Fragment 1 : Prélude au crépuscule

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Chapitre 0 : « La huitième tentative » - Le temps d'une vie 


Fragment 1 : Prélude au crépuscule


Je m'agite nerveuse dans le recoin d'une salle d'attente habillée par le tic-tac oppressant de l'horloge. Je suis seule ; hélas, ça ne durera pas.

Une porte s'ouvre, un col roulé saupoudré d'une barbe mal rasée me fixe, dossier à la main : 

- « Madame. C'est à nous. » 

Je sursaute, balaie la pièce pour être sûre qu'il s'adresse bien à moi. Oui.

- « B-bonjour. 

- C'est un bon début ! Entrez ! fissa ! »

Il me pose sur une chaise en plastique et s'installe négligemment sur le bureau, le tapote du doigt, marque un clin d'œil. Je ne comprends pas. Il insiste, plus fort, au point de me faire ciller. S'il continue, j'ai peur de craquer.

- « Vous avez vu ? 

- De ? 

- J'ai remporté le trophée du mois au tournoi de l'entreprise en Versus Fighting ! claironne-t-il. Vous vous touchez en Versus Fighting ? 

- Heu... non, pas vraiment. »

Son sourire s'évade vers un ton sérieux : 

- « Parlons vite, parlons productif. » Ses phalanges frappent la chemise cartonnée : « Votre CV, lettre de motiv', mouais... Une reco de votre frère... il est bien noté. Je pense qu'on peut vous mettre à l'essai. Dès aujourd'hui.

- Ah ? vous avez lu..? » 

Il saute du bureau : 

- « Venez ! » 

Je le poursuis dans un défilé de couloirs. Il me scande les règles en vigueur. Je peine à le talonner, à ne pas me prendre les pieds, me cogner au matériel. Le sol change de couleurs non-stop : chaque corridor, chaque pièce a sa propre teinte, en rupture avec la précédente. La nausée.

- « ... Pause pipi : une par demi-journée max. Lunch : midi – une heure, zéro retard. On n'est pas là pour jacter. Cadence is key. Les tire-au-flanc, ils restent chez eux : ici, on s'investit à 200%, sinon la porte... c'est ça, l'esprit ! c'est ça, la magie..! »

Sans prévenir, il s'immobilise ; je réagis trop tard, lui rentre dedans : 

- « Oh pardon ! » 

Il me sourit :

- « Pas grave..! mais ne refaites jamais ça. Nul rouage ne doit gripper, ou toute la machine sera malade. » 

Je déglutis, une vague de froid me submerge.

Un dernier incendie dans la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant