BLINDLY

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟗

Aylin.

J'ai mal.

J'ai mal partout.

Affreusement mal.

Mon corps entier me fait souffrir, tout ankylosé. La douleur explose dans mon crâne. Chacune de mes cellules sont en feu. Pourtant, un seul endroit prédomine toutes les autres douleurs de mon anatomie.

Mes yeux.

Ils me brûlent. Me démangent. C'est comme si on avait braqué un énorme projecteur, droit sur mes yeux. Je ne vois que du blanc, des points lumineux qui me transpercent et me brûlent la rétine alors même que mes paupières sont closes.

Je veux mourir. C'est insupportable. Enlevez-moi ça. Et vite. Ou alors je vais m'arracher les yeux pour ne plus avoir à supporter ce calvaire.

Vite. Vite. Vite.

J'entends des gens parler autour de moi, mais je n'arrive pas encore à décrypter ce qu'ils disent.

Mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?

Je ne comprends rien...

La douleur, de plus en plus forte, m'empêche d'ouvrir les yeux. J'ai l'impression que ça va empirer si je le fais.

Soudain, je sens quelque chose s'insérer dans mon bras et tout à coup le monde devient flou. Mes pensées sont embrumées. Les bruits deviennent sourds.

Où est-ce que je suis ? Quelle heure est-il ?

Et sans même m'en rendre compte, je sombre dans le noir. Les ténèbres m'engloutissent et pour une fois, j'en suis heureuse.

Cependant, la seconde d'après j'entend des bips un peu partout autour de moi. J'essaye d'ouvrir les yeux mais un frottement douloureux sur mes cils m'empêche de le faire.

Alors j'essaye de bouger mes doigts. Là, en revanche j'y arrive certes faiblement, mais j'y parviens.

Je commence à me rappeler.

NON.

Non. Non. Non. Non. Non.

Ce n'est pas possible. On devait juste rentrer d'une fête. Alya n'avait même pas beaucoup bu. Elle me l'a dit.

Mais comment ?

Pourquoi ?

J'essaye de forcer ma mémoire à se souvenir de ces quelques instants, ceux juste avant l'impact de notre voiture sur la barrière. J'essaye de me rappeler qui était le coupable. Et c'est comme si j'y étais à nouveau.

Je les vois. Le motard ainsi que le phare éblouissant de sa moto. Il fonce droit sur nous.

Mais Alya parvient à l'esquiver. Juste à temps. Sauf qu'en déviant de la route, c'est nous qui entrons en collision dans une barrière.

Et après, c'est le trou noir. Je ne me souviens pas comment j'ai atterri dans cet hôpital. Car oui, je suis dans un hôpital. Je le comprends rien qu'à l'odeur et au son des bips incessants qui résonnent à mes oreilles.

Je ne comprends cependant pas pourquoi j'ai quelque chose devant les yeux ?

Comme pour répondre à mes interrogations silencieuses, j'entends soudain mon père qui entre avec un médecin.

Et vous allez trouver ça ridicule, mais je fais semblant de dormir. Je ne bouge plus d'un poil. Je ne respire même plus. J'écoute juste leur discussion.