Chapitre 19

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Atmosphère : Let it go / James Bay

- Alors Finn et Clara seraient tous les deux dans le camp de Game not Over ? Demandais-je encore bouleversée par cette nouvelle, néanmoins, cette dernière n'a pas encore été vérifiée.

- En tout cas, c'est eux que je soupçonne particulièrement. Me répond Tyler en haussant les épaules d'une manière nonchalante.

Mais, même en essayant d'assimiler l'information, je la trouve trop fictive, trop irréelle. Et me dire que Finn aurait joué la comédie depuis le début, depuis notre rencontre...ça me répugne. Honnêtement, qui serait assez taré pour mentir à ses amis de manière aussi sérieuse ? Il faut avoir de gros soucis mentaux pour s'amuser avec les émotions d'autant de personnes, et de rester serein en permanence.

Devoir réaliser que chaque moment passé avec lui était faux et qu'il n'en n'a jamais rien eu à faire, m'est presqu'insurmontable. Le pire dans tout ça, c'est que j'ai réussi à tomber amoureuse d'un mec comme lui.

Non, stop, je m'emballe complètement !

Peut-être que Tyler s'est simplement trompé et je peux le comprendre, Finn a – désormais, plus qu'auparavant – l'air d'être tout sauf quelqu'un à qui l'on peut faire confiance.

- Je suis désolée, Tyler.

Le goût salé des larmes emplit ma bouche, au point d'en être écœurée. Mais Tyler ne dit rien de plus, il me laisse continuer avec une infime patience.

- Je ne veux pas le croire tant qu'on ne ma l'auras pas réellement prouvé, ou que Finn me l'avoue de lui-même.

Tyler enfouie ses mains dans ses poches, tout en fixant le sol.

- J'espère que tu as l'éternité devant toi, dans ce cas. Souffle-t-il dans un sourire ironique.

Décidément, ce mec n'est pas fait pour atténuer les situations, ni pour réconforter. Qu'est-ce que ça lui couterait de lâcher juste un mot empathique ? La vie, je suppose.

Je commence à étouffer. Pas à cause du feu, mais de mes angoisses. Et me retrouver face à quelqu'un qui fait mine de ne posséder aucunes émotions n'aide pas les choses. Je n'ai jamais su ce qui le poussait à agir ainsi ; la manière dont j'exprime son comportement est peut-être un peu superficielle, il n'est pas non-plus sociopathe, c'est vrai. Mais c'est comme si Tyler ne voyait pas l'intérêt de laisser parler ses sentiments. Il y a bien-sûr des inconvénients à cela, et j'en ai fait les frais mais, je ne suis plus à ça près.

Mes pensées s'envolent lorsqu'il relève les yeux vers moi, c'est une nouvelle expression qu'arbore son visage, elle est belle, tout simplement. Et je sais alors que ce qu'il s'apprête à dire ne m'est certainement pas familier.

- Ophélie, à propos de ce fameux soir...Je ne souhaitais pas juste te parler de Finn. On a tous dit des choses dures à entendre, autant pour nous que pour toi, qui est notre amie. Et même si tu penses que personne n'a rien remarqué, que tout le monde à ignoré le fait que tu n'aies pas ouvert la bouche...ce n'est pas mon cas.

Une forte sensation se fait ressentir au creux de mon ventre. J'ai l'impression qu'on m'a forcé à retirer mon masque, celui de la fille qui préfère se fondre dans la masse plutôt que d'assumer l'inacceptable. Je me suis toujours considérée comme une désertice de toute responsabilité concernant mes sentiments.

- Ce n'est pas parce tu n'as pas un passé lourd ou que tu n'as pas pris un chemin différent de ce que les gens appellent ''la norme'' que l'on tient moins à toi qu'avant. Tu as toujours cette même place, tout comme Rose l'aura à jamais.

Entendre Tyler parler de ma meilleure amie défunte de cette manière, fait remonter tout les bons moments que j'ai vécu avec elle et que je ne pourrais plus revivre à ses côtés. Je réalise alors que je ne lui ai même pas dit aurevoir. Mon cœur se transforme peu à peu en un gouffre sans fond, bercé par les rires de Rose qui résonnent en écho, faisant trembler chacune de mes entrailles.

- Je sais que tu crois que personne ne peut te comprendre et que personne n'a jamais essayé. Mais je n'y arrive plus, te voir toujours plus mal, chaque jour qui passe...me fait le même effet. Je me détruis avec toi en silence, sans que jamais tu ne t'en aperçoives. Et pourtant, j'ai la sensation de savoir qui tu es malgré toute la bonne volonté avec laquelle tu tente de te cacher au yeux des autres. Pour te protéger, n'est-ce pas ?

Alors que ma gorge s'emplit de braises, je me sens pathétique et égoïste d'avoir pu penser que Tyler se contrefichait de mon état. Durant un temps qui m'est encore inconnu, il a lu à travers mes fausses expressions de joie, ou encore mes paroles sarcastiques. Tyler a diffusé tant d'empathie pour moi qu'un ouragan aurait pu se former, je n'aurais jamais rien remarqué tant j'étais aveuglée par mon propre état.

- Je veux que tu saches que rien ne sert de se cacher car il y aura toujours quelqu'un pour découvrir malgré tout, ce que tu dissimule. Et toi, tu n'as rien fait de malhonnête, tu as juste peur. Peur de faire confiance, d'être trahie mais ça ne t'empêche pas de recommencer. Car tu as foi en l'humanité, en l'avenir et en l'amour, même si tu dis penser l'inverse.

J'ai le sentiment d'être dévoilée, qu'il a trouvé chacune de mes pensées les plus profondes et intimes, qu'il les a rassemblées et jetées dans l'univers, pour qu'elles se perdent parmi les étoiles.

- C'est pour cette raison, Ophélie, que j'ai longuement réfléchi à quelque chose que je t'ai dit récemment. ''Personne n'est parfait''.

Je me souviens encore de l'endroit et du moment où Tyler m'avait dit ça. Sa main chaude caressait lentement mon dos et sa voix grave était la seule chose qui avait de l'importance en cet instant. Je croyais avoir tout foiré, j'étais au plus bas et c'est seulement maintenant que je me rends compte que c'est le seul à s'en être préoccupé.

- Je pense que je n'ai pas assez développé ma pensée à ce sujet. Je t'ai balancé ça, comme si c'était banal et sans conséquence. Cette parole m'a hantée jusqu'à ce que j'aie le courage de t'en parler. J'ai remarqué que, comme tout le monde, on s'accroche au vœu d'être un jour parfait. Je t'ai dit que personne ne l'était, qu'elle n'existait pas. Mais c'est parce qu'elle est subjective. Être parfait, ce n'est pas être beau, aimé des autres et intelligent. On est parfait parce que quelqu'un nous trouve parfait. Être parfait, ce n'est pas d'avoir aucun défauts. On est parfait parce qu'au fond c'est normal d'en avoir et qu'on ne pourra jamais les effacer. Être parfait, ce n'est pas juste convenir à celui qui vous le dit. C'est être au-delà de ce qu'il peut imaginer. Alors la perfection est propre à chacun.

Tyler me fixe intensément, et bien qu'il soit à plusieurs mètres de moi, je peux voir la flamme qui s'anime dans son regard, aussi vivante que le feu qui nous réchauffe. Sa respiration s'intensifie pendant un court instant, le temps de former la phrase qui me fait frissonner d'attente.

- Et je crois bien, que ma perfection dans ce monde...c'est toi, Ophélie.

Mon souffle se coupe instantanément, et je suis prise d'une émotion si forte que j'en pleure mais que je ne peux pas rester là, immobile. Je cours jusqu'à Tyler, pose mes mains sur sa nuque et pose mes lèvres sur les siennes. Je l'embrasse comme si ma vie en dépendait et c'est tellement intense, tellement parfait que même s'il se met à pleuvoir, rien ne peut gâcher le bonheur si fort qui m'anime en ce moment. Car oui, il pleut, des cordes en plus ! C'est cliché, et j'aime ça, parce que Tyler est là, sa bouche sur la mienne et ses mains agrippant mes hanches.

Ça faisait si longtemps que je n'avais pas été...heureuse.

A suivre...

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