CHAPITRE 44 - ALICE

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Les mots ont été difficiles à sortir. J'ai eu beaucoup de mal à m'exprimer sur ma fausse couche.

La présence de Matthieu et sa patience ont été salvateur de mon mal être.

Grâce à lui, j'ai pu surmonter un peu ma tristesse.

J'ai aussi découvert une autre facette de cet homme. Cette perte l'a aussi profondément affecté.

Ma tête est dans un brouillard complet, mon cerveau dans un état de chaos total...

Des sentiments contraires se livrent une bataille sans merci dans mon âme.

Tout d'abord, sur mon souhait d'être à nouveau mère. Dès la naissance d'Eden et de la révélation de son handicap, il a été clair pour moi que je ne voulais pas d'autre enfant.

Cette décision je l'ai prise seule, sans même en parler à Romain. Je savais qu'il ne comprendrait pas.

Apprendre que son bébé porte des obstacles à son bon développement est une épreuve que je ne souhaite à personne. Même pas à mes propres ennemis.

La déchirure est telle dans votre cœur, que vous devez faire le deuil de ce que vous avez rêvé pendant neuf mois.

Je ne regrette rien, j'épaulerais Eden du mieux que je peux jours après jours, années après années.

Mais plus jamais je ne souhaite revivre ce verdict. J'ai bien trop peur de ce qu'il pourrait arriver de nouveau.

Pourtant il y a quelques jours, lorsqu'on m'a appris à l'hôpital que j'étais de nouveau enceinte, aucune once de panique ne s'est infiltrée dans mon corps. Je n'ai ressenti que du bonheur : des fines pointes d'euphorie sont venues piquer mon échine : un morceau de l'homme que j'aime était en train de prendre vie dans mon corps. C'est fou comme la présence de Matthieu dans ma vie, remet en cause toutes mes convictions de la plus merveilleuse des manières.

Mais ce sentiment de béatitude n'a été que de courte durée ...

Mes yeux se tournent instinctivement vers celui que mon cœur a choisi : Mathieu dort paisiblement dans le sofa à côté de moi.

Depuis mon retour à la maison, il a été présent à chaque secondes. Il m'a soutenu dans mes larmes, dans mes remords.

Pourtant rien n'est plus comme avant. Ces gestes sont plus mesurés, comme s'il avait peur de me casser ou de me toucher.

Lorsqu'il prend la parole, il prend un temps fou à réfléchir à ses paroles. Comme s'il paniquait de dire quelque chose de travers.

Nous n'avons pas encore eu le courage ni l'un, ni l'autre d'aborder le sujet de notre relation.

Pourtant il le faut bien.

Une question ne cesse de tourner dans ma tête : Aurait-il repris contact avec moi si je n'avais pas été à l'hôpital ?

J'ai besoin d'en avoir le cœur net. Je dois savoir.

Car pour moi, une nouvelle page se dessine. C'est avec certitude que Matthieu est l'homme dont j'ai besoin.

Cette évidence m'a sauté aux yeux lorsque je l'ai vu débarqué dans mon box aux urgences.

Je n'avais encore jamais ressenti de tels sentiments pour quelqu'un.

Même pas pour mon ex mari.

Avec Romain, notre affection a débuté d'un amour commun pour nos passions, nos métiers. Nos vies à mille à l'heure ne nous permettaient pas de nous voir tous les jours. Les rares moments que nous passions à deux, nos âmes étaient possédées par la passion. Le besoin irrépressible d'assembler nos corps.

Avec le recul, je me rends compte que ma grossesse, a propulsé notre attachement mutuel au stade de relation mari et femme bien trop vite. Sans avoir pu passer par les cases intermédiaires. Peut-être, est-ce cela la raison de l'échec de notre mariage.

Avec Matthieu, je sens que tout est différent. Nous avons bâti pas à pas notre relation. Nous aimons discuter ensemble de tout et de rien. Nous aimons passer du temps ensemble, mais aussi il aime passer du temps avec Eden. Et ça c'est le plus beau des cadeaux.

J'ai aussi ce besoin viscéral de le voir tous les jours. Qu'il intègre mon quotidien.

Dans notre bulle silencieuse à l'hôpital, je me suis rendue compte que sa simple présence avait réussi à calmer mes angoisses. Que ma tristesse avait pratiquement été absorbée par ses doux yeux bleus.

Mes choix, mes obstacles dans ma vie, m'ont permis d'avancer, de me relever et d'aimer à nouveau encore une fois

Il m'en aura fallu du temps, et des épreuves pour admettre qu'aimer éperdument une personne, ce n'est pas renoncer à sa liberté. C'est savoir la partager.

ONCE AGAINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant