Chapitre 8

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Le martèlement des touches du clavier d'ordinateur d'Eddy résonnait dans le bureau qu'il occupait avec Lauren. Aucun des deux n'avaient déballé le moindre mot depuis plus de deux heures, lui étudiant un corpus d'articles concernant Peter Kürten, tandis que sa collègue se creusait les méninges pour tenter de dresser une ébauche de profil psychologique pour le tueur après lequel ils couraient depuis de longues semaines.

Eddy baissa l'écran de son ordinateur portable après avoir subi un frisson de dégoût en constatant pour la énième fois les photos des victimes du vampire de Düsseldorf. Il soupira avant de poser le regard sur sa collègue dont le bureau était installé en face du sien.

Il fronça les sourcils quand il la vit les yeux fermés, le dos posé contre le dossier de sa chaise et les bras croisés contre sa poitrine. Bien que tout pouvait porter à croire le contraire, Eddy savait que Lauren ne se reposait aucunement. Il savait que son esprit était ailleurs, bien loin du reposant pays des rêves. Son inconscient à elle se promenait sur le fil cauchemardesque des meurtres et des tueurs. Elle courait la course de vitesse la plus longue et la plus éprouvante de sa vie, alternant entre ses pensées de flic et celles du tueur qui avait pris la tête, prête à tout pour le rattraper et, enfin, le dépasser.

Ses billes émeraudes se rouvrirent sur le monde et tombèrent nez à nez avec les onyx de son collègue qui ne cessait de la dévisager.

— Tu sais que c'est la nuit qu'il faut dormir, Adams ? ne put-il s'empêcher de charrier.

— Tu m'emmerdes Williams.

Lauren se redressa sur sa chaise posant les coudes sur la table pour venir entrelacer ses mains devant sa bouche, le visage fermé. Elle posa le regard sur l'horloge au bout de son bureau avant de soupirer. Il était déjà treize heures et elle n'avait toujours pas l'ombre d'une piste exploitable.

— Fait chier, grogna-t-elle.

— T'arrives pas à le cerner ?

— Disons qu'il me manque des éléments fondamentaux. Je sais que je passe à côté de quelque chose mais impossible de savoir quoi.

— Et donc ? Tu comptes faire quoi pour y remédier ?

Lauren releva ses yeux fatigués vers ceux plus réveillés de son collègue qui ne l'avait pas lâchée du regard. Les billes d'ébène du grand brun dégageaient une puissance et une chaleur propres à elles. Lauren n'était encore jamais parvenue à trouver des yeux avec une telle aura. C'était ça aussi qu'elle aimait chez son collègue, cette capacité qu'il avait de toujours tirer le meilleure d'elle. À chaque fois qu'elle menaçait d'abandonner, Lauren était vite rappelée à l'ordre par Eddy et ses onyx perçants.

— Continuer de creuser. Si je ne trouve pas, c'est que je ne suis pas encore entrée assez profondément.

Un sourire naquit sur les lèvres d'Eddy qui ne lâchait pas pour autant les émeraudes de sa partenaire.

— Mais j'avais aussi pensé à autre chose mais je ne suis pas sûre que ça te plaise.

— Balance ta connerie, répondit-il d'un air impassaible.

— Je me suis dit qu'on pourrait fouiller toute les maisons des victimes comme on avait pu le faire pour celle de Lucy. On devrait finir par trouver quelque chose. L'endroit par lequel il entre par exemple. Ou s'il a une pièce favorite pour tuer ses victimes.

— Hors de question de faire subir une fouille archéologique à ses pauvre gens qui vivent déjà un enfer depuis plusieurs semaines pour la plupart. Trouve autre chose.

— Alors on pourrait interroger les proches une nouvelle fois mais en leur posant des questions identiques. Ensuite on compare les réponses et on tente de trouver un point commun entre elle.

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