CHAPITRE 41 - MATTHIEU

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Lorsque j'ouvre les yeux, je mets quelques secondes avant de me rappeler où je suis. En tournant la tête à gauche, je vois Alex, sourire de toutes ses dents. Enfin plutôt se moquer de ma tête.

"Alors la belle au bois dormant, c'est à cette heure là qu'on se réveille !"

J'essaie de me redresser un petit peu sur le siège, mais des dizaines de marteaux tapent dans mon crâne.

"Et oui, tu picoles et après tu ne te souviens plus de rien !"

"Qu'es ce qui s'est passé ?"

"Ba on a commencé à discuter entre hommes de ta relation avec Alice. Puis tu as commencé à boire, à pleurer, à appeler Alice sur son téléphone, à lui laisser des messages vocaux d'excuses. Puis finalement tu es tombé de fatigue, alors je t'ai ramené à la voiture pour reprendre la route."

"J'ai pleuré ?"

"Ouais mec, comme un bébé ! Du genre "Alice, mais pourquoi m'as tu laissé ? Bla bla bla"

"Je vois, tu te fou de ma gueule ?"

"Oui, mais qu'es ce que c'est marrant de te faire gamberger ! Par contre j'étais sérieux quand je te disais que tu l'avais appelé pleins de fois en lui laissant des messages."

"Oh putain ! rappelle moi de ne plus partir avec toi en week-end. Nous sommes où d'ailleurs ?"

"J'ai bien roulé ce matin, pendant que tu te la coulais douce. Nous sommes arrivés dans à peine une heure"

Je prends mon portable dans la poche de ma veste. Je veux voir de mes propres yeux mes appels en détresse à Alice. Ah oui effectivement : dix appels sortants pour Alice. Tout ça en moins de trois minutes.... un vrai serial lover.

Je m'apprête à ranger mon portable, lorsqu'un numéro inconnu m'appelle. J'hésite à répondre, après tout si c'est un de mes patients cela peut attendre. Seulement, un mauvais pressentiment remonte mon échine.

Je décroche avec la peur au ventre.

Au bout du fil, une respiration rapide se fait entendre, comme si quelqu'un était en train de courir. Et enfin une fois essoufflée prend la parole.

"Je suis bien sur le portable de Matthieu ?"

"Oui, qui êtes vous ?"

"Je suis Andy, la meilleure amie d'Alice"

Elle n'a pas fini sa phrase, que déjà mon corps se tend.

"Matthieu, il faut que tu viennes vite, Alice est à l'hôpital"

Mon coeur loupe un battement sur ces mots. J'ai dû mal à le reconnecter à mon cerveau. Je ne sais pas si plusieurs secondes ou plusieurs minutes passent sans qu'aucun son ne sorte de ma gorge.

J'entends qu'une voix qui paraît lointaine m'appelle. Est- ce celle de mon meilleur ami ou celle d'Andy, je ne sais pas. Mais cela à le mérite de me remettre sur l'instant présent. Je reprend la conversation au téléphone à bout de souffle, comme si j'avais couru un marathon.

"Que lui est-il arrivé ? Est- ce qu'elle va bien ?"

"Je ne sais pas ... Elle est à moitié inconsciente, elle souffre beaucoup. Les urgentistes viennent de la prendre en charge. Elle a juste eu le temps de me demander de t'appeler. Elle a vraiment besoin de toi."

"Envoi moi l'adresse par message, je fais au plus vite. Dis lui que j'arrive"

Je raccroche. Je suis dans un état second, je ne sais plus comment remettre en ordre mes pensées.

"Qu'est ce qui se passe Matt ?"

"Alice est à l'hôpital. Il lui est arrivé quelque chose"

Des frissons remontent dans tout mon corps. L'entendre au téléphone est une chose, le dire à voix haute, en est un autre. La situation devient réelle, lorsque je le dis à Alex.

La sonnerie m'annonçant un message me ramène au présent.

L'adresse est là sous mes yeux : clinique de Pornic.

Alice est à Pornic. Pendant tout ce temps, elle était dans cette ville où nos deux âmes se sont dit qu'elles s'aimaient quelques semaines plus tôt.

ONCE AGAINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant