𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑

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Aylin

— Aylin... C'est toi...

Oh non, il ne manquait plus qu'elle...

Alya.

Ma cousine... À qui je n'ai plus le droit de parler. Mais sans tenir compte de ma volonté et de celle de ma famille, elle se met à débiter à toute allure, comme si j'assistais à son procès.

— Je suis désolé, il faut que tu me croies ! Puis ce n'est pas uniquement de ma faute, c'est surtout celle du motard !

Elle se cherche encore des excuses. Certes ce n'est pas que de sa faute et Dieu sait que j'exècre ce motard, mais elle aurait dû être honnête avec moi sur le nombre de verres qu'elle avait bu.

— Alya, je ne veux plus en parler, s'il te plaît laisse-moi.

— Bon ce n'est pas que vos disputes familiales ne m'intéressent pas, mais je vais regarder dans quelle classe on est ! s'exclame Alec en tentant de fuir.

Ce n'est pas de refus, je suis d'humeur fracassante là. Il me lâche le bras et va accomplir sa tâche.

Alya, elle, en profite pour attraper mes mains dans les siennes.

— Mais on est cousine toi et moi. On est amies...

C'est vrai que depuis 2 ans on passe beaucoup de temps ensemble. Elle a déménagé à Vancouver suite au divorce de ses parents. Quelques semaines seulement après le départ de Louis.

Sa présence m'avait fait beaucoup de bien.

— Tu ne vas quand même pas couper les ponts avec moi juste pour ça ?

Juste pour ça ?

Comment ose-t-elle ?

— Juste pour ça Alya ! fulminé-je. Juste pour ça ? Mais tu crois que j'ai juste un doigt cassé ou quoi ? J'ai perdu la vue Alya, tu comprends ça ?

Je ne parviens pas à dire à voix haute le mot "aveugle" pour l'instant. C'est bien plus difficile que je le pensais. Car le dire, c'est admettre que c'est définitif. C'est l'accepter. C'est m'y habituer. Et je ne suis pas encore prête.

La rage bouillonne en moi et pourrait tout consumer autour de moi si je la laissais se libérer. Je sens les larmes, la peine me submerger. Mais il faut que je reste forte.

Je suis forte.

— Je...Je...Je...

— Oui ben continue de bégayer dans ton coin et laisse-moi tranquille. Je ne suis pas d'humeur.

— Mais...

J'entends la peine dans sa voix. Les remords aussi. Cependant il me faudra du temps pour lui pardonner. Bien plus que deux mois.

Je l'entends souffler, puis s'en aller comme si de rien n'était.

C'est ça, part, toi aussi !

Je suis de nouveau à cran. J'avais pourtant réussi à me calmer. Tant pis. Foutu pour foutu.

J'essaie de reprendre mes esprits et de me concentrer sur le plus important.

Faite qu'on soit dans la même classe avec Alec, je vous en supplie.

Je ne peux pas supporter cette année sans lui.

Je suis tout sauf une petite chose fragile, mais c'est une évidence, je suis vulnérable si quelqu'un veut me faire du mal. Bien sûr, c'était ma décision. J'aurai très bien pu aller dans cette école spécialisée pour les malvoyants, mais cela aurait été abandonné Alec seul ici et je ne pouvais m'y résigner.

BLINDLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant