Épilogue : Faites ce que vous voulez, le ciel a déjà pleuré... (3/3)

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Il attendait. Patiemment. En faisant rebondir la balle contre le mur.

Rebond.

Rebond.

Rebond.

Rebond.

Rebond.

Bien périodique.

Bien horripilant.

Mais après tout, c'était leur faute, il ne lui restait plus que ça pour s'amuser dans ce trou à rat. Il regrettait tellement d'avoir fait ce pari stupide avec sa sœur... Maintenant qu'il avait perdu, il était condamné à s'ennuyer ferme dans cet hospice où on se servait des gens dans son genre pour tester des traitements expérimentaux soi-disant révolutionnaires.

Tu parles...

Du coup, tous les jours, pilules. Sauf qu'il ne les avalait pas. Il n'était pas suffisamment stupide pour ça. Il était même fier d'être devenu si habile en dissimulation. Non pas qu'il était malhabile avant. Mais bon, entre des pilules et des cadavres, c'est pas tout à fait la même technique...

Mais il aimait bien attendre les pilules. Ça l'amusait. Ça lui donnait un semblant de but.

— Bonjour !

Et puis aussi, c'était elle qui apportait les pilules.

Chrysalie.

Il trouvait ça tellement bizarre comme nom. Un peu comme un bonbon qui fond dans la bouche, mais qui à la fin a un petit goût acidulé.

Il l'attendait, comme les pilules. Parce qu'il la trouvait... intéressante. Elle n'était pas chiante comme les autres.

— Alors, comment ça va aujourd'hui ?

Bon, elle était débile, ça c'est sûr. En fait elle l'énervait constamment. Mais les autres l'indifféraient constamment, alors c'était déjà pas mal dans ce cloître aseptisé.

Il l'accueillit avec son mépris habituel, sans même daigner se lever.

— Comment ça peut aller, quand on est enfermé ici...

— Tu préférerais sortir ? Je peux arranger cela, il suffit que j'aille voir...

Il ne l'écoutait déjà plus. Faut dire, c'était tellement gerbant. Elle prenait toujours tout au premier degré. Aucune subtilité. Rien qu'une bourrique qui lui faisait passer le temps...

— Allez, je sais que tu ne m'écoutes pas, mais voici tes médicaments pour aujourd'hui, Kaïley.

Putain ! Qu'est-ce qu'il détestait entendre ce nom. Pourquoi tout le monde s'acharnait-il à le proférer ? C'était juste un nom débile choisi par ses parents débiles, que des gens débiles lui répétaient à longueur de journée. Il détestait ce nom...

Il remarqua qu'elle était en train de sourire encore plus niaisement que d'habitude.

— Quoi ? Qu'est-ce qui te fait rire ? Tu te moques de quoi, au juste ?

— Je ne me moque pas. Je te trouve juste mignon quand tu boudes.

Mais elle se foutait de la gueule de qui ?!! Elle savait qui il était, ce qu'il avait fait ?!! Comment est-ce qu'elle osait le traiter de mignon ?!! Il allait pas la laisser faire, pour sûr.

— Tu te prends pour qui, avec tes airs supérieurs là, à me traiter comme un gosse ?! