Postface

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Postface : 

C'est la première fois depuis mon premier roman que j'adjoins en conclusion un commentaire direct, sûrement parce que l'accouchement de la présente nouvelle fut mentalement déstabilisant et que j'ai peur que sa lecture le soit autant. Je n'ai vraiment pas envie de faire ressurgir chez certaines personnes des traumatismes. Il y a assez de souffrance en ce monde. Je me suis interrogée longuement si je devais ou non publier ce texte, et ce jusqu'à aujourd'hui. Mon deuxième livre, jugé bien trop délicat, subit déjà une autocensure intégrale. Après réflexions, j'ai décidé d'ajouter ici un avant-propos sous forme d'avertissement, de rédiger un questionnaire de ressentis à mes primo-lecteurices et d'ériger cette postface pour y déposer mes incertitudes et mes regrets. 

A mes yeux, ce récit a quelque chose de profondément obscène. Il me met à nue comme d'autres auparavant, mais sur des sujets encore plus prosaïques et sensibles, où s'associent beaucoup de sentiments de dévaluation de soi. Ouvrir ce moi honteux, présenter un tel misérabilisme cru et ridicule ne pouvait s'opérer qu'avec une protagoniste elle-même complètement consciente de sa situation et s'en tenant durement responsable. 

A l'origine, l'immense majorité de cette histoire, son ossature et de nombreux détails, provient d'un cauchemar harassant, auquel j'y ai mêlé un rêve ultérieur et des éléments appropriés dans l'espoir de rendre le tout moins anxiogène. Malgré cela, je n'ai pas réussi à m'extraire du pathétique et proposer une résolution qui ne soit pas sinistre. J'aurais pourtant préféré – au minimum, l'amorce d'une solution ! J'ai essayé, je bloque. Au fond de cette nuit, je n'arrive pas à voir le jour se lever. Je suis rarement autant perturbée et aussi peu satisfaite de ce que j'ai écrit, et cette impression d'errance et de culpabilité continue de m'accompagner. J'espère que l'avenir me donnera tort, que cet incendie ne sera pas le dernier et qu'au bout l'aube poindra. Allons, ressaisissons-nous ! Elle poindra forcément. 

– 26 février 2024

Un dernier incendie dans la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant