𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐

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Vancouver, Canada

Aylin

À peine sommes-nous hors de la maison que ça ne rate pas.

— Alors, qu'est-ce que tu lui as dit ? demande Alec sans perdre une seconde après m'avoir pris le bras.

Et c'est reparti pour un tour.

— Rien d'important, rétorqué-je en secouant ma main libre. Juste qu'il était temps que je me trouve un nouveau meilleur ami.

Bien sûr, il ne perd pas une seconde pour passer à l'offensive.

— Tu ne me prendrais pas un peu pour un débile par hasard ? lance-t-il d'un ton vexé. Je te connais par cœur, depuis le temps et je suis sûre que tu n'as pas dit ça.

Un mal de tête commence déjà à naître en moi. Il est toujours aussi investi et observateur. Il adore tout analyser. En temps normal, il aurait compris que je blaguais. Il m'a l'air un peu sur la défensive aujourd'hui.

— Et pour ta gouverne, reprend-il avec malice. Sache que je sais très bien qu'Anne ça veut dire "maman" et que Tamam ça veut dire "d'accord" ou "ok". Alors à moins qu'en un mot, tu aies réussi à dire toute une phrase...

— Al, c'est bon, le coupé-je dans sa paranoïa. Je rigole !

Lui au moins, il ne se comporte pas différemment avec moi. Il est toujours prêt à tout pour me pousser à bout et me faire rire.

— Si j'étais toi, réplique-t-il d'une fausse voix menaçante. J'éviterais de rigoler avec moi ou je te promets qu'à la place d'avoir le plus beau gars de l'université pour t'aider, je m'occuperais personnellement de te trouver une canne et un chien pour malvoyants.

Oh. Je n'en reviens pas. Il a osé. Quel connard. Lui et son humour piquant. Il n'y va jamais de main morte, mais c'est comme ça qu'on fonctionne entre nous. Il ne pourra jamais réellement me blesser, parce que je sais qu'il n'en pense pas un traître mot. Mais chaque attaque, aussi petite soit-elle, mérite une contre-offensive.

— D'ailleurs, Al, en parlant de ça, tu n'aurais pas vu le plus beau gars de l'université ? raillé-je pour le piquer en retour. J'attends toujours qu'il vienne pour m'aider.

Qui a dit que la vengeance est un plat qui se mange froid ? Je suis fière de moi, car réussir à clouer le bec d'Alec Gomez, ce n'est pas un privilège donné à tout le monde. Il a toujours réponse à tout, sa répartie est sans égal. Il m'a appris beaucoup de choses sur l'éloquence. Notamment le fait que les mots renferment un grand pouvoir. Savoir les utiliser à bon escient peut permettre de charmer n'importe qui.

Alors que je pensais qu'il allait contre-attaquer, il me prend soudain dans ses bras. Cette douce étreinte suffit à me permettre de mieux respirer, à me sentir un peu plus en sécurité. Comme si, peu à peu, je retrouvais mes repères, comme si, peu à peu, la lumière faisait son retour dans mon univers.

— Tu m'as terriblement manqué, Ay, murmure-t-il, tout à coup empreint de sentimentalité.

— Toi aussi, tu m'as manqué, Al, répondis-je en resserrant mes bras autour de sa taille.

Alec est un peu plus grand que moi, il mesure 1 mètre 83. Moi, je suis à 1 mètre 75. Ce qui est déjà pas mal du tout. On se moquait souvent de moi à l'école à cause de ma taille. On m'appelait « Aylin la perche », il y a pire, donc je n'ai jamais rien dit. Même si ça me complexait durant une époque, ce n'est plus le cas aujourd'hui. La confiance en soi d'Alec s'est transmise à moi au fil des années.

— Ne crois pas que t'as réussi à me clouer le bec, m'avertit-il en me relâchant. Tu sais très bien que c'est parce que je t'aime, plus que je ne m'aime, que je te laisse cet honneur.

BLINDLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant