Chapitre 5

36 7 11
                                    

Seul le tic-tac de l'horloge résonnait dans le salon de Lauren alors que cette dernière attendait impatiemment l'arrivée de son collègue. Elle ne cessait de faire tourner sa théorie en boucle dans sa tête, la trouvant à chaque fois moins crédible. Et si c'était la fatigue qui lui faisait penser n'importe quoi ? Vu son déficit en la matière depuis de nombreuses années et son agacement dû au fait de ne pas trouver de réponse satisfaisante, il ne serait pas étonnant que son inconscient ait inventé son idée de toute pièce. Si jamais elle avait fait venir ce pauvre Eddy au beau milieu de la nuit pour des queues de cerises, elle risquerait de ne jamais se le pardonner.

Soudain, on frappa à la porte, la sortant de son tourment. Lauren se leva de son canapé, les jambes légèrement tremblantes. La fatigue commençait à se faire ressentir à travers chacun de ses muscles. Elle ouvrit la porte et tomba sur un Eddy qui paressait bien plus réveillé qu'elle ne l'imaginait.

— Je te jure que si tu m'as fait me déplacer pour rien, tu en entendras parler longtemps, râla le flic sans toutefois aucune once de reproche dans la voix.

— Je t'avoue que je commence moi-même à douter de ce que je viens de nous pondre, avoua Lauren d'une petite voix.

— Ah bah je suis pas venu pour rien alors, me voilà rassuré ! À chaque fois que tu doutes de tes idées, elles sont souvent pertinentes. Je suis tout ouïe, assura-t-il en fermant la porte d'entrée derrière lui.

Lauren lui fit signe de prendre place sur le canapé, ce que le brun fit sans se faire prier. Il remarqua la tonne de papier entassée sur la table basse où siégeaient également deux tasses de café fumantes. Eddy en but une gorgée pendant que Lauren ralluma son ordinateur portable.

— Que les choses soient claires, ça va sûrement te sembler tiré par les cheveux mais je pense que ça vaut le coup d'être exploité.

— Tout ce que tu nous sors est tiré par les cheveux je te rappelle, ironisa-t-il en reposant sa tasse sur la table. J'ai l'habitude maintenant. Je t'écoute.

— J'ai renoté chaque mode opératoire de chaque meurtre sur cette feuille et à force de les lire, je me suis rendue compte d'une chose.

— Qu'ils sont tous différents ? ne put s'empêcher de railler l'homme.

Lauren le regarda avec exaspération avant de lever les yeux au ciel sous le fou rire de son coéquipier.

— Pardon Lau, mais il est trois heures du matin et tu sembles tellement tendue que j'arrive pas à m'empêcher de te taquiner !

Il prit une profonde inspiration pour se calmer avant d'ajouter, bien plus sérieusement :

— Moi j'ai confiance en tes déductions, si tu m'as fait venir en beau milieu de la nuit chez toi pour parler de ça, c'est que forcément ça vaut le coup, même si ça m'emmerde profondément. Alors fais-toi confiance pour une fois.

La femme esquissa un sourire fatigué et reconnaissant à son collègue avant de poursuivre.

— J'ai remarqué que je les avais déjà étudié par le passé.

Eddy changea radicalement d'expression faciale, reprenant cet air de flic qu'il avait au quotidien. Maintenant qu'elle y pensait, ça faisait longtemps qu'elle ne l'avait plus entendu rire avec autant de légèreté. L'enquête commençait à devenir longue et ça se ressentait sur le moral de chacun. Il devenait plus qu'urgent pour tout le monde que le malade qu'ils traquaient depuis tant de jours finisse enfin derrière les barreaux.

— Tu es en train de me dire qu'on court après un type qui avait déjà sévi par le passé avec le même mode opératoire ? Il se serait évadé de taule ?

MirrorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant