ONCE AGAIN

CHAPITRE 9 - MATTHIEU

Dix-neuf heures enfin ! Je ferme le cabinet après avoir raccompagné mes derniers patients. L'avantage de ce local, c'est que mon appartement est situé juste au-dessus. Et quand les journées sont aussi chargées que celle-ci, quel plaisir de n'avoir que quelques marches à monter avant de pouvoir s'étaler sur le canapé !

Je soupire de douleur. Mes muscles sont endoloris. J'ai enchaîné les rendez-vous toute la journée. Je n'ai même pas pris de pause déjeuner. Je ne refuse jamais un nouveau patient, alors les pauses ne font pas partie de mon planning pour le moment. J'adore mon travail. Je pense que j'aime et j'ai besoin de savoir que je suis utile pour ces personnes. Surtout lorsqu'il s'agit des enfants. J'essaye de faciliter leur quotidien et les pousser vers le progrès pour les rendre plus autonomes dans leurs mouvements.

Cette profession, je l'ai découvert par hasard. Après l'abandon de ma carrière sportive, il a fallu que je trouve un plan B. J'avais certes des facilités à l'école, mais je ne m'étais jamais vraiment penché sur le métier que j'aimerais faire. Pour moi, seul le sport comptait à mes yeux. Je voulais en faire ma carrière et rien d'autre ne comptait.

Malheureusement, rien ne se passe comme prévu. Alex a toujours été à mes côtés et ce depuis la primaire. Alors quand il a décidé de partir sur Nantes pour poursuivre des études de médecine, je l'ai suivi.

A notre arrivée, nous avons trouvé une colocation en plein centre ville. C'est là que nous avons rencontré Gab. Il cherchait de nouveaux colocataires, alors on ne s'est pas fait prier et on a sauté sur l'occas !

L'appart était cool et le loyer défiant toute concurrence. C'est comme cela qu'on est devenu le trio de choc.

Karl n'a pas tardé à agrandir notre équipe : il possède un bar à quelques minutes d'ici. C'est le repère pour tous les jeunes étudiants du coin. Et on n' a pas fait exception ! De soir en soir, on a appris à le connaître. Il m'a offert aussi mon premier job étudiant. Et oui, j'ai fait quelques services en salle avant de trouver ma voie.

Gab, lui, était en deuxième année à l'école de kinésithérapie lorsqu'on a élu domicile chez lui. C'est tout naturellement qu'il a commencé à me parler de son école, de ses études. De fil en aiguille, il m'a convaincu de faire un essai et de m'inscrire dans son cours la rentrée suivante.

Ce fut une bouffée d'air pour moi : j'avais enfin trouvé un centre d'intérêt qui me permettait d'occulter le passé que j'avais laissé derrière moi. Je me suis plongé à corps perdu dans mes études. J'ai fini mon parcours avec d' excellents résultats. J'en étais très fier ! Et mes parents aussi au passage. C'est ce qui m'a permis d'obtenir ce cabinet en centre ville.

Cette ville manque cruellement de spécialistes. Elle a donc rénové plusieurs locaux et logements au-dessus pour les mettre à disposition des jeunes promus.

Je suis fier de ce que j'ai accompli ici. Seulement, une chose me manque : la solitude commence à me peser. Cependant je refuse de céder aux sentiments amoureux.

Je ne suis capable que de combler des désirs charnels, rien de plus. Erinn est la nana parfaite pour cela. Nous avons les mêmes convictions. Elle a été embauchée dans le bar de Karl quelques semaines après moi. On s'est lié d'amitié rapidement, et le reste est arrivé aussi prestement. Elle ne recherche rien de sérieux et cela me convient parfaitement !

Dès qu'on a un moment de libre en commun, on le passe à se donner du plaisir mutuellement : un moment hors du temps, où seuls les soupirs de satisfaction ont leur place.

Je passe mes mains dans mes cheveux en repensant à notre dernière entrevue....

Une ombre sur ma peau m'appelle à détourner le regard vers elle :