CHAPITRE 3 ALICE

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Quatre mois plus tard, me voilà dans cette chambre à la maternité, dans l'attente qu'on m'emmène pour ma césarienne. Ouais vous avez bien entendu ! Je passe sur le billard dans quelques minutes.

Et bien sûr Romain, n'est pas là. Monsieur est en reportage en Grèce.

Je lui ai dit de ramener ses fesses au plus vite, sinon je divorçais sur le champ !

Bien évidemment pas de vol cette nuit, il sera donc de retour demain matin à la première heure. J'ai supplié les médecins qu'on me laisse tranquille jusqu'au lendemain, mais apparemment mon état et celui du bébé ne peuvent pas attendre ! J'ai eu dans la soirée des contractions de plus en plus fortes, de plus en plus rapprochées. J'ai donc sauté péniblement dans un taxi, direction la maternité. Je suis sous monitoring depuis plus d'une heure, lorsqu'un médecin à fait son apparition : mon bébé est en détresse respiratoire, et nous devons le mettre au monde au plus vite.

C'est donc les larmes aux yeux que 2 brancardiers viennent me chercher pour la salle d'opération. J'ai peur. Je me rends compte maintenant que tout devient réel. Que dans quelques minutes, je ne serais plus une femme, mais une mère en première lieu (et ensuite une femme, si j'arrive à me remettre de cette grossesse !).

J'ai peur car je suis toute seule.

*******

Je suis encore dans les vapes. Mon esprit a dû se mettre en pause quelques minutes, car je ne me souviens de rien...

A côté de moi, une femme masquée s'approche de moi et me dit doucement :

"Madame James n'ayez pas peur. Je suis Adèle, une infirmière; vous avez eu une petite crise de panique en rentrant dans le bloc, nous avons commencé votre césarienne, votre bébé n'est plus très loin."

Je perçois le bas de mon corps qui bouge, qui tiraille, et bientôt des cris résonnent dans le bloc.

Instantanément, une larme coule, puis une seconde, une troisième, et enfin une émotion extrême. Je l'ai fait ! J'ai mis au monde un être fait avec amour.

Je vois au loin, une infirmière frictionné mon bébé avec un tissu.

"Félicitations Madame James, voici votre bébé"

On pose mon bébé sur moi. J'ai une vague d'amour qui déferle en moi.

"Comment s'appelle t'il ?"

"C'est Eden son prénom. Ca veut dire "petit ourson" en anglais"

*******

Je suis encore sous le coup de l'adrénaline, et je n'ose pas demander pourquoi, ni ouvrir ma bouche lorsqu'on on me reprend mon fils seulement, une poignée de secondes plus tard.

Mon fils ....

Il est déjà tard je pense.... Je suis toujours en salle de réveil. Je n'ai toujours pas revu Eden. On me dit qu'il va bien, de ne pas m'inquiéter, qu'il sera bientôt à mes côtés.

Je commence à paniquer, je sens, je sais que quelque chose ne va pas. Je sens ma respiration s'affoler.

"Madame James, respirez calmement. Vous êtes en train de refaire une crise de panique. La journée à été rude pour vous. Je vais vous administrer un petit sédatif pour que vous puissiez vous reposer."

"Mon bébé, Où est mon fils ? Je veux le voir svp"

Je ne reconnais même pas ma voix, qui n'est qu'un murmure.

"Ne vous en faites pas pour votre bébé, il sera à la pouponnière pour la nuit, nous nous occupons bien de lui"

En prononçant ces phrases, l'infirmière m'injecte le sédatif dans ma perfusion. Je me sens partir doucement... Je vois l'image de Romain ... Je n'ai même pas eu la possibilité de lui dire que son fils était né.

********

Dans la nuit, je me réveille en sursaut, une chaleur me comprime le côté gauche de mon corps. Après un coup d'œil, je vois un bras en travers de ma poitrine, et devine une respiration calme à mes côtés. Romain est à mes côtés ! Je n'ose pas croire qu'il soit là. Je pleure, rassurée que mon mari soit enfin là.

"Ne pleures pas mon cœur, je suis là."

"Je suis si contente que tu sois là."

Je me tourne et enfoui mon visage dans son torse. Je respire son odeur, qui m'a tant manqué.

"J'ai réussi à prendre un vol privé. Je suis tellement désolé de ne pas avoir pu te tenir la main pendant ton accouchement. Alice, regarde moi. Tu es une femme formidable, notre bébé est magnifique."

"Tu l'as vu ?"

"Oui, les infirmières m'ont accompagné à la pouponnière pour que je puisse le prendre dans mes bras, et faire du peau peau."

Je soupire de soulagement. Soulagée que Eden puisse avoir eu un moment privilégié avec son père.

Il reprend avec une émotion perceptible dans sa voix :

"Il est si petit Alice... J'ai encore dû mal à me dire que c'est mon fils."

Le lendemain matin, il est 7 heures, lorsque j'entends l'équipe du matin s'activer derrière ma porte. Romain est resté à mes côtés toute la nuit.

8 heures, deux petits coups à ma porte. Une infirmière entre et pousse devant elle, un landau. Je ne vois que ce petit lit avancer vers nous, avec notre bébé endormi paisiblement.

Je ne prends conscience que quelques secondes plus tard, que trois autres personnes sont entrées dans la chambre également. Ce n'est pas normal.

"Madame et Monsieur James, nous devons faire un point sur l'état de santé de votre bébé.

Il est 8h03, et notre monde s'écroule ...

ONCE AGAINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant