Chapitre 12

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Eddy s'était jeté dans sa voiture après l'appel de Lauren. Il arpentait la route nationale, sans se soucier de la valeur qu'affichait son compteur kilométrique. Il était inquiet. La seule chose qu'il avait en tête, c'était de retrouver Lauren, au plus vite.

Il ignorait quel genre d'illumination sa collègue avait encore pu avoir. Il n'était pas dans ses habitudes de douter de ses constats, et encore moins d'avouer que Thomas Brown avait raison.

Le flic avait beau y réfléchir, il ne voyait vraiment ce que Lauren avait pu trouver. Aucun élément ne l'avait choqué durant les petits interrogatoires qu'ils avaient fait passer à chacun des proches des différentes victimes. Cet interrogatoire étant la seule nouveauté qu'ils aient apportée à leur enquête, Eddy ne parvenait réellement pas à identifier l'élément qui avait fait changer Lauren d'avis aussi rapidement.

Soit il avait manqué quelque chose, soit Lauren lui avait désobéi et avait repris l'enquête depuis le début dès qu'elle était rentrée chez elle, au lieu de se reposer. Et Eddy avait une vague idée de la réponse la plus probable, l'agaçant sensiblement.

— Cette andouille va finir par se tuer à la tâche, maugréa-t-il pour lui-même.

Son pied se fit encore plus lourd sur l'accélérateur, dépassant allégrement la vitesse autorisée. Il prit le dernier virage à droite après avoir brusquement décéléré, faisant crisser les pneus contre l'asphalte. Il s'engagea avec plus de retenue dans la rue de Lauren, conscient que renverser le chat de l'un des voisins était la dernière chose dont il avait besoin. Cette simple pensée lui hérissa les poils. S'il y avait bien une chose qu'il redoutait à chaque fois qu'il prenait le volant, c'était de tuer l'animal d'une autre personne par accident. Perdre un compagnon de vie de cette manière, c'était réellement ce qu'il y avait de pire pour tout propriétaire qui se respectait, il le savait mieux que quiconque.

Il se gara sur la petite parcelle dallée devant la maison de sa collègue puis coupa le moteur en vitesse. Il se posa quelques secondes pour reprendre une respiration régulière. À en croire la voix tremblante de Lauren lorsqu'elle l'avait appelé quelques dizaines de minutes plus tôt, Eddy se doutait bien qu'elle devait être perdue et angoissée. Qu'il soit tendu comme un arc n'arrangerait en rien la situation. Elle ne ferait même qu'empirer.

Lorsqu'il se sentit moins crispé, il sortit enfin de la voiture et alla frapper à la porte. Il entendit Lauren qui lui cria d'entrer, ce qu'il fit sans plus attendre. La scène qu'il découvrit alors dépassait de loin ce qu'il avait imaginé.

Lauren n'était pas qu'un peu angoissée ou perdue. Elle avait atteint un tout autre stade.

Elle marchait en rond dans son salon, le pouce de sa main droite bloqué entre ses incisives. Elle s'arrêta quelque secondes pour regarder Eddy avant de reprendre sa marche frénétique, ayant toutefois cessé de torturer son doigt.

Elle se mit à parler, vite, trop vite. Eddy n'avait même pas le temps d'assimiler le sens de ses mots que d'autres suivaient déjà, anarchiquement. C'était à se demander si elle prononçait les mots et leurs syllabes dans le bon ordre ou si elle parlait une langue qui lui était totalement étrangère. Il ne comprenait pas un mot de ce qu'elle disait. Malgré tous les efforts que son cerveau voulait bien fournir en dépit du fait qu'il soit 2 heures du matin, Eddy ne parvenait pas à la suivre.

Il se précipita au milieu du salon et attrapa Lauren par les épaules, mettant un terme à son agitation corporelle tout bonnement insupportable.

Maintenant qu'il était enfin parvenu à stopper la frénésie ébranlante de son corps, il lui allait falloir faire de même avec celle qui hantait son cerveau.

Il ancra ses yeux dans les siens et la força à s'asseoir sur le canapé derrière eux. Lauren céda à sa demande, sans chercher à rompre ce contact visuel qu'il venait d'instaurer.

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