Les couloirs des urgences étaient parfaitement à l'image que Lauren se faisait d'eux. Les murs, les sols, les plafonds, tout était peint d'un blanc immaculé. À mesure qu'ils s'enfonçaient dans ces longs corridors étroits, Lauren sentait que son champ de vision se rétrécissait.
D'aussi loin qu'elle se souvenait, elle avait toujours eu cette angoisse lorsqu'elle pénétrait dans des lieux affiliés au domaine du médical. Elle n'avait jamais eu de problème avec le moindre médecin – ne fréquentant que très rarement ce genre de spécialiste – alors elle n'avait absolument aucune idée de la raison pour laquelle son corps se braquait de la sorte à chaque fois qu'elle mettait les pieds dans un cabinet médical ou encore dans un hôpital.
— Tout va bien ?
La voix d'Eddy lui permit de se raccrocher à la réalité, l'empêchant de sombrer plus profondément dans cette hantise qu'elle ne pourrait sans doute jamais nommer. Il marchait devant elle, le regard fièrement porté devant lui.
À l'évidence, lui ne semblait pas être intimidé par les hôpitaux.
— Bien sûr, feignit-elle. Pourquoi ça n'irait pas ?
— Tu marches de façon irrégulière et tu respires plus bruyamment que d'habitude.
Lauren s'arrêta au beau milieu du couloir, incitant son collègue à faire de même. Il se retourna pour l'observer et Lauren crût discerner ce qui s'apparentait à un sourire dans le coin de ses lèvres.
— Depuis quand tu analyses ce genre de trucs toi ?
Eddy continua de la fixer sérieusement pendant quelques secondes avant d'exploser d'hilarité. Les sourcils de Lauren se haussèrent d'incompréhension, encourageant le flic dans son fou-rire.
— Quoi ? T'y as cru ? Sérieux, Lau, tu sais bien que je suis pas le genre de personne qui fait attention à ce genre de détail. C'est toi la psychopathe qui se charge de ça en temps normal.
— T'es con, pesta-t-elle en détournant le regard alors qu'elle sentait le rouge lui monter aux joues.
— En attendant, tu t'es vendue toute seule. Alors ? Qu'est-ce qui va pas ? Laisse-moi deviner. La grande Lauren Adams est mal à l'aise dans les hôpitaux ?
Lauren soupira et poursuivit sa route, ignorant les railleries de son collègue qui prenait de plus en plus de plaisir à la taquiner depuis quelques semaines.
Les deux flics arrivèrent au bureau de l'accueil des urgences. La secrétaire en service était blonde aux yeux bleus et les rides qui se dessinaient sur l'ensemble de son visage laissaient penser qu'elle avoisinait les soixante ans.
Tout le contraire des préférences de notre coupable, ne put s'empêcher de penser Lauren.
Cette réflexion donna le cafard à la flic. À chaque fois qu'elle avait affaire à une enquête qui concernait un tueur en série, elle ne parvenait pas à s'empêcher de songer que les victimes manquaient cruellement de chance. Cette secrétaire ne ferait jamais l'objet des pulsions du dégénéré après lequel ils couraient aujourd'hui, mais rien n'empêchait qu'elle devienne la cible d'un autre type de la même espèce qui, lui, préférera les femmes blondes et plus vieilles. Et si en plus de ça on prenait en considération le nombre total de personnes qui correspondent aux critères de sélection de l'ensemble des tueurs en séries qui avaient déjà existé et qui existeront par la suite, la probabilité d'être pris en chasse par l'un d'eux était infime.
Vraiment un manque de chance énorme.
— Bonjour, vous venez pour quoi ? les apostropha la secrétaire. Je préfère vous prévenir mais l'attente risque d'être longue. Nous sommes surchargés.
— Ce n'est pas pour une consultation, indiqua Lauren en dégainant sa carte. Si nous sommes là, c'est pour des renseignements.
Le secrétaire fronça légèrement les sourcils et se repositionna dans le fond de son siège.
— Je vois. Alors, que me vaut la visite de la police ? demanda-t-elle en fixant Lauren.
