17-Un prodige du combat de rue

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Dans mon district, on vit pour se battre, et non l'inverse. Il n'y a que dans les districts pauvres où l'on se bat pour vivre. C'est ma mère qui m'a enseigné cela. Et c'est la première chose qui me vient à l'esprit en ce jour de Moisson. Ma troisième.

Je commence tout juste à m'y habituer. La première, j'étais tout tremblant, je ne savais pas trop ce qui allait se passer, ce qui allait m'arriver. La seconde, j'étais excité comme une puce. J'avais plutôt bien aimé la première (d'autant plus que c'est le volontaire de notre district qui est revenu vainqueur), alors il me tardait de renouveler l'expérience. Mais j'étais toujours un peu tendu. J'avais certes reculé d'un rang, mais j'étais toujours aussi près de l'estrade. Aujourd'hui, c'est différent. Je me sens différent. Presque blasé. Ce jour commence à rentrer dans ma routine, dirons-nous.

Je me lève en douceur et vais ouvrir mes rideaux. Bon, nous serons tirés au sort sous la pluie aujourd'hui, mis à part si nous sommes chanceux. En effet, le ciel est gris, et l'orage gronde au loin. Je vois des éclairs au-dessus du centre d'entrainement.

Je jette un coup d'œil à la cour de l'immeuble : le goudron est mouillé, il a plu cette nuit. La concierge est en train de faire l'inventaire. Deux Pacificateurs se tiennent droit comme des I de chaque côté du portail. Une matinée banale au District Deux.

Je ne fais pas mon lit, comme à mon habitude, et file sous la douche. L'eau chaude me dégouline le long du corps, et je me lave les cheveux en vitesse. Je prends à peine le temps de m'essuyer avant d'enfiler un jogging, un tee-shirt bleu marine et une paire de basket pour sortir. J'ai un rendez-vous très important aujourd'hui, et je ne le raterai pour rien au monde !

Aujourd'hui, la championne des combats de rue a décidé de se mesurer à moi. Enfin, elle a plutôt accepté que je combatte pour être exact. Il y aura des centaines de jeunes parieurs réunis, ça va être exceptionnel !

J'ai toujours été bagarreur. Plus petit, je ne tenais pas en place, alors, je me suis mis à la boxe, mais ce n'était pas assez grisant pour moi. Trop de règles, trop de sécurité. Alors je me suis renseigné, et j'ai entendu parler de ces combats de rue. On pouvait se faire un paquet de thune grâce à ça, en plus d'une renommée indiscutable. Comme j'avais les connaissances de base en termes de combat, que j'étais rapide, agile et sportif, je me suis vite fait un nom dans le milieu. J'ai vite expédié les plus faibles jusqu'à m'élever en seconde position : juste en dessous de cette fameuse championne. Je n'ai jamais eu la chance de la voir, mais tout ça sera réglé aujourd'hui ! Il parait qu'elle est magnifique, musclée, avec un corps parfait, et qu'elle achève ses concurrents en les étranglant avec ses longs cheveux noirs. Elle est mon idole.

Je sors sans me faire repérer par mes parents, ni pas ma sœur. Les premiers ne connaissent pas mes activités secrètes, et quand je rentre avec des bleus sur le visage, je leur fait croire que c'est dû à mon entrainement, ou à une simple bagarre entre copains. Ils ne s'inquiètent pas plus que ça, ils savent que les enfants du Deux sont bagarreurs, et ils préfèrent que je me batte ici que dans une arène. Ma sœur n'a pas été dupe : elle m'a démasqué en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Elle me couvre à contrecœur : elle n'aime pas que je combatte dans la rue, mais elle est aussi rassurée que je sache me battre, au cas où je sois tiré pour participer aux Hunger Games. Nous ne sommes pas des Carrières : on n'a pas l'argent pour s'inscrire au centre d'entrainement. Mais on a les moyens pour se payer une formation de base : maniement d'armes en général, principes de la survie, endurance et vitesse de course.... J'avais choisis la boxe, le combat au corps à corps, et ma sœur le maniement des dagues. Elle a continué à s'entrainer dans le cadre scolaire tandis que j'ai arrêté pour me tourner vers l'illégalité.

Le Jour DécisifOù les histoires vivent. Découvrez maintenant