Les mains fermement accrochées à son volant, Lauren Adams conduisait le long du Boulevard Capital de Raleigh. La radio laissait défiler les musiques que la femme de vingt-sept ne prenait qu'à peine le temps de considérer, bien plus attirée par ses réflexions professionnelles. Il lui arrivait parfois de fredonner brièvement lors d'une chanson qui lui était plus familière que d'autre, mais l'entièreté de son esprit était consacrée à son enquête.
Une vibration en provenance de son téléphone attira son attention, la reconnectant avec le moment présent. Elle hésita à se saisir du cellulaire avant de vite s'en dissuader. De toute façon, vu l'heure bien matinale, ça ne pouvait être que son partenaire, songea-t-elle.
Elle allait sombrer à nouveau dans ses pensées quand la musique qui était en cours de diffusion fut soudain coupée pour laisser place à l'introduction musicale des flash-infos. Lauren monta le son, concentrant cette fois son attention sur les paroles que débitait désormais le journaliste.
— Nous vous informons que le corps d'une femme a été retrouvé sans vie dans les bois longeant la Nationale 1711 Wake Forest. Les causes de la mort sont encore inconnues, mais il n'est pas improbable qu'elle soit d'origine criminelle, faisant d'elle la cinquième victime d'une série inexplicable de meurtres qui touche le pays depuis les cinq dernières semaines.
— Et merde...
Sentant une boule naître dans son estomac, Lauren appuya plus franchement sur l'accélérateur, dépassant la vitesse autorisée jusqu'à son lieu de travail.
Lorsqu'elle arriva sur le parking, la jeune femme se gara très grossièrement, noua ses longues mèches bruens ondulées en une queue de cheval haute puis saisit son cellulaire et son sac avant d'ouvrir la portière de sa voiture. Une bouffée de chaleur l'étouffa, marquant le contraste thermique entre l'intérieur climatisé de l'habitacle et l'air brûlant de l'extérieur qui subissait la chaleur agressive de ce mois de juillet. Bien qu'il fût seulement neuf heures du matin, le soleil n'avait pas perdu de temps pour imposer à la ville ses rayons ardents.
Lauren ferma sa voiture à clé avant de s'engouffrer à toute hâte dans le bâtiment. Elle gravit les marches deux à deux puis fit irruption dans son bureau, ouvrant la porte avec un peu trop d'entrain. À peine fut elle entrée que déjà elle demanda :
— Je viens d'apprendre pour la nouvelle victime. On sait quoi exactement ?
Le bureau qu'elle n'occupait généralement qu'avec son coéquipier était désormais investi par une dizaine de personnes, dont le commandant.
— Bonjour à toi aussi Lauren. Tu as passé une bonne nuit ? Parce que c'est pas vraiment ce que ta tronche nous laisse penser, se moqua Thomas, l'un des membres de l'ancienne équipe chargée de l'enquête.
— Ma tronche t'emmerde Thomas. Moi au moins je cherche le lien qui relie tous ces putains de meurtres pour enfin arrêter le connard ou la connasse qui se cache derrière tout ça.
— Et c'est reparti, se plaignit le blond. T'es toujours persuadée que c'est une seule personne qui est à l'origine de tout ça ? Tu te rends bien compte que ça n'a aucun putain de sens. Ouvre les yeux et reviens sur terre ma vieille. On est pas dans une série policière, on est dans la vraie vie là. C'est impossible qu'un seul type soit capable d'une telle tuerie en aussi peu de temps sans laisser le moindre indice exploitable. Il n'a jamais commis la moindre erreur. Soit c'est un putain de fantôme, soit ils sont plusieurs. Et tu sais aussi bien que moi lequel des deux arguments est le plus plausible.
— Brown, ça suffit ! intervint le commandant qui avait l'habitude des querelles entre ses deux subordonnés.
Thomas et Lauren ne s'étaient jamais réellement entendus, et cette mésentente se justifiait en grande partie par leur trop grande divergence. Thomas était un flic droit dans ses bottes, qui suivait les instructions à la lettre et préférait par-dessus tout rester dans son bureau pour résoudre une affaire. Il avait horreur d'aller sur le terrain et passait ainsi un temps minimum sur les scènes de crimes, se contentant de constater l'état du corps avant de retourner face à son ordinateur. Dans certains cas, procéder de cette manière avait ses avantages, mais dans une affaire comme celle-ci, ça avait aussi et surtout ses limites.
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Mirror
Mystery / Thriller/!\ Cette histoire est destinée à un public averti, des scènes pouvant heurter la sensibilité de chacun /!\ Certains tueurs sont-ils réellement impossibles à appréhender ? C'est ce qu'une équipe du quartier des investigations de Raleigh a conclu apr...