𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟒

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Louis

Je ne rêve pas.

C'est bien elle.

— Je suis désolé, vraiment, c'est juste que je suis...Je suis...

— Aveugle, terminé-je.

Dire ses mots me cause une peine immense. Ma cage thoracique se comprime. Il crie son prénom, sa souffrance et son malheur.

Elle a tellement changé. Pourtant mon cœur, lui, bat aussi fort qu'au premier jour. Ce visage. Ce corps. Cette voix. Cette main. Ce parfum. Elle m'a tant manqué que je dois me retenir pour ne pas la prendre dans mes bras et la serrer très fort.

Et cette fois, je ne la lâcherai plus jamais.

Jamais.

C'est fou tout ce qui peut changer en deux ans. Si on m'avait dit que je la retrouverai aveugle je n'y aurai jamais cru. J'ai mal à la poitrine. À cet organe que je pensais mort depuis deux ans.

Depuis que je l'ai quitté.

Elle ravive des souvenirs troublants. C'est comme si je rentrais à la maison après un long voyage.

— Oui, c'est ça, c'est pour ça que je galère un peu à retrouver la pièce que je viens de faire tomber, dit-elle hésitante.

Elle parle à nouveau et mon cœur s'emballe de plus belle.

Putain Louis, n'oublie pas comment ça s'est fini la dernière fois.

Elle ne veut plus de toi et tu le sais très bien.

Mais la voir là, juste devant moi. C'est comme agiter une bouteille de whisky devant un alcoolique. Elle agit telle une drogue sur moi. Toutes mes cellules réagissent à son toucher, à sa voix.

Je veux de nouveau sentir sa peau contre la mienne.

Je veux de nouveau sentir sa main sur la mienne.

«Vous deux ça ne sera jamais possible et tu le sais très bien.»

Je le sais très bien.

Je le sais trop bien.

Je ramasse alors la pièce et la dépose dans sa main. Je profite de ce dernier contact. De sa chaleur et de sa douceur qui me rappelle tout ce que j'ai perdu...

— Merci beaucoup. C'est gentil... dit-elle en me questionnant silencieusement sur mon identité.

Elle approche son visage dans ma direction et mon cœur se brise à nouveau. Ses beaux yeux verts. Ceux dans lesquels je me perdais et qui me faisaient penser que tout était possible.

Peut-être que c'est un signe du destin pour me faire comprendre que tout n'est plus possible.

Que nous c'est plus possible.

Je force à nouveau sur ma voix pour la rendre plus grave afin qu'elle ne la reconnaisse pas.

— De rien.

Je fais exprès de ne pas répondre à sa question. Je préfère qu'elle ne sache pas que je suis de retour. Ça vaut mieux pour nous deux. Enfin, surtout pour elle.

Je me retourne et me mets à marcher dans le sens inverse. Laissant derrière moi la personne que j'ai le plus aimé de toute ma vie et par la même occasion notre passé.

Parce qu'un cœur brisé vaut toujours mieux que deux.

La connaissant, elle ne rencontrera aucune difficulté à trouver quelqu'un d'autre, si ce n'est pas déjà fait d'ailleurs. Elle est tout ce que je ne suis pas. Réfléchi, compatissante, courageuse, altruiste, attentive, intègre, persévérante...

BLINDLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant