୨⎯ Chapitre 11 ⎯୧

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Quand Hagrid me lâcha enfin, je ne bougea pas d'un pouce. Même quand Rogue me redonna mon casque. J'étais comme vidée de moi même, abandonnée. Pendant l'interrogatoire, une idée m'était venue à l'esprit : Sirius était venu pour me parler, et il était allé à Gryffondor parce qu'il pensait que j'allais aller là bas. Il pensait que, comme lui, je serais dans la maison la plus populaire, la plus aimée de Poudlard. Et non. J'avais fini avec les traitres, les hypocrites et les filous de Serpentard. Je m'avança mollement vers la sortie, car quelques professeurs étaient sortis.

« Salaris ! »

Je me retourna à peine, mais assez pour voir une partie du professeur Lupin, qui venait de m'appeler. Je l'ignora et fit un pas de plus vers la sortie. J'étais énervée et déçue. J'avais fait des centaines de nuits blanches, j'ai creusé mon cerveau et la bibliothèque pour le retrouver, pour le protéger, et lui, il me laissait me faire interroger comme une criminelle ?! J'aurais les traces des mains d'Hagrid pendant des mois ! Dumbledore posa une main sur mon épaule, avec un fin sourire qui semblait contenir mille excuses.

« Je suis désolé, mais tu ne vas pas rejoindre tes camarades dans la Grande Salle.
- Quoi...?
- On a jugé... Trop dangereux le fait que tu restes parmi tes camarades. Tu sais à quel point ils te sont hostiles depuis ton arrivée, et cette nouvelle ne va pas les calmer. Tu viendras alors dans mon bureau jusqu'à nouvel ordre. Je ne voudrais pas que certains élèves au sang chaud t'agressent... Tu es aussi dispensée de cours jusqu'à ce qu'on ai réglé le problème. »

Il ordonna ensuite au professeur Rogue de m'emmener dans son bureau. Je suivis alors ce professeur que j'avais envie d'étrangler. 

« Vous savez, mademoiselle, je prépare le même interrogatoire que vous avez subit pour le professeur Lupin, me dit-il en montant les escaliers.
- Ah ouais ? Pourquoi ?
- Parce que je suis persuadé que vous avez préparé ce mauvais coup ensemble... Après tout, vous, les Black, vous avez le don pour faire des blagues de mauvais goût... »

Il me poussa ensuite dans le bureau du professeur, avant de claquer la porte. Je croisa les bras comme une enfant, énervée, et ne profita même pas de la vue que m'offrait ce beau bureau que je connaissais par cœur. Quelques temps plus tard, Dumbledore arriva avec quelques livres en main, que je reconnus immédiatement : ce sont ceux que je lis en boucle depuis des années.

« Je suis désolé d'en être arrivé là, je t'ai apporté un peu d'occupation... »

Il me tendit mes livres que je pris sans un remerciement, et je m'installa dans un coin. Je me fichais de ses excuses, il n'était pas obligé de m'interroger de cette manière. 

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Pendant un certain temps, dont je me fichais s'il était long ou nom, je relisais en boucle ma saga, en mangeant ce que Dumbledore m'apportait, essayant de ruminer le moins possible le fait que j'étais traitée comme une criminelle. Je devrais peut-être m'estimer heureuse de ne pas m'être fait envoyée à Azkaban... J'avais néanmoins eu l'autorisation de regagner ma chambre pendant le match de Quidditch, qui opposait Poufsouffle à Gryffondor. Mes livres à la main, je traversait alors les couloirs vides pour rentrer dans ma chambre. Je vit soudain une forme humaine se glisser à toute vitesse dans un embranchement de couloirs. J'accéléra le pas et m'arrêta en reconnaissant le professeur Lupin.

« Professeur Lupin ? »

Il se figea et me regarda, une lueur presque terrorisé dans les yeux. Je recula légèrement, surprise de voir la fatigue qui marquait son visage, tel un mort vivant. Son souffle était saccadé, et il était recourbé sur lui même. Puis je me souvins qu'hier était la pleine lune, et qu'il avait certainement du se transformer.

« Oh, je suis désolé, dis-je, je vais...
- Qu'est-ce qu'il se passe, Salaris ?
- Oh, rien, je... je ne vais pas vous déranger...
- Dis, j'écouterais. »

Il souffla, comme pour se détendre. Je tritura la couverture d'un livre, avant de prendre la parole.

« Je... voulais savoir comment je pouvais rattraper les cours en Défense contre les Forces du mal que j'avais loupé.
- Passes dans mon bureau, demain après les cours. »

J'hocha rapidement la tête et m'éloigna, ne voulant pas la déranger, et que ma rancœur contre lui ne revienne. Car, étrangement, le voir dans cet état avait fait disparaitre toute haine que j'avais envers lui pour ce qu'il s'était passé. Comment lui en vouloir, alors que ce travail est certainement le seul qui arrive à subvenir à ses besoin, et à lui offrir un abri en tant que loup-garou ? Et moi, je n'étais qu'une élève parmi tant d'autre. J'avais agi, pensé comme si le professeur Lupin et moi étions ami, et qu'il viendrait me sauver de l'injustice. Hélas, ce n'était pas le cas. 

Le lendemain, quand je passais dans les couloirs, j'entendais les élèves qui chuchotaient sur mon passage, et certains me bousculaient même. Je les ignorait tous, bien trop ravie de pouvoir flâner dans les couloirs à mon bon vouloir. Une fois installée à la table de la Grande Salle pour le repas, Edward se jeta sur la place à côté de moi, comme s'il avait peur qu'on ne lui pique sa place.

« Salaris ! J'arrive enfin à te parler. Pourquoi tu as disparue, comme ça, pendant des jours ?! »

Je soupira et lui expliqua ce qu'il s'était passé avec les professeurs, et mon envoi dans le bureau de Dumbledore. Ses yeux s'ouvraient de plus en plus grands à chaque phrase, tellement que je cru qu'ils allaient tomber sur la table. Une fois mon récit terminé, il porta sa main à son menton en fronçant les sourcils.

« Tu sais, je me dis que, d'un sens, il a eu raison de faire ça. Tu n'imagines pas le nombre d'élève qui criaient que tu étais la coupable, et qu'ils allaient régler les choses par eux même. Mais c'est tellement cruel, de subir un interrogatoire pareil... »

J'haussa les épaules, ne l'écoutant à moitié, trop occupée à manger et constater que le professeur Lupin n'était pas à la table des professeurs.  Par la suite, je me fis aborder par des élèves de Serdaigle, qui semblaient persuadés que j'avais fait un séjour à Azkaban. Furieuse, je leur répliqua que j'étais malade et que Madame Pomfresh m'avait simplement mit en quarantaine pour que je ne crée pas d'épidémie; ils étaient partis, peu convaincus.

Le soir arriva enfin, et j'entra dans la salle de Défense contre les forces du mal. Le professeur Lupin était assis à son bureau, l'air toujours aussi fatigué, et je me sentis coupable de lui demander de s'occuper de moi. 

« Comment vas-tu, Salaris ? Ta remise en cours s'est bien passée ? demanda-t-il, visiblement inquiet.
- En dehors des élèves qui, comme d'habitude complotent sur moi ? Tout s'est bien passé.
- Encore ? Ils n'arrêteront jamais...
- Eh non, que voulez vous, je suis la méchante parfaite de Poudlard depuis 6 ans, alors...
- Si cela continue, je te demanderais des noms, histoire de leur passer l'envie de manquer de respect. »

Je fut prise d'un rire qui vexa très certainement le professeur Lupin.

« C'est très gentil, professeur, mais ça ne changera jamais rien. Et les élèves risquent de se poser des questions, ils adorent imaginer tout plein de choses... » 

Le professeur Lupin hocha la tête, avant de me tendre une feuille. 

« Voici un devoir sur ce qu'on a étudié pendant que tu étais absente. Tu as le droit de regarder dans les livres, mais pas de demander de l'aide à tes camarades. Je doute, de toute façon, que tu ailles quémander leur savoir... J'aurais bien aimé te faire pratiquer, mais je suis tombé malade, et je ne me sens pas en forme pour ça.
- Ne vous en faites pas, professeur, je ferais le devoir sans problème. »

Je regarda vite fait la feuille, et vit que le sujet traitait des inferi. Je regarda la salle, ayant peu envie de bouger.

« Est-ce que je peux faire mon devoir ici ? »

Le professeur me regarda, surpris, avant d'hocher la tête.

« Bien sûr, installe toi où tu veux. »

Je pris alors place à la table en face du bureau et mit à travailler, me mettant dans ma bulle de musique et d'odeur réconfortante.


Marginaux - {𝕽𝖊𝖒𝖚𝖘 𝕷𝖚𝖕𝖎𝖓 𝖃 𝕺𝕮}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant