CHAPITRE 42 - ALICE

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Je suis si fatiguée, épuisée.... Je suis étendue sur ce lit d'hôpital en attendant mes résultats. A mes côtés, Andy me soutient.

Je n'ai pratiquement plus de douleurs, et j'apprécie pleinement les effets des anti douleurs qu'on m'a administrés.

Pourtant, si mon corps se sent soulagé de cette accalmie, ma tête ressens un vide que je ne comprends pas.

Ma meilleure amie, me tient toujours la main, comme si elle essayait de me transmettre sa force.

"Tu m'as fait tellement peur ma belle. J'espère pouvoir effacer vite de ma mémoire, les images de ton corps agonisant sur le carrelage de ta salle de bain."

"Je suis désolée de t'imposer cela Andy. Merci d'être à mes côtés."

"Best friends forever !"

Son sourire me réchauffe le cœur.

Son téléphone vibre, témoignant l'arrivée d'un nouveau message.

"Je reviens Alice."

********

Quelques minutes plus tard, ce n'est pas Andy qui rentre dans le box d'examen, mais une carrure d'homme que je connais si bien. Pendant un instant, j'ai l'impression de voir un mirage. Mon corps est tellement en manque de son être, que mon cerveau a imprimé dans mes rétines, son image.

Un son, une voix, une douce intonation me ramène à la réalité.

"Alice ..."

Mon prénom n'est qu'un murmure.

Et là, je le vois, dans le présent, dans mon monde actuel. Matthieu n'est pas un rêve, il est bien là devant moi. Il est beau comme dans mes souvenirs. Pourtant son visage est tourmenté.

Je n'ai encore jamais vu son regard empreint de ces émotions : de l'inquiétude puissante, de l'émotion transpirant de tous ses pores et un voile couvrant ses beaux yeux bleus.

Des larmes menacent de dévaler ses joues.

Je ne l'ai jamais vu pleurer.

Il reprend la parole. De mon côté je n'arrive pas à sortir un seul son de ma bouche. Je suis tellement sous le choc, mais à la fois reconnaissante, qu'il soit à mes côtés, que je n'ose pas briser cet instant.

"Je suis venu aussi vite que j'ai pu."

Il avance vers moi avec prudence. Je vois dans ses yeux son dilemme : il ne sait pas s'il a le droit de me toucher, si je lui en donne la permission. D'un simple hochement de tête, je lui fait comprendre qu'il peut. Il tombe à genoux, à côté du brancard. Il prend ma main dans la sienne et pose son front dessus.

"L'appel d'Andy m'a fait tellement peur. Je peux à peine respirer".

Son aveu me prend de court. Je m'apprête à répondre, quand un médecin fait irruption dans notre bulle.

"Monsieur et Madame James, je suis le Docteur de garde. C'est bien que votre mari soit présent".

Je n'ai pas le temps de le contredire sur mon statut matrimonial, ni sur Matthieu, qu'il poursuit sa phrase.

"Je ne sais pas comment vous l'annoncer, car il n'y a pas de bon moments, ni de bons mots pour aviser ce genre de chose : vos saignements sont bien liés à votre grossesse. Nous allons faire une échographie de contrôle, mais au vu de la quantité de sang que vous avez déjà perdu, je pense que votre bébé n'est plus là."

Il me faut un certain temps pour prendre le sens de ses mots.

grossesse ? bébé ?

Non c'est impossible.

"Docteur, vous devez faire erreur, je ne suis pas enceinte."

Matthieu, qui est toujours à mes côtés, est aussi perdu que moi.

"Ohhh je vois... Vous n'étiez pas au courant...

Selon les résultats de votre prise de sang, vous étiez enceinte de trois mois.

Les vomissements, douleurs et saignements sont souvent signes d'une fausse couche."

Mes larmes commencent à dévaler mes joues. Je crois que je commence à prendre conscience des paroles du médecin. Je n'ose pas tourner la tête vers Matthieu. J'ai peur de ce que je pourrais y lire.

"Je vous laisse avec votre mari. Je reviens dans quelques instants avec le gynécologue pour une échographie de contrôle. Si vous ressentez le besoin d'en parler, notre équipe est là pour vous."

C'est une fois le rideau tiré, que la panique entre dans mon corps. J'ai envie de me rouler en boule, pour compresser la douleur qui est apparue dans mon cœur.

Je me tourne sur le côté, en position foetal. Mon inconscient me dit de ne pas me mettre dans cette position, de peur de faire mal au bébé. Mais mon cerveau reprend vite le dessus : à quoi bon penser à cela, il ne respire plus....

********

Matthieu essaie tant bien que mal de m'apporter son soutien, en me prenant dans ses bras. Mais je suis hermétique à tous ses gestes. Ma peine prend toute la place.

Une femme entre dans le box, poussant un petit ordinateur posé sur une table à roulette. Je comprends tout de suite que le plus dur reste à venir. Elle va me faire une échographie.

La professionnelle se présente et s'installe. Elle a la décence de ne pas tourner l'écran vers mes yeux. Je tourne même la tête à l'opposé de peur que mon regard voit à travers le matériel.

La sonde se déplace sur mon ventre. Le silence règne dans l'espace. Aucun son ne sort... Même pas celui d'un battement de cœur....

ONCE AGAINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant