୨⎯ Chapitre 5 ⎯୧

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« Il va se réveiller, vous croyez ?
- Il se souviendra de moi ?
- Est-ce qu'il sera en bonne santé ? »

Des dizaines de questions fusaient dans l'infirmerie. Les remèdes à base de mandragore étaient enfin prêts, et tout le monde s'était rué à l'infirmerie pour assister au réveil des pétrifiés. Une foule de filles entourait le lit d'Edward. Par chance, j'avais réussi à prendre place sur la chaise qui était à côté du lit, et toutes les pestes enrageaient. Je fermais les yeux pendant que le remède était appliqué. J'inspirais. J'avais peur de voir Edward se réveiller. Est-ce qu'il m'en voudra ? Est ce qu'il ne voudra plus jamais m'adresser la parole ? Je ne voyais pas pourquoi il pouvait en arriver à cet extrême, mais j'avais quand même peur. Je sursauta quand je vis du mouvement sur le lit et que toutes les filles s'approchaient en même temps. Je me leva et cria de reculer. Toutes les filles se figèrent, et le regard d'Edward se posa sur moi. Il me regarda, et un sourire apparut sur ses lèvres. Par chance, Madame Pomfresh mit tout le monde dehors, sauf moi. Je m'assis alors à ma place, pendant qu'Edward prenait une place assise sur le lit, et que Madame Pomfresh lui faisait son examen de santé.

« Je suis content que tu sois là, dit Edward dans un sourire.
- Si tu savais à quel point je m'en veux... »

Il attendit que l'infirmière soit partie avant de me prendre la main.

« Mais qu'est ce que tu racontes ? Tu n'es absolument pas responsable de ma pétrification !
- Je ne parle pas de ça, Edward. »

Il me regarda, surpris.

« Je parle de notre amitié. Je suis désolé de t'avoir toujours repoussé. Tu ne le mérites pas. »

Edward prit un air très sérieux et me caressa la joue avec sa main.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé...? »

Je le regarda, interdite, avant de m'apercevoir que je pleurais, et qu'il essuyait enfait mes larmes.

« Depuis que tu es pétrifié, ils m'ont confisqués mon casque et ma baguette... J'ai cru que j'allais devenir folle. J'entendais la bestiole qui t'avait pétrifié, qui parlait en Fourchelang. J'entendais tout le monde, au château, dire que je devrais être virée,  que j'étais celle qui avait ouvert la porte des secrets pour me venger... J'ai eu si mal... Et puis... J'ai eu une vision. »

J'hésitais à en parler, et croisa le regard d'Edward. J'y lisais une peine immense, ainsi qu'autre chose, mais je ne pouvais le définir. Puis je me dis qu'Edward pouvait m'aider. C'était le seul à vouloir me parler. Il continua ses gestes du pouces sur ma joue, pour m'encourager à parler.

« Et cette vision, je m'en suis souvenue. J'ai vu... un homme, que je ne connaissais pas, mourir devant mes yeux. Et dans ma vision, je hurlais à mort, comme si la perte de cet homme était un vrai cauchemar, un vrai déchirement... »

Pour la première fois, je me sentis trembler. Je pouvais enfin me confier à quelqu'un, et je ne savais pas si m'être confié comme ça me faisait du bien ou si, au contraire, je mourrais de peur.

« Et qui est cet homme ? »

Je cru voir une lueur d'espoir dans les yeux d'Edward, mais je répondis que je n'en savais rien. Il était surpris, voir même déçu.

« Je ne pouvais demander à personne, j'étais la cible un de tous... J'en fais des cauchemars, tu sais.
- Je suis désolé, dit Edward. Tu sais... quand tu m'as trouvé pétrifié... J'étais en chemin pour te chercher, je m'inquiétais, parce que j'étais resté toute la soirée dans la salle commune, sans te voir rentrer... »

Un énorme sentiment de culpabilité m'envahi et je baissa la tête, honteuse. Edward me releva doucement la tête, prenant appui sur ma joue.

« Salaris, tu ne comprend pas. Je ne t'en veux pas. Je ne peux pas. Tu sais pourquoi ? Je...
- Allez dehors, je ne veux plus voir personne ! Les visites sont finies ! »

Edward retira d'un coup sa main, et baissa la tête alors que je me levais. Je lui fis un signe mais il ne le vit pas, alors je rentrais dans la salle commune, espérant pouvoir continuer la discussion ce soir. Peut-être pouvait-il m'aider... Je l'espérais, du fond du cœur.

J'attendais dans la salle commune, le regard plongé dans les flammes de la cheminée. J'espérais d'Edward puisse sortir et nous rejoindre. Que je puisse encore un peu discuter avec lui. Lorsque la porte s'ouvrit, je me tournais et sourit en voyant Edward. Il s'avança vers moi et s'assit sur le fauteuil d'à côté.

« Tu m'as attendu ? demanda-t-il.
- Oui, notre... discussion a été interrompue.
- C'est vrai... On discutais de ta vision. Tu peux me décrire l'homme que tu as vu ? »

Je lui fis alors la description de l'homme, et Edward écoutait très attentivement. Il se posa au fond de son siège en réfléchissant.

« Je ne connais personne avec cette description, dit-il. Mais je peux t'aider. Je serais attentif et je te tiendrais au courant, si jamais je voies quelqu'un comme ça.
- Merci, Edward. »

Nous allons donc nous coucher, fatigués, et prêts à affronter les dernières semaines de cours.

Marginaux - {𝕽𝖊𝖒𝖚𝖘 𝕷𝖚𝖕𝖎𝖓 𝖃 𝕺𝕮}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant