Chapitre 25

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Atmosphère : Stay / Rihanna, Mikky Ekko

Nous sommes le 31 décembre et ça fait désormais une semaine que je suis contrainte à pourrir dans ma chambre d'hôpital. Mais j'ai appris, il y a peu, que je pourrais rentrez chez moi ce week-end, ce qui me fait grandement plaisir.

Je pourrais également reprendre les cours mais après le carnage que nous avons semé la dernière fois - du moins, je suppose - le collège ne réouvrira que dans quelques semaines.

L'année dernière, le fait de ne pas aller en cours m'aurait fait sauter de joie mais étant donné que nous avons le brevet en juin, je ne suis pas persuadée que louper un mois de cours nous sera bénéfique.

On m'a également fait part de nombreuses choses : avant que je ne me réveille le jour du réveillon pour faire ce rêve bizarre, j'avais en fait été dans le coma pendant une semaine.

Millie a eu beaucoup de ''troubles psychiatriques'' après son réveil et ils ont dû l'emmener dans un hôpital spécialisé.

Il n'y a toujours pas de nouvelles de Valentin mais on distribue et placarde des flyers partout dans la ville pour tenter de le retrouver. Val' me manque, ses blagues et sa répartie aussi.

Sinon, j'ai appris que Tyler était dans la chambre d'à côté, alors on essaye de se voir entre nos examens médicaux. Je crois même que je commence à ressentir des sentiments à son égard mais je n'oserai jamais lui dire, je vois très bien que je ne suis pas le genre de personnes qui l'intéresse. En plus, lorsque je lui ai expliqué que je ne me souvenais presque plus de rien en ce qui concerne la soirée dernière, Tyler a eu une réaction étrange, comme de la déception mais ce doit être du dégout, peut-être. Je dois tellement lui faire pitié !

L'enterrement de Rose et de Finn a lieu ce week-end et c'est aussi la raison pour laquelle on a accepté que je quitte l'hôpital. J'avoue que j'appréhende cet évènement, puisque je me sens encore responsable de leur mort à tous les deux - mais encore une fois, je ne sais pas pourquoi, c'est ce que je ressent lorsque je pense à eux. Et puis, restée scotchée à un lit toute la journée n'aide pas vraiment à penser à autre chose, au contraire, je ne faisais que ça.

Mes parents sont passés me voir en milieu de semaine pour noël – un peu en retard, certes – et je leur en suis tellement reconnaissante, puisque je sais à quel point leur emplois du temps est chargé mais ils avaient l'air heureux de me voir en un seul morceau et surtout, vivante.

Justine a été emmenée dans la même ''zone médicale'' que Millie, qui, ne se souviens presque plus de rien non plus. Justine n'est plus du tout agressive et nous a envoyé des messages individuellement pour s'excuser du mal qu'elle a pu causer même si personnellement, je ne me rappelle plus très bien ce qu'elle a pu me faire. J'ai seulement le vague souvenir que Justine se soit énervée très fort contre nous sans que je sache pourquoi.

Le reste de mes amis, c'est-à-dire Clara, Harry, Jade et Ethan ne sont pas restés très longtemps à l'hôpital, je n'ai même pas pu les voir. Mais ils seront là pour l'enterrement de toute façon.

- Encore en pleine réflexion, à ce que je vois ! s'exclame Thomas en arrivant dans ma chambre.

Je souris naïvement, prise au dépourvu. Pendant que mon ami vient s'assoir sur mon lit, je demande :

- Tyler n'est pas avec toi ?

- Non malheureusement, il passe les derniers IRM et prises de sang.

J'hoche la tête, je comprends très bien, j'ai justement dû effectuer ces examens ce matin-même. Pour cacher ma déception, je fais semblant de reluquer la pièce comme si j'y étais profondément intéressée. Vous l'aurez compris j'attends que Thomas change de sujet.

- Contente de rentrer chez toi ? s'enquit ce dernier, sans rien remarquer à propos de mon comportement inhabituel.

- Surtout parce que je commence à ne plus réussir à avaler ce qu'on nous donne à l'hôpital. Répondis-je en esquissant un sourire.

Thomas étouffe un rire, ma poitrine se gonfle d'un sentiment qui n'est presque plus présent depuis la fameuse soirée qui nous a tous changer à jamais ; c'est la joie. Ou peut-être le réconfort. A vrai dire, ce genre d'émotion est si lointaine pour moi que m'en remémorer est bien trop complexe.

Cherchant quelque chose à aborder avec Thomas, mes yeux parcours mon lit en désordre, ils se posent soudainement sur mon carnet bleu marine, que j'attrape sans hésiter. Je l'ouvre à la page que je n'ai jamais aussi mal rédigée de toute ma vie, un vrai brouillon, gribouiller de mots un peu partout.

- Thomas ? J'ai pas réussi à dormir de la nuit, alors j'ai beaucoup réfléchi et un bon nombre de questions qui demeurent sans réponses me trottaient dans la tête. Je sais aussi que tu as eu pas mal d'infos de tes parents et même de la police mais surtout que ta mémoire est toujours intacte, contrairement à la mienne. Alors je me suis dis que tu pourrais peut-être m'aider ? dis-je avec monotonie pendant que nos regards se croisent.

Thomas aborde un sourire éclatant et va chercher une chaise sur laquelle il s'assied de façon nonchalante, prêt à répondre à mes interrogations.

- Pas de soucis, Ophélie, je t'écoute.

Je souris à mon tour et m'étale à plat ventre sur le lit, le carnet ouvert entre mes mains.

- Alors, que sont devenues les caméras qu'on devait avoir installées ? Je ne sais même pas si nous l'avons fait, mes souvenirs sont trop restreints. Je me rappelle quand même le plan que nous avions préparé mais rien de plus. L'informais-je, peinée de mon incapacité à satisfaire mes inquiétudes.

- La police à tout récupéré, absolument tout. Ça comprend, les échelles, les caméras donc, et tout ce qu'on a pu laisser trainer comme des bombes ou armes quelles qu'elles soient. Je crois d'ailleurs que c'est en partie pour cette raison que nous sommes tous convoqués chez les enquêteurs de la police criminelle et ensuite au tribunal, parce que c'est évident que nous serons accusés de quelque chose. M'explique-t-il calmement mais je perçois un léger sentiment d'agacement qui transperce son ton habituellement posé.

- Pourquoi serait-on accusé de quoi que ce soit ?! Nous sommes les victimes, Rose et Finn sont morts et Valentin les a peut-être rejoints à l'heure qu'il est ! m'emportais-je, je ne parviens plus à garder mon sang froid, tout ceci est absurde, depuis le début on se joue de nous et on nous veut que du mal, pourquoi ce serait notre faute maintenant ?! C'est le monde à l'envers !

Thomas soupire et ses yeux rejoignent le sol un instant de trop, puisque je le perçois comme une éternité.

- Ophélie, on a planifié un plan d'évasion, on avait des armes et...on a pas fait que se défendre. Sa voix a baissé en intensité, je ne sais pas ce qu'il est en train de se remémorer mais ça a l'air douloureux et grave, surtout.

Je capte son regard, je ne le lâche pas une seconde.

- Thomas raconte moi tout, qu'a-t-on fait, bon sang !

A suivre...

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