— Non enquêtons sur le meurtre de Lucy James, expliqua Eddy qui dirigea désormais l'attention de la secrétaire sur lui.
Le visage de cette dernière se tordit dans une grimace d'affliction que ne manquèrent pas de relever les deux enquêteurs.
— La pauvre Lucy, geignit-elle. C'est vraiment horrible ce qui lui est arrivé. Elle est une perte énorme pour cet hôpital aussi bien en terme humain que de compétences.
— Nous espérions que vous pourriez nous donner quelques informations sur le chirurgien qui travaillait souvent de garde avec elle le vendredi, reprit Lauren.
— Le docteur Strauss ?
— Peut-être. Pour être honnête nous ignorons son nom, avoua Eddy.
— Ce qu'on sait, ajouta Lauren, c'est qu'il avait tendance à être plutôt lourd avec elle. Il lui aurait même fait des avances qu'elle aurait refusées. Par expérience, je sais que tous les potins finissent par se savoir dans les hôpitaux, alors vous devez forcément être au courant.
— En effet, c'est bien lui. Pour être franche, Lucy était loin d'être la seule à qui il a fait ce petit numéro. Plusieurs femmes du service y sont passées.
— Plusieurs ? répéta Lauren. Il y en a certaines qui n'ont pas attiré son attention ?
— Heureusement, rétorqua la femme. Le contraire aurait été affolant.
Lauren et Eddy s'adressèrent un regard entendu.
— Dites-moi, osa la flic. Les femmes que ce docteur Strauss a tenté de séduire, elles étaient brunes ?
— Je ne sais pas. Peut-être. Pour être honnête avec vous, je ne sais plus exactement toutes les femmes qu'il a abordées.
— Il travaille aujourd'hui ? demanda soudain Eddy.
— Non, désolée. Ça va faire cinq semaines qu'il n'a pas mis les pieds ici. Il est en déplacement au Canada pour une formation et des conférences. Il ne revient que dans une semaine.
Lauren fronça les sourcils et sentit que l'euphorie prenait le contrôle de son corps. Elle avait l'impression de n'avoir jamais été aussi proche du but.
— Vous pourriez nous communiquer son planning depuis les trois derniers mois ?
— Vous avez un mandat ? se renfrogna la secrétaire. Pas de mandat, pas de planning. J'estime même vous en avoir déjà trop dis.
Lauren pinça les lèvres de déception. Encore et toujours des procédures qui n'étaient bonnes qu'à leur faire perdre du temps. Elle remarqua qu'Eddy s'était aussitôt mis à l'écart, téléphone scotché à l'oreille. Sans doute appelait-il Johnson pour qu'il leur obtienne ce précieux bout de papier rapidement, comprit-elle.
Elle vit son collègue froncer les sourcils par moment et hocher positivement la tête de façon docile alors qu'il prenait par moment un air presque abattu. Lauren se doutait que leur excès de zèle leur avait porté les foudres de leur supérieur.
Quand il raccrocha enfin, il adressa un signe de tête positif à Lauren pour lui signifier qu'il était temps de partir.
— Attendez-vous à nous revoir dans la journée, prévint-elle la secrétaire. Ces foutus procédures ne sont qu'une perte de temps qui condamne de nouvelles victimes.
La flic s'apprêtait à rejoindre son collègue quand la voix de la secrétaire l'interrompit.
— Je ne suis pas autorisée à vous divulguer les infos professionnelles sans mandat. Mais rien ne m'empêche de vous dire le reste. Je vous ai dit qu'il était en déplacement. Mais allez voir son profil Facebook. Moi qui pars à chaque vacances au Canada depuis maintenant plus de trente ans, je peux vous dire que les décors ne me disent rien. Les photos qu'il met en story ou même la publication qui date d'il y a trois jours n'a pas été prise au Canada. Je peux vous l'assurer.
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Mirror
Mystery / Thriller/!\ Cette histoire est destinée à un public averti, des scènes pouvant heurter la sensibilité de chacun /!\ Certains tueurs sont-ils réellement impossibles à appréhender ? C'est ce qu'une équipe du quartier des investigations de Raleigh a conclu apr...