Chapitre 10 : Auditrice (2/3)

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Alors, d'accord, il était en train de fouiller allègrement chez elle, en fumant une cigarette à l'odeur insupportable. Mais il était complètement nu. Et il était encore là. Ce qui voulait dire que la nuit dernière n'avait pas été qu'un rêve...

— Ah bah ça y est, t'émerges ?

Elle avait senti les dizaines de réponses possibles à cette question bouillonner en elle, se ruer vers ses lèvres, mais se heurter à une bouche pâteuse et à une volonté inexistante. Elle n'arrivait à rien, à part gémir.

— Si c'est avec ce que t'as bu d'alcool que t'es dans cet état-là, faut vraiment que tu sortes plus... Je dis ça pour ton propre bien...

Un temps : il venait de jeter son mégot (elle préférait ne pas trop regarder où) et cherchait son paquet pour en reprendre une nouvelle. Après avoir tiré une longue bouffée, il était venu s'asseoir sur le lit à côté d'elle ; instinctivement, elle avait remonté le drap pour cacher sa nudité. Mais c'était bête, lui aussi il était nu. Alors elle avait dégagé un peu le drap, le laissant retomber, mais pas trop quand même. Elle attendait sans savoir ce à quoi elle devait s'attendre : les lendemains de soirées torrides, ce n'était vraiment pas ce à quoi elle était habituée...

— Tu sais, c'est rare que je reste le lendemain chez une fille. En général, je vois pas trop à quoi ça sert. Mais toi, vu que tu t'es endormie comme une pierre hier soir, il me semblait qu'il fallait que je te le dise : t'as été super bonne au pieu. Et je dis clairement pas ça à toutes les filles. Toi, t'étais juste bonne.

Elle avait gardé le silence. Elle était tellement hors de portée de toute conscience qu'elle n'avait même pas rougi ou protesté.

— Par contre, ça me fait penser que c'est pas ta première fois. Je me trompe ?

Là, elle avait rougi.

— C'est dommage. J'aurais bien aimé être ton premier coup.

— Oh, tu sais, ça compte pas vraiment, l'autre fois...

Elle avait enfin pu parler. Il le fallait. Elle ne voulait surtout pas qu'il la considère comme une fille facile. Parce que c'est vrai, elle avait un peu agi comme une fille facile, hier soir.

— Ah ouais, pourquoi ?

— En fait... c'est bête, en fait... C'était pour un repas de famille, on était allés dans un hôtel avant le repas, et j'étais sortie un peu dehors parce que je trouvais qu'il faisait trop chaud, et ce garçon, lui aussi il était dehors, c'était un cousin éloigné à moi, aussi là pour le repas, et on a parlé, et on a... enfin, voilà, sauf qu'en fait ça compte pas vraiment, parce qu'il ne m'avait pas reconnue, il pensait que j'étais une fille quelconque, du coup il m'en a voulu après... donc ça compte pas vraiment...

— C'est un connard, ce type. Tu me diras, moi aussi je suis un connard, mais moi j'assume.

— Non, enfin, quand même...

Une vaine protestation s'était débattue en elle, juste pour la forme : une partie de son cerveau non embrumée lui hurlait que c'était mal de critiquer quelqu'un qui n'était pas là pour se défendre. Mais lui, il semblait déjà être passé à autre chose. Sa cigarette était presque finie, il cherchait des yeux le paquet tout en ayant le regard vague. Une fois une nouvelle bouffée tirée (il faudrait vraiment qu'elle ouvre les fenêtres, après), il l'avait regardée, de façon soutenue et assumée. Il avait tendu la main vers elle, et avait doucement baissé le drap. Elle ne s'était pas débattue. Il s'était approché d'elle, et malgré l'immonde odeur qui l'accompagnait, elle n'avait pu s'empêcher de lui rendre au centuple le baiser qu'il lui donnait.

— Le pire, c'est que là, tu serais prête à recommencer, je parie... Vraiment, quand je te voyais en cours, j'aurais jamais pu imaginer ça...

...

Rain : Faites ce que vous voulez, le ciel a déjà pleuréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant