Fragment 0 : Après la fin

21 3 0
                                    

Fragment 0 : Après la fin


Je suis cachée à l'orée du sous-bois. La nuit est tombée. Les phares de la voiture apparaissent au loin, illuminent l'asphalte, s'éteignent sur les murs de la maison. Je le vois descendre du véhicule. Mince ! il est accompagné. Son petit ami est avec lui.

Ils entrent. Il arrive au seuil du salon, dépose ses clés dans le panier, découvre ma lettre.

« Veuillez me pardonner. J'ai conscience que faire ça ne changera rien à ce monde. D'autres vous remplaceront, encore et toujours. D'un certain point de vue, vous êtes aussi sa victime. Mais c'est la seule révolte qui me reste. Alors, pardon, sincèrement. »

Je l'observe froncer les sourcils. Pendant ce temps, son copain s'approche de la cuisine :

- « Tu trouves pas qu'il y a une odeur bizarre ? » renifle-t-il, perturbé.

Le superviseur pâlit d'un coup, hurle : « Non, Will ! »

Trop tard, Will a allumé la lumière, activant le piège. L'explosion déchire les ténèbres, les vitres volent en éclats. J'en ressens la brûlure.

Tout n'est plus que flammes, glaçantes d'effroi. Soudain, une forme torturée émane de la fenêtre, bascule, s'écrase dans l'herbe et la boue, et se redresse, inhumaine. « C'est Will », jure mon esprit. Il titube, à chaque pas délaisse des lambeaux incandescents derrière lui. Bientôt il s'effondre, mais avec je ne sais quelle énergie, dans je ne sais quel but, s'obstine à ramper vers moi.

Je suis tellement désolée, vraiment. Je ne te voulais pas là-dedans. Je suis sûre que tu me vois, à travers tes orbites ardentes. A mi-chemin, il s'immobilise, s'affaisse. C'est fini, enfin.


Je demeure figée. Je ne peux pas bouger. Il le faut. C'est mieux comme ça, mon frère. C'est mieux comme ça. Tu ne m'auras plus sur le dos. Je suis aussi devenue son monstre. Nul n'y échappe. J'espère qu'elle me laissera écrire là où elle m'emmène.

Mon regard ne quitte pas le feu qui dévore Will. Je perçois à peine les sirènes qui colorent le gazon. Les pistolets en uniforme me saisissent :

- « Don't move, you can't escape! C'est terminé ! »



Quelques semaines plus tôt

Un dernier incendie dans la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant