CHAPITRE 18 - ALICE

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J'ai l'impression de planer depuis quelques jours.

Cette soirée au bar s'est terminée comme je le souhaitais : dans les bras de Matthieu.

Ma féminité est enfin remise sur le devant de la scène. Cela fait si longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi femme, aussi désirée. J'apprécie la sensation de plaire à quelqu'un et d'en jouer.

J'aime lorsqu'il me regarde avec désir et envie. Bon soyons honnête la soirée ne s'est pas achevée comme je l'avais prévu mais j'en ai que faire, car depuis Matthieu a enfin laissé tomber ses barrières. Lui qui est dans le contrôle constamment, je le surprends à aimer cette attraction entre nous : nos doigts qui se mêlent entre eux, son sourire enjôleur quand il m'enlace, ses baisers humides sur ma peau. Il ne s'est pas renfermé sur lui après notre rapprochement, et ça c'est un grand pas en avant !

Attention, il n'en reste pas moins ultra professionnel lorsque nous nous voyons pour les rendez-vous d'Eden ! Il adore son travail, et il est très important pour lui de séparer vie privée et vie professionnelle. C'est tout à son honneur.

D'ailleurs les consignes ont un peu changés pour les séances de mon fils : dorénavant il travaille seul avec lui. Je suis priée de rester sagement dans la salle d'attente. Cela ne me dérange pas, il a toute ma confiance.

Apparemment, Monsieur serait troublé de travailler, quand je suis dans les parages.

Hummm... petit joueur.

Mon désir charnel pour lui n'est pas encore assouvit pour autant. J'en veux toujours plus avec lui. Mais nos moments à deux sont rares voir quasi inexistants.

Il faut être réaliste, le quotidien prend largement le dessus sur notre attraction.

Nous nous sommes autorisés une sortie rien que tous les deux récemment. J'avais oublié cette insouciance et cette légèreté ressenties. Il m'a pris la main et ne l'a pas lâché de toute la soirée. J'ai adoré cette proximité, cette sensation de compter aux yeux de quelqu'un.

Moi qui pensais que mon coeur était en convalescence, je suis heureuse de savoir qu'il est encore apte à ressentir. J'éprouve un profond attachement pour Matthieu, même si je ne sais pas encore où va nous mener cette histoire. Une chose est sûre, mon passé ne me trouble plus, je n'y pense plus.

********

Ma bonne humeur s'est envolée quelques jours plus tard...

Je suis dans la salle d'attente de mon kiné préféré.

Matthieu est en séance avec Eden juste à côté.

Mon téléphone vibre dans ma poche.

En allumant l'écran, je vois que j'ai reçu un message d'un numéro inconnu.

Une sensation désagréable me saisit. Mon corps se met en alerte et se raidit.

Sans avoir ouvert le message, je sens que celui-ci ne va pas me plaire.

Je devine que c'est lui.

Quel mauvais timing ! C'est fou, il faut qu'il réapparaisse quand ma vie semble trouver enfin un bon équilibre !

Alice, ma douce Alice,

Je te prie de m'excuser pour mon absence, pour mes erreurs.

Je suis de retour en France, et je souhaiterais que nous nous parlions.

J'ai tant de choses à te dire, tant de choses à me faire pardonner.

Accepte ce rendez-vous je t'en supplie.

Ton mari qui t'aime, Romain.

******

Je bous littéralement à l'intérieur de moi. Il me faut rassembler tout son self contrôle pour ne pas exploser sur le champ. Pourtant je sens que je suis sous pression : mes jambes tremblent, mes doigts serrent plus que nécessaire le portable que j'ai entre les mains. Mes yeux n'arrêtent pas de relire encore et encore les mots inscrits sur l'écran. Puis, peu à peu, je les perçois de moins en moins. Ma vue se brouille. Je sais que je suis en train de perdre les pédales, et de pleurer.

Moi, qui était forte depuis plusieurs mois, qui avait décidé de tourner la page, voilà que mon passé me revient en pleine figure. Et surtout, qu'un seul message de lui, me retourne complètement le cerveau.

Plusieurs émotions me submergent en même temps :

De la colère, car son message est sans une once de sentiments pour son fils : à aucun moment il ne demande de ses nouvelles.

De la nostalgie : sa signature "ton mari qui t'aime", me ramène à la réalité. Oui, il est toujours mon mari. Est- ce que j'ai encore des sentiments pour lui ? Bien sûr que oui, il est le père de mon enfant et a partagé ma vie pendant plusieurs années.

De la résignation : Cela devait arriver un jour ou l'autre. Bien sûr que nous devons parler ensemble. Mais je ne suis pas sûre d'être prête à lui faire face.

Une confusion totale me prend par surprise.

Je viens de me rendre compte, que malgré toute ma détermination, on ne peut pas oublier son passé juste en appuyant sur le bouton "reset".

La séance d'Eden va bientôt se terminer. Je ne veux pas qu'il me voit triste. Il m'a tellement vu de fois en pleurs, que je refuse dorénavant de me laisser aller devant lui. J'essuie rageusement les dernières larmes. Romain n'en mérite aucune de toute façon.

En croisant mon regard dans mon miroir de poche, on peut voir mes yeux rougis, et mon teint terne sans conteste. J'essaie de me pincer les joues pour avoir meilleure mine.

La porte s'ouvre à cet instant. Le sourire communicatif de Matthieu dans l'encadrement de l'entrée, me ramène à la réalité et me réchauffe le cœur instantanément.

ONCE AGAINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant