19-Adieux contradictoires

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Je suis assis dans un sofa en velours. La pièce dans laquelle je me trouve n'est pas très grande, mais elle n'est pas minuscule non plus. Il y a aussi deux fauteuils et un guéridon sur lequel on a déposé un vase rempli de roses rouges. Les rideaux sont tirés, mais je ne sais pas s'il y a des fenêtres derrière. Je n'ai pas envie d'aller vérifier.

Je prends ma tête entre mes mains. Mais qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi ai-je été aussi stupide ? Ma bonté me perdra. La preuve, je vais crever dans quelques jours, ni plus ni moins.

Soudain, la porte s'ouvre, et ma famille rentre. Mon frère vient s'assoir à côté de moi et me donne un coup de poing dans l'épaule. Ma mère pleure, mais elle tente de le cacher en souriant. Mon père me regarde avec toute la fierté du monde dans les yeux.

- Bon alors frérot, ça te fait quoi de te dire que tu vas gagner les Jeux ?

- A vrai dire...

- Mon fils, je suis si fier de toi ! Nous avons un héros dans la famille ! me coupe mon père.

- Merci, papa.

Je jette un coup d'œil à ma mère. Pleure-t-elle de joie, ou bien de tristesse ?

- Je suis si fière de toi mon chéri... me dit-elle en m'entourant de ses bras.

Puis elle ajoute, en chuchotant cette fois-ci :

- Pourquoi as-tu fait ça ? Promets-moi de revenir vivant, de tout faire pour y parvenir.

En guise de réponse, je lui frotte doucement le dos. Elle me relâche alors et s'écarte tout en essuyant discrètement ses larmes. Alors comme ça, ma mère n'approuve pas mon départ... Et j'en suis soulagé. Bien que je sois infiniment triste de l'abandonner. Quel idiot !

Mon père ne cesse de me vanter, et mon frère me regarde avec un grand sourire admiratif. J'aimerais lui crier qu'il ne doit pas être fier de moi, que je ne veux pas qu'il participe lui aussi à ces foutus Jeux. Mais je ne peux pas. Je n'en ai pas la force.

Un Pacificateur arrive, et prie mes parents et mon frère de bien vouloir me laisser.

- A plus ! me lance mon frère en me faisant un signe de la main.

- A plus... je réponds dans un soupir lorsque la porte se referme sur lui.

Ca y est, je ne reverrai plus ma famille, mis à part si je gagne. Chose quasi-impossible. Et tout ça pour quoi ? Pour satisfaire un caprice de mon père. Mon paternel, ce fou des Hunger Games, avait un rêve : celui de les gagner. Or, il n'a jamais eu le cran de se porter volontaire, du coup, il a misé tous ses espoirs en moi, puis en mon frère. Il me mettait une pression monstre. Je n'aurais jamais dû me porter volontaire.

J'ai néanmoins sauvé une vie. La vie de ce gosse de treize ans qui ne savait pas encore manier une arme. Il avait l'air terrorisé. J'ai été pris de pitié, j'ai levé la main, et je me suis porté volontaire. Pour sauver la vie de ce pauvre gosse que je ne connaissais même pas.

Le Jour DécisifOù les histoires vivent. Découvrez maintenant