Je suis bien incapable de m'endormir cette nuit-là. Pas à cause du bruit, ni de la lumière. Le train dans lequel je voyage en direction du Capitole et totalement silencieux et la nuit est noire. De plus, tout est confortable ici, du lit moelleux aux draps soyeux jusqu'à la baignoire au fond à mémoire de forme. Une vraie prouesse technologique d'ailleurs.
Je me lève et remet mes lunettes sur mon nez afin d'y voir un minimum. J'ai le cœur qui bat, et les mains moites. J'ai gardé mes vieux vêtements parce que je trouvais qu'ils sentaient chez moi, mais, à l'instant, je trouve leur odeur insupportable. Je me déshabille et enfile un ensemble vert émeraude avant de me couvrir d'un peignoir en soie crème. Incapable de rester immobile, je sors de ma cabine et rejoins le compartiment principal.
La table est immaculée, et seule une coupe de fruits colorés trône en son centre. Je n'ai rien mangé à l'heure du repas, et mon ventre se tord à la vue de tous ces fruits offerts. Je m'avance et prend une orange à l'odeur alléchante. Je m'assoie et commence à l'éplucher lorsque j'entends des bruits de pas en provenance du couloir. Je me fige et cache mon orange dans les plis de mon peignoir.
L'individu qui débouche dans le compartiment n'est autre que mon « coéquipier » dans cette aventure. Un garçon de mon âge, ou plus jeune d'un an je crois, qui avait l'air tout à fait à son aise lorsque son nom a été tiré tout à l'heure. Mais à cet instant, il parait surtout épuisé, avec de gros cernes sous les yeux et le teint pâle.
- Qu'est-ce que tu fais ici ? me lance-t-il d'une vois enrayée.
- Je te renvoie la question, je réponds dans ma barbe.
- La même chose que toi sans doute. Sors ta mandarine je ne vais pas te la voler.
- C'est une orange.
Je repose cette dernière sur la table et continue de l'éplucher, les joues rouges. Pourquoi ce garçon me parle-t-il alors que, au mieux, seul l'un de nous deux survivra ?
- Comment tu te sens ? me demande-t-il alors.
- Pardon ?
Je le regarde, interloquée. Mais lui ne me regarde pas : ses yeux fixent la fenêtre du wagon, même si l'on ne voit absolument rien de l'extérieur.
- Ne fais pas l'idiote. Réponds-moi.
- Eh bien, sûrement aussi mal que toi je suppose...
Je croque un premier quartier d'orange alors que sa réponse me parvient :
- C'est impossible.
- Ah oui, excuse-moi de ne pas gérer aussi bien les évènements que toi !
- Qu'est-ce que tu en sais d'abord ?
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Le Jour Décisif
FanficChaque année, un jour est redouté ou attendu par tous les enfants de douze à dix-huit ans. Ce jour, où vingt-quatre d'entre eux seront choisis pour s'entretuer dans une Arène, où vingt-trois mourront et un seul en reviendra vivant. Ce jour se nomme...