Dax commençait à en avoir vraiment marre de faire le guet. Et de se répéter sans cesse la même question : qu'est-ce qu'il faisait là ? Bien sûr qu'il la connaissait, la réponse : parce que Stellée était là. Depuis qu'ils avaient été séparés et qu'il n'avait rien pu faire pour l'aider, il refusait de s'éloigner d'elle. Pour un peu, il se serait promis de la défendre à tout jamais, pour qu'elle ne revive plus la même horreur, mais Dax était plus réaliste que ça : il n'était qu'un mec paumé, un pauvre Marqué pas même fichu de s'occuper correctement de lui-même. Certainement pas un héros. Alors, il s'était simplement promis de faire de son mieux pour l'aider. Malheureusement, ça avait été encore plus difficile que prévu : les premiers jours, Stellée n'avait laissé personne s'approcher d'elle, le moindre contact l'affolait et la plongeait dans la panique la plus totale ; il avait dû l'apprivoiser, forcer peu à peu l'animal sauvage qu'elle était devenue à se calmer et à faire confiance. Ça lui avait pris des jours pour qu'elle accepte ne serait-ce que de parler.
Et cette fille débarquait, et d'un coup, Stellée retrouvait la foi. Il l'avait vu dans son regard. Toutes ces conneries sur la Pluie, ça lui avait tellement donné d'espoir. Il redoutait plus que tout le moment où elle se rendrait compte qu'on lui avait promis des chimères. De l'avoir à peine retrouvée que pour mieux la perdre ensuite. En tout cas, ça avait eu le mérite de montrer qu'elle pouvait guérir. Il voulait se concentrer sur ça.
Après avoir achevé son douzième tour de l'entrepôt, il revint vers l'entrée principale. Les deux filles étaient toujours là, affairées. La porte fermée était toujours là elle aussi, d'ailleurs.
— Alors, comment ça avance ?
Sa question était plus une simple formalité qu'autre chose. Mais Chrysalie y répondit avec le plus grand sérieux du monde et la plus ardente ferveur.
— Pas trop mal, je pense. Vous savez, l'espèce de scanner rétinien qu'on a trouvé tout à l'heure... Eh bien, on n'en est pas encore sures, mais ce n'en est peut-être pas un.
— Et c'est une bonne nouvelle, ça ?
— Je pense oui, ça veut sans doute dire qu'on n'aura pas à contourner le système de sécurité.
Dax avait la sensation grandissante que Chrysalie ne savait absolument pas ce qu'elle faisait. Elle semblait pleine de bonne volonté, mais trop peu expérimentée pour cette grande mission dont elle se faisait la messagère. Il soupira, mais n'arrivait pas à se débarrasser de ce malaise.
— Écoutez, Chrysalie, si ce bâtiment est aussi important, comment ça se fait qu'on n'ait croisé aucun garde ?
— C'est ça l'astuce : pour garder le secret, ils font passer ce bâtiment pour parfaitement anodin. La simple menace de restes de Chaleur dysfonctionnels suffit à éloigner les curieux.
— Mouais, c'est quand même très convaincant.
— Comment ça ?
— Bah il m'a l'air vraiment banal, ce bâtiment. Comment vous pouvez être sûre de ce qu'il y a à l'intérieur ? On vous a peut-être raconté des bobards...
— Parce que j'y suis entrée !
Dax marqua un temps d'arrêt, et tenta de déterminer si elle racontait réellement n'importe quoi ou si elle divaguait depuis qu'elle avait fait écrouler ce Protecteur comme par magie. Chrysalie semblait consciente que sa réponse n'avait aucun sens, mais elle se remit au travail, comme si de rien n'était. Ou comme si elle voulait cacher quelque chose.
— Alors là, je suis un peu perplexe, Chrysalie... Comment vous pouvez être entrée à l'intérieur et ne pas savoir comment ouvrir la porte ?!
— Parce que je n'y suis pas entrée physiquement. J'ai eu une vision.
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Rain : Faites ce que vous voulez, le ciel a déjà pleuré
Bilim KurguDans un monde où regarder la Pluie tomber suffit à changer les humains en monstres, dix personnes se croisent et s'interpellent alors qu'ils cherchent un sens à leur vie. Certains embrassent pleinement la Pluie et la sauvagerie qu'elle apporte. D'au...