Rain : Faites ce que vous voulez, le ciel a déjà pleuré

Chapitre 12 : Pluie (2/4)

L'arme se retrouva dégainée sans même que Dax s'en soit rendu compte.

Des dizaines de questions auraient dû se presser contre son esprit : que faisait-il là ? que cherchait-il ? les avait-il suivis ? Et tant d'autres. Mais aucune pensée ne parvenait à se former. Son cerveau n'était qu'un concentré viscéral de haine, dissolvant peu à peu toutes les pensées qui pourraient le retenir d'appuyer sur cette gâchette. Les souvenirs des souffrances de Stellée, de son impuissance, de ce sourire goguenard qui le hantait, tout ça remontait en lui et se coagulait en une boule de rage.

Et lui, ce monstre, il remit sur son visage ce sourire éhonté et éclata de rire, étendant ses longs bras décharnés.

— Vas-y, je t'en prie.

Dax aurait tiré si un éclair blond ne l'avait pas distrait au dernier moment.

— Mais qu'est-ce qui se passe ici ?!! C'est pas vrai, je te laisse seul cinq minutes et tu...

La furie blonde ne sembla assimiler la présence de l'arme qu'à cet instant précis. Elle baissa d'un ton, mais curieusement ne semblait pas réellement effrayée.

— Écoutez, je ne sais pas ce qu'il a dit ou ce qu'il a fait, mais je vous garantis qu'il ne faut pas l'écouter. On ne veut de mal à personne, alors baissez cette arme, s'il vous plaît.

Dax dut se résoudre à expliquer la situation à cette inconsciente.

— Il n'y a que lui que je veux tuer, alors dégagez de là.

La jeune femme se retourna vers le Prophète, l'air exaspéré.

— Qu'est-ce que tu lui as fait ? Non, en fait je ne veux pas savoir, en tout cas pas maintenant. Là, tout de suite, tu m'enlèves ce sourire narquois de ton visage, et vous, vous baissez cette arme.

Elle était désormais tournée vers Dax, l'air plus furieux qu'auparavant.

— J'ai eu une très très très sale journée aujourd'hui, alors si vous pouviez vous montrer un tant soit peu coopératif, j'apprécierais beaucoup.

Aucune réaction du côté de Dax.

— Bon, écoutez, je suis certaine que vous avez toutes les meilleures raisons au monde de le tuer, comme pas mal de gens d'ailleurs, donc si vous voulez vraiment qu'on établisse une liste de qui mérite de le tuer en premier, je vous préviens, c'est moi qui vais arriver en tête. Car cet énergumène n'est autre que mon frère, que je croyais mort depuis deux ans, pour finalement apprendre qu'il avait rejoint les Prophètes. J'ai dû me faire kidnapper par sa clique de dégénérés pour réussir à le retrouver, bon sang !

Elle arriva à bout de souffle. Elle s'arrêta un instant, guettant un geste de la part de Dax. Comme toujours rien ne se produisait, elle soupira profondément.

— De toute manière, si vous voulez qu'il meure dans d'atroces souffrances, il s'en est déjà occupé. Il est mourant, et ça va vraiment pas être joli à voir. Je doute fort que votre joujou puisse faire quoique soit d'autre que d'abréger son agonie.

— Dax, qu'est-ce qui se passe ? On a entendu des éclats de voix avec Stellée, est-ce que tout va...

Chrysalie venait juste d'arriver aux côtés de Dax. Ce dernier maudissait la jeune femme qui risquait de l'empêcher d'accomplir ce qui était juste. Il s'attendait à un discours scandalisé de la part de l'Auditrice, mais elle n'en fit rien. C'était même tout l'inverse : elle était étrangement silencieuse.

Et pour cause, ce qu'elle voyait la laissait sans voix. Sans pensée. Face à un paradoxe aussi étrange, son cerveau ne parvenait plus à formuler la moindre idée, de peur d'imploser sous la contradiction.