𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟒

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Vancouver, Canada

Aylin

— Aylin, comme tu m'as manqué. Tu pensais pouvoir m'échapper ?

Sa réponse me paralyse. Toutes les parties de mon corps s'engourdissent. La bile remonte dans mon œsophage. J'ai envie de vomir. Je ne veux pas le sentir sur moi. Je ne veux pas le sentir tout court. Son haleine empeste l'alcool.

Il est très lourd. Trop lourd en réalité. Il me fait mal. Pierre veut me faire mal. Je le ressens au plus profond de mon cœur, je suis en danger. Soudain, sa main me caresse la joue et je commence à frissonner de peur.

Ne me touche pas !

Mes mots ne veulent pas sortir de ma bouche, comme si ma langue était anesthésiée. Pourtant, à l'intérieur, je hurle de toutes mes forces. Le mutisme dont je suis victime me détruit. Pourquoi ? Pourquoi mon corps ne m'obéit plus ? Il faut que je lui dise d'arrêter, mais l'angoisse qu'il devienne encore plus violent me consume.

— Je te retrouverais toujours, Aylin, parce que je te veux, murmure-t-il sournois.

Mon souffle se coupe. Alors que sa voix devient un sifflement dans mes oreilles, je tente de me défaire de sa prise. Mais, à mesure que son corps étouffe un peu plus le mien, je réalise que je suis piégée. Dans ma cage thoracique, mon palpitant explose ; il tambourine et fragmente le moindre espoir de m'en sortir vivante.

Pierre s'apprête à me tuer.

Chacun de mes membres est immobilisé par la terreur qui m'envahit. Ses respirations saccadées perforent mes tympans. J'ai peur. Je suis rongée par une crainte sans précédent. Ma respiration se coupe, je suis comme asphyxié par l'effroi qu'il provoque en moi. Mon cœur tambourine dans ma poitrine au rythme du désespoir grandissant qui m'assaille. Il me terrifie, je ne comprends pas ce qui m'arrive. Chaque cellule de mon anatomie se fige, incapable de suivre mes ordres.

Soudain, il place une de ses mains sur mon sein et le choc que cette action crée délie ma langue.

— Dégage, crié-je horrifiée tandis que mon cerveau se met à imaginer le pire. Tu m'entends, Pierre, dégage !

Quand il plaque violemment sa main sur ma bouche, mon estomac se retourne. Je ne peux pas respirer. Laissez-moi respirer... Je vous en supplie, j'ai besoin de respirer. Tout mon corps tremble sous son poids. J'ai envie de pleurer, de crier et de sangloter à chaudes larmes. Pourtant, ma bouche reste scellée, je n'arrive pas à prononcer le moindre mot. Je veux parler... je veux lui dire d'arrêter...

Il continue de promener ses mains sur tout mon être, comme si je n'étais qu'une vulgaire poupée de chiffon. Manipulée sans mon consentement, car ma voix ne compte pas. Chacun de mes membres est secoué par les sanglots.

— Arrête de bouger Aylin, ça va bien se passer, m'intime le monstre qui m'étouffe.

Tandis que j'aimerai pousser un long et strident hurlement qui m'arracherait les cordes vocales, je reste muette. Cette frayeur démesurée qui pulse en moi me bâillonne. Incapable d'émettre le moindre son, je concentre le peu d'énergie qu'il me reste pour tenter de me défendre.

Pendant que j'essaye de le griffer et de le frapper, il attrape mes deux mains avec une seule des siennes. J'ai beau me débattre, rien n'y fait, je suis impuissante face à lui. Ce constat menace de m'achever. Va-t-il me violer sans que je ne puisse rien y faire ? Ce n'est pas possible, dans quel cauchemar je suis encore.

— Alors, qu'est-ce que ça fait d'être piégé, Aylin ? lance-t-il d'un ton railleur, toujours plus cruel. Je vais pouvoir faire ce que je veux de toi dans cette chambre. Personne ne t'entendra crier. Personne ne viendra t'aider. Et même si tu me supplies, jamais je ne te laisserais partir.

BLINDLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant