GAME MAYBE OVER

Chapitre 18

Atmosphère : Castle / Halsey

- Ophélie ?

Je laisse Tyler avancer mais je ne sais pas à quoi m'attendre. Après tout ce qu'il s'est passé durant cette simple soirée, je ne m'amuse plus à essayer de prédire l'avenir, le présent est déjà bien assez complexe.

Sa voix résonne près du feu :

- Je sais que c'est sûrement la question la plus inutile dans ce genre de circonstances mais je me la posais vraiment : est-ce que tu vas bien ?

Ses mots flottent dans l'air, ils restent en suspens comme si ça avait toujours été prévu. Je tente de m'en imprégner et de dire quelque chose d'intelligent ou de touchant mais rien ne vient. Alors, je préfère accepter de ne plus avoir la force de réfléchir.

- En fait, je n'en sais rien du tout. Avouais-je en savourant le goût nouveau que provoque l'honnêteté dans ma bouche.

Tyler fait mine d'hocher la tête, donnant l'impression que propos sont de nature réflective, ce qui arrive rarement.

- Je te comprends, et je dois avouer qu'en organisant toutes ces réunions dans le but de mettre au point un plan, on était très loin du compte. Nos adversaires sont bien mieux préparés.

- Et surtout plus nombreux. Ajoutais-je en retenant un rictus.

- Ça ne fait aucun doute. Mais je pense qu'il y a autre chose qui rentre en ligne de compte. Le timing.

Tyler me laisse un moment pour me remémorer les derniers évènements. Je revois l'enlèvement de Rose, l'ouverture des portes, le coup de feu du self, l'arrivée des frères et sœurs et la mort de mon amie. Un goût amer me submerge, comme si c'était trop tôt pour y réfléchir et que ces souvenirs étaient comme...trop intense pour ma santé mentale. Mais qu'importe, je suis décidée à affronter mes démons et rien ne sert d'attendre.

- Tu as dû remarquer que tout, absolument tout, à l'air préparé et que même quand on tente de les prendre par surprise, ils rebondissent malgré ça. Rien ne les arrête.

- Pour l'instant. Dis-je mais je remets vite en question l'assurance de ce que j'avance.

- Je pense qu'on est espionnés. Ou que quelqu'un nous ment, il y a forcément une taupe. Affirme Tyler, sûr de lui.

- J'aimerais aussi y croire et c'est vrai que ça nous faciliterait beaucoup de choses mais si c'était le cas, je pense qu'on s'en saurait aperçu.

Tyler qui jusque-là était – tout comme moi – face au feu, décide de se tourner vers moi. Ses yeux se fixent aux miens avec agilité.

- Ou alors, tu as juste peur d'affronter le fait qu'un de tes amis te trahissent ?

Sa franchise me traverse instantanément la poitrine. Je sais que c'est la vérité mais je ne veux pas l'accepter. Ça voudrait signifier trop de choses, je crains que les seuls instants de bonheur que j'ai partagé dernièrement soient entièrement faux et qu'ils s'envolent sans jamais réapparaître.

- Parce que tu en sais quelque chose, peut-être ? rétorquais-je avec un répondant soudain mais qui me ressemblait tellement.

Mon interlocuteur fronce les sourcils, sûrement étonné par ma demande.

- A propos de quoi exactement ? demande-t-il, presque perdu dans le sujet de la discussion.

- De la trahison. D'avoir placé tellement de confiance quelque part que quand il s'effondre, tu t'effondre avec lui. Tout ce que tu as pu imaginer disparaît. Tout le temps investit à t'y intéresser, a en fait été inutile. Chaque phrase, chaque parole n'a été qu'une illusion un peu trop réelle. Une fiction si prenante qu'elle en devient réconfortante. On croit ne plus jamais revoir la déception et les aveux mais ils font partie de l'épilogue. Avant ça, tout est parfait et on aimerait que ça dure une éternité. Mais lorsque l'on comprend, que tout devient clair alors tu n'en veux presque plus au fautif mais à toi-même. A celui qui a tout donner et donc maintenant tout perdu. Tout ça parce que réfléchir était trop dur et se méfier trop épuisant. Alors les regrets s'accumulent ainsi qu'une nostalgie malsaine qui finit par se graver sur ta peau à jamais. La voilà, la trahison.

Je ne sais pas vraiment comment j'ai pu trouver la force de parler de quelque chose d'aussi éprouvant. Et d'aussi récent...

- Tu parles de Finn, ou d'autre ch...

- Je parle d'une amitié pathétique avec des filles qui n'en valent pas la peine.

Tyler garde le silence et je pourrais mettre ma main à couper qu'il attend des noms. Et après avoir dévoiler tant de choses à mon sujet, je ne peux pas vraiment lui en vouloir d'être curieux.

- Des filles comme Inès ou Britney. Avouais-je alors en fixant mes pieds.

- C'est donc pour ça que tu les détestes. Conclut-il en passant une main dans ses cheveux.

Je tente de retenir un rire en repensant au passé.

- Si tu connaissais toute l'histoire, je pense que tu me supplierais même de me venger.

Mon ami semble hésiter.

- Je ne sais pas, tu sais bien que je suis plutôt contre ce genre de choses.

- Malheureusement... soupirais-je en étirant tout de même les lèvres pour former un mince sourire.

Tyler prend une grande inspiration, peut-être dans le but de changer de sujet.

- Tu te souviens de la soirée désastreuse chez Thomas ?

- Oh que oui ! Affirmais-je en riant devant l'ironie de la situation.

- Avant que tout ne parte en vrille, Finn avait proposer que chacun dévoile son plus grand secret, celui que Game not Over menaçait de divulguer.

A l'évocation de cette scène, une boule se forme dans mon ventre et une de mes respirations se bloque jusqu'à ce que Tyler reprenne la parole.

- Tu ne t'es jamais demander pourquoi ?

Je secoue la tête. Où veut-il en venir exactement ?

- Etonnement, il n'avait pas d'activité le midi où nous avons reçu le papier de menace.

- Attends mais moi non plus, et je peux te jurer que je n'ai rien à voir là-dedans.

- Bien-sûr, je te fais confiance, Ophélie. Sinon, je ne perdrais pas mon temps à te consacrer autant de mon attention, sache-le.

Je ne sais pas comment je suis censée prendre ce que Tyler vient de déclarer mais j'ignore la voix dans ma tête qui me pousse à m'attarder sur ce point. Je préfère donc me pencher sur le sujet principal.

- Si on admet que ce que tu dis est vrai, alors comment a-t-il pu mettre le papier dans mon livre de français ?

Tyler mime un air aussi sarcastique que satisfait.

- Je ne sais pas si tu te souviens, mais à cette époque pas si lointaine, tu n'avais d'yeux que pour lui et rappelle-toi : à côté de qui as-tu décider de changer de place en cours de français, lorsque nos deux classes étaient réunies pour le projet sur le livre, justement.

- Finn... réalisais-je en essayant de me souvenir à quel moment il aurait pu faire le coup. Mais quand...

- Tu devais être en train de poser une question à Rose ou Millie qui étaient devant vous.

Ça se tient.

Oui mais c'est trop complexe pour être réel.

- Donc ça voudrait dire que Clara est dans le coup aussi. Et elle a l'air tout sauf malveillante. Défendais-je, en imaginant d'autres éventualités.

- C'est peut-être la pire, alors.

A suivre...