Fragment 18 : La fin
Je pose les fils et le briquet à moitié démonté avec précaution, me tourne vers la gazinière. L'odeur commence à se répandre. Je reste là, debout dans cette pièce-tombeau, l'œil en direction de la porte fermée qui mène au salon. Pourquoi ici ? pourquoi s'introduire chez l'effroyable manager ? il n'est pourtant pas responsable de tout ça ! Seulement mes heures sont comptées et le symbole à sa clarté... Il n'y a qu'à attendre, qu'il débarque, aperçoive la lettre. Le ciel rougeoie. Il ne devrait pas tarder. J'essaye de me concentrer sur la respiration ; mon cœur brûle mes oreilles, me fait chanceler. Il s'agit de ne pas se rater.
Les minutes s'allongent, la nuit tombe. Mes doigts effleurent l'interrupteur. Ne pas oublier où il est. Il faudra que je sois forte. Au fur et à mesure que l'obscurité m'évanouit, une inquiétude émerge, que l'explosion soit trop grande, que lui aussi soit tué à cause du souffle. Je tente de penser à une chose agréable, en pure perte. Puis l'angoisse bondit : moi, en flammes. L'image m'a transpercée. Et en un éclair, cette souffrance, cette souffrance incommensurable me terrorise ; soudain j'ai peur de mourir, à en crever. Je ne veux pas mourir, je ne veux plus mourir ! Ma chair se met à trembler, des mouvements irrépressibles et exponentiels. Non, non, non ! c'est l'unique solution ! Mais je ne contrôle rien, et noyée, asphyxiée de sanglots, mon âme s'enfuit, court à travers la salle à manger, s'engouffre par la fenêtre forcée.
J'essuie mes larmes, mon corps tétanisé se redresse je ne sais comment. Quelle minable ! je n'y arrive même pas ! Je hoquette, me découvre à la lisière du bois. Je n'ai pas le temps de saisir ce qu'il vient de se passer, que j'ai laissé la cuisine entrebâillée, que le gaz continue de s'échapper ; sur mon visage rougi apparaissent les terribles lueurs de la voiture.
Fin
17 novembre 2022 – 22 mars 2024 M dQF
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Un dernier incendie dans la nuit
ContoUne maison en feu dans la nuit, des policiers qui m'arrêtent, après neuf vies à tenter de vivre, à essayer de travailler comme on le voudrait de moi. C'est la fin d'un cauchemar terrible et absurde. Ce qu'il adviendra ensuite, je n'en sais rien - ma...
