Fragment 2 : Gardez le smile !
Une salle verte olive. Dix personnes s'affairent sur une rangée de bureaux cloisonnés.
- « Votre poste aujourd'hui. Peut-être aussi demain. »
Il m'amène à un tabouret :
- « Look at ce smiley sourire. L'objectif : appuyer dessus le plus possible. Allez go ! give everything pour votre première journée ! » m'exhorte-t-il d'un clin d'œil.
Il commence à partir :
- « Ah ! la normale est de vingt mille pushes à l'heure, un peu au-delà de cinq par seconde. Rappelez-vous : la paye de vos collègues dépend de votre moyenne à toutes ! »
Il quitte la pièce et la porte nous enferme.
Je reste interloquée au milieu des clics frénétiques.
- « Qu'est-ce tu fous ? Au boulot ! suis la cadence ! »
Je sursaute, me ressaisis. Je me mets à marteler le bouton, impassible, l'esprit entier concentré vers ce toucher. L'index fatigue, le majeur lui succède, puis un autre, et encore un autre... Ma main brûle terriblement, la gauche la relaye. Quelques exercices de détente musculaire...
- « Oh ! la nouvelle ! on s'active ! C'est quoi cette chiffe ?
- Je compte sur vous les filles pour mon loyer, pas de bras cassés ! »
Je lève la tête. Au mur, un écran affiche les stats en live. La meilleure caresse les 8/s et moi 2,4... 2,3... Mince ! alors que j'observais le tableau, j'ai arrêté d'appuyer. Je recommence, courbée sous les regards courroucés.
Le temps passe, pas la douleur ; je serre les dents, grimace, jette un œil. 1,9. Bon sang ! j'essaye d'accélérer, mais mes doigts n'obéissent plus, ils sont tétanisés, ricochent sans s'enfoncer.
Soudain, une paume à mon épaule. Une des cliqueuses :
- « File ! tu nous pénalises trop.
- Tu veux que je bosse à ta chaise ? dis-je mollement.
- Non, j'ai largement dépassé mes objectifs, moi. »
Midi sonne. Je tressaille, fébrile.
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Un dernier incendie dans la nuit
ContoUne maison en feu dans la nuit, des policiers qui m'arrêtent, après neuf vies à tenter de vivre, à essayer de travailler comme on le voudrait de moi. C'est la fin d'un cauchemar terrible et absurde. Ce qu'il adviendra ensuite, je n'en sais rien - ma...
