Chapitre 7

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Le cœur affolé, le front trempé, Lauren ouvrit subitement les yeux, la respiration saccadée. Elle se redressa lentement dans son lit, tentant de remettre un semblant d'ordre dans ses esprits. Une angoisse venait de la tirer de sa tentative de sommeil.

Encore une...

Ses yeux fatigués se dirigèrent sur le cadran de son radio-réveil. Il affichait cinq heures quarante-deux du matin.

T'as encore passé une bonne nuit de sommeil ma grande.

Quand elle s'était mise au lit pour ne pas avoir à supporter les foudres de son coéquipier, Lauren n'était pas parvenue à trouver immédiatement le sommeil. Elle faisait partie de ses personnes qui avait un véritable problème avec Morphée et pour qui les gens parvenant à s'endormir presque instantanément étaient de véritables monstres sortis de l'ordinaire. Il lui avait fallu tourner en rond dans son lit, remettre sa vie en question et ressasser l'intégralité de sa journée et de ses potentiels moment embarrassant avant, d'enfin, parvenir à mettre son cerveau en veille. La dernière fois qu'elle avait vu l'heure, il était quatre heures cinquante-sept. Elle n'avait même pas pu s'autoriser une heure de sommeil.

Elle soupira en se levant délicatement de son lit, tentant de ne pas faire trop de bruit. Elle ouvrit la fenêtre de sa chambre et respira l'air frais du petit matin. Le jour commençait déjà à pointer le bout de son nez sans pour autant laisser paraître le moindre rayon de soleil. Le ciel était couvert d'un épais voile opaque qui annonçait la météo dominante du jour.

Aujourd'hui serait un jour d'orage.

Lauren laissa la fenêtre ouverte avant de retourner dans son lit pour tuer le temps sur son téléphone. Elle remarqua alors que Matthew lui avait déjà envoyé son habituel message du matin qui lui demandait comment elle allait en lui souhaitant une bonne journée. Lauren décida volontairement de ne pas répondre de suite au texte de son ex-collègue qui devait à cette heure-ci déjà être à son poste. Il fallait compter trois heures de décalage entre la Caroline du Nord et la Californie. Son ami de la côte Ouest le savait pertinemment et saurait immédiatement que s'il recevait un message de Lauren avant dix heures du matin, c'était parce qu'elle n'aurait pas réussi à trouver le sommeil ou qu'elle n'aurait pas pu suffisamment se reposer.

C'était pour éviter d'inquiéter celui qui la connaissait le plus sur cette Terre que la nouvelle flic de Raleigh ignorait sans le moindre scrupule les messages matinaux de son ami, n'y répondant que de longues heures après. Du moins, quand elle y pensait.

Lauren passa près d'une heure à faire défiler l'écran sur ses quelques réseaux sociaux, tentant de se vider l'esprit. Sans succès.

Son acharnement au travail reprit bien rapidement le dessus sur sa volonté d'enfin lâcher prise, la forçant à reprendre ses recherches sur l'enquête en cours. Elle étudia de nombreux articles, perdant la notion du temps. Ce ne fut que lorsque son réveil sonna que la flic prit conscience du temps et de l'énergie qu'elle avait encore dépensé dans son travail sans être encore officiellement en service.

Lauren soupira avant de mettre son téléphone en charge et de se lever du lit pour se rendre dans le salon. Elle ne put réprimer un léger sourire en voyant Eddy, avachi et profondément endormi sur le canapé, une jambe touchant le sol. Elle se rendit à la cuisine pour faire couler deux cafés. Quand la machine se mit en route, Lauren entendit son collègue grogner, preuve qu'il commençait lentement à émerger de sa courte nuit de sommeil.

— Grogne pas comme ça. T'es pas un ours, se moqua-t-elle.

— Putain, il est quelle heure ? demanda-t-il de sa voix enrouée. Je te jure que c'est la dernière fois que je réponds à l'un de tes appels nocturnes. La prochaine fois tu te démerdes seule.

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