exige un respect et une crainte de la part de ceux qui nous observent sans retenue. Je sens la chaleur de chaque iris qui se pose sur moi.
Une voix juvénile me parvient :
— Noah ! Noah !
Mon cœur bat un peu plus fort en voyant Timéo se précipiter vers son protecteur. Le jeune garçon est vêtu d'un chino beige et d'un polo blanc immaculé. Son visage exprime une joie sincère de retrouver celui qui nous tyrannise.
Pauvre gosse. Si seulement il savait qui est véritablement l'homme qu'il semble vénérer aveuglément.
— T'en as mis du temps, j'ai cru que tu n'arriverais jamais !
— Salut, bonhomme, tu n'exagérerais pas un tout petit peu ? Tu m'as vu, il y a à peine quelques heures.
Noah fait un check à l'adolescent qui nous a rejoints. Les yeux du jeune pétillent. Je les dévisage bouche bée. Le comportement du prince vis-à-vis de ce garçon me laisse sans voix. Il semble l'apprécier autant que l'enfant. C'est déstabilisant pour un homme aussi cruel que lui. Il n'a donc pas totalement un cœur de pierre ?
— Oui, mais, c'était trop cool aujourd'hui. On pourra repartir se balader en forêt ? Demain peut-être ? S'empresse-t-il de demander d'une voix surexcitée.
— On verra ça, laisse-toi le temps de te remettre de ta transformation déjà.
Attends, ne me dis pas que ce con n'était pas là ces derniers jours parce que Monsieur était trop occupé à se promener dans les bois ? Non mais je rêve.
— Je crois que mon loup est impatient !
— Ça ne se voit pas du tout, rit Noah en lui ébouriffant les cheveux.
Le garçon se soustrait de ce geste affectueux en grommelant qu'il va le décoiffer.
— T'inquiètes champion, tu vas quand même briser des cœurs ce soir.
Timéo rigole. Puis, comme s'il prenait conscience que son idole n'était pas tout seul, il nous regarde avec réserve. Il tangue d'un pied à l'autre franchement mal à l'aise et force un sourire à l'intention de ma sœur et moi.
— Coucou Timéo, je suis contente de te voir, je tente doucement en signe de paix.
Une pointe de déception me pince quand il me répond avec politesse, mais en détournant le regard. Aie. Je crois que notre précédente altercation à détruit le peu de lien que nous avions avec lui. Quand je jette une œillade à ma cadette, son corps légèrement en retrait du mien est tendu comme la corde d'un arc bandé. Je l'interroge du regard, mais elle m'ignore ostensiblement. Elle le fixe. Sa respiration est de plus en plus hachée. Un silence mortel s'installe au sein de notre petit groupe. Je pose une main apaisante sur l'épaule de ma sœur tandis que le petit la regarde avec des yeux de biche effrayée. Timéo recule lentement vers Noah, ayant senti le danger que représente ma cadette.
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Sur les traces d'une Oméga - L'appel de la Louve (Tome1)
Manusia SerigalaMon monde s'est effondré. Lors de ma naissance, ma famille a trouvé refuge auprès des humains, se fondant dans la masse à la perfection. Évoluant à leur côté, mes parents ont caché leur véritable nature, même à leurs propres enfants. J'étais loin...