GAME MAYBE OVER

Chapitre 16

Atmosphère : Ghost Town / Layto feat Neoni 

- Qu'est-ce qu'on doit faire d'après toi ? S'enquit Ethan en se penchant vers moi sur un ton imitant celui d'une confidence. Je n'en vois pas vraiment l'utilité puisque nous sommes seuls. Mais je suis trop bouleversée pour m'attarder sur ce simple détail. Après tout, peut-être qu'il a raison d'agir de cette manière, il y a sûrement des chances pour que nous soyons écoutés.

- Je n'ai pas la réponse à tout, Ethan. Cherche par toi-même, ça vaut mieux pour notre survie je pense. Dis-je tout bas, sans cesser de fixer ce point lumineux qui abreuve mon corps de craintes.

On aurait dû mieux se séparer. Ce n'était pas équitable.

Des remords, sans cesse, des remords ! Je commence à mourir de l'intérieur, moi aussi. Je ne peux plus continuer d'avoir peur, faire cela, c'est les laisser gagner. Alors il n'en est pas question !

Je prends une grande inspiration et sans donner la moindre indication au frère de ma meilleure amie, je marche en direction cette chose aussi dangereuse qu'anormale.

L'odeur de brulé continue d'emplir mes poumons mais je me force à trouver cette sensation supportable, bien qu'elle soit vraiment désagréable. Les lampadaires sont loin et je ne vais bientôt plus voir grand-chose. Seule la lumière de la lune m'éclairera.

J'entends les pas d'Ethan se rapprocher à vive allure mais garde la même impulsion qu'auparavant. En passant derrière un petit champ, bordé d'arbres et de buissons, nous sommes enfin face au stade. Il n'est pas immense mais pour un collège, c'est une taille plutôt importante.

Je ne m'attarde évidemment pas sur le stade en lui-même, mais surtout sur le château d'eau qui fournit une partie de la ville est en feu. Ceci explique cela.

Un petit attroupement de personnes se tient devant, je hurle sans hésiter, dans le but de les interpeller. De toute façon, si ce sont des organisateurs, ils ne risquent pas de faire grand-chose.

Tout le groupe se retourne alors vers nous, heureusement leurs silhouettes me sont familières. Nous courons à leur rencontres.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé à votre avis ? Demandais-je, le ton à peine haletant.

- Aucune idée. Il faut surtout savoir si cet incendie est prévu depuis le débout ou s'il est la conséquence d'un accident ? Dit calmement Jade.

Tout le monde à l'air épuisés. Comme si nous n'avions pas dormi depuis des jours et pour certains, nos blessures pompent tout ce qu'il nous reste d'énergie. Je sens que la moindre étincelle peut tout faire flamber en un claquement de doigts.

- Est-ce que vous savez quand le feu s'est déclenché ? interroge Ethan en brisant le silence.

Un ''non'' unanime se fait entendre. J'en déduis que les organisateurs ont su être particulièrement discrets à notre égard. Mais je ne peux m'empêcher de penser que cet incendie a une signification. Je ne pense plus être assez sage pour essayer de répondre à cette question.

En observant attentivement chacun des comportements adoptés par mes amis, je m'aperçois rapidement que quelque chose ne va pas. Je ne saurais dire si la tension qui s'invite entre nos relations – dites solidaires et censés l'être – a pour origine le stress généré par Game not Over, ou simplement nos différents qui se multiplient.

J'ai bien-sûr une autre hypothèse concernant cette question mais j'ai peur que le simple fait d'y penser pourrais mettre fin à tout espoir de cohésion de groupe pour les épreuves à venir.

La fumée commence à me brûler les yeux et je sens que ma gorge est enrouée, sans éprouver néanmoins, le besoin de parler dans le but de vérifier.

Pour tenter à autre chose qu'à moi-même, je porte mon attention auprès de Justine, qui, d'après moi, a une mine beaucoup trop grave.

Mais quand je repense à ce qu'elle a appris récemment, je ne peux que compatir. Sauf que malgré cela, j'ai l'impression de distinguer un autre ressenti que de la simple et pure tristesse.

On dirait bien un sentiment qui m'est plutôt familier : la rage.

Enfin, mélangé à cette base, on peut rajouter les remords, le questionnement ou encore la peur d'affronter la réalité. Plus communément appelé : le déni. C'est une des étapes caractéristique du deuil ; je ne peux donc pas lui en vouloir d'en être rendue là.

Aussi parce que ça a été mon cas quelques heures auparavant et que je sais bien à quel point c'est dure d'accepter la mort d'un être cher.

J'aimerai faire quelque chose pour elle mais me connaissant, je ne saurais qu'aggraver son état, qui va sûrement déteindre sur moi. Et je ne pense pas en éprouver le besoin.

Millie est allée se blottir contre son frère comme si ce dernier avait un don la protégeant du malheur.

Thomas observe le plan du collège et des alentours pour tenter de prévoir les différents moyens d'avoir le meilleur angle d'attaque dans l'opération : ''détruire Game not Over''.

Harry règle des talkies-walkies à l'aide de tournevis et d'autres petits objets mécaniques qui me sont inconnus.

Clara et Finn éloignés du groupe, discutent à voix basse, je ne sais pas ce qu'ils se disent mais ce doit être très sérieux, vu la tête qu'ils font.

Britney remplies ses armes de balles et Jade joue avec son couteau en le lançant dans les airs, grâce à sa précision, elle le rattrape à tous les coups.

Quant à Tyler, il a les bras fermement croisés sur son torse et me fixe avec intensité. Je sens mon cœur s'affoler et une sensation explose dans mon ventre. Au lieu de détourner les yeux, il me sourit en chassant son air austère.

- Qui était au courant ?

Une voix rauque s'introduit dans l'atmosphère paisible qui règne être nous tous et je suis obligé de rompre le contact visuel avec Tyler. Justine avait parlé calmement, sans émotion. Je me tourne vers elle, son regard est baigné à terre.

Etant donné qu'il manque un élément à sa question personne ne répond, attendant que Justine le fasse sans que nous ayons besoin de le lui demander. Le suspens nous gagne tour à tour, et chacun arrête toute action entreprise avant que Justine nous interrompe, si je puis dire.

- Qui était au courant que ma sœur était morte et a gardé le silence comme si ça n'avait jamais été le cas ?

Hum,

Honnêtement ?

Moi.

A suivre...