Chapitre 18

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Les mains de Lauren glissaient sur le volant. Elles étaient moites, tremblantes. L'adrénaline jaillissait en elle comme la lave d'un volcan en éruption. Il y avait plusieurs mois qu'elle n'avait pas ressenti une telle euphorie pendant une enquête. Maintenant qu'elle y songeait, la dernière fois devait remonter à l'époque où elle était encore à San Francisco. La dernière fois qu'elle avait appréhendé un tueur en série.

S'il n'y a que face à des détraqués de ce genre que tu te sens réellement vivante, il va falloir songer à te remettre en question, railla-t-elle silencieusement.

Bien qu'elle tentait d'analyser cette observation sur le ton de la plaisanterie, Lauren ne pouvait nier que c'était la vérité. Les seules fois où elle ressentait cette satisfaction sans borne, c'était lorsque qu'elle se retrouvait à devoir courir après les plus dangereux criminels que le monde ait décidé d'engendrer. Elle aimait le danger, risquer sa vie la faisait vibrer.

Elle savait que si elle avait le malheur d'avouer ce penchant douteux à l'un de ses proches elle serait probablement internée dans les minutes qui suivraient. On la considérerait sans doute comme folle.

Mais ce genre de folie ne la dérangeait pas. Elle préférait être en proie à cette folie qui n'avait d'incidence que sur sa propre intégrité plutôt qu'à la folie meurtrière de ceux qu'elle poursuivait. Elle était folle, oui. Mais pour elle, elle était du bon côté de la folie. Et cette folie lui était plus que bénéfique.

Après tout, seul un fou serait capable de se mettre dans la peau des plus fous. Sans cette part inavouable d'elle-même, Lauren ne serait sans doute jamais devenue la flic qu'elle était fière d'être aujourd'hui.

Son GPS lui indiqua soudain que l'adresse se trouvait sur la droite. Lauren se gara immédiatement, en bord de route, feux de détresse enclenchés.

On n'est jamais trop prudents.

Elle sortit de la voiture, lampe de poche dans la main gauche, tandis que l'autre restait à proximité de la crosse de son Glock 19. La flic s'aventura dans les bois et put apercevoir la petite maisonnette après avoir seulement avancé de quelques pas. Elle se situait en bord de route et ne présentait aucun vis-à-vis. Rien de plus pratique pour torturer quelqu'un sans se faire entendre avant d'ensuite se débarrasser rapidement du corps.

Sauf que cette remarque ne colle pas avec son mode opératoire, tu le sais.

Lauren ne devait pas perdre de vue que le tueur s'infiltrait chez ses victimes et qu'il les tuait chez-elles. Cette maisonnette isolée n'avait pas d'importance ici.

Pourtant, s'il manque de confiance en lui, il aurait été plus logique qu'il ramène ces femmes ici pour les tuer. C'est plus rassurant de le faire dans un endroit familier. Alors pourquoi prend-il le risque de tout faire dans un lieu qu'il ne connait pas ou peu ?

Des incohérences demeuraient et il tardait à Lauren de les comprendre. Il y avait définitivement quelque chose qui clochait depuis le début mais elle ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. Elle sentait pourtant que c'était quelque chose de totalement stupide et évident.

Elle fit rapidement le tour de la petite maison pour vérifier qu'aucun piège n'avait été posé avant de se décider à entrer.

Sa main se posa sur la poignée de la porte, mais Lauren dut s'interrompre quelques secondes pour réguler sa respiration. Son cœur battait la chamade et ses mains étaient devenues encore plus moites qu'elles ne l'étaient déjà. Elle avait parfaitement conscience que ce qu'elle s'apprêtait à faire était contraire à toute forme de procédure et qu'elle se mettait gratuitement en danger. Dans ces conditions, isolée de tout, seule, et correspondant en tout point à la victimologie recherchée par le tueur, elle avait parfaitement conscience d'être une proie facile.

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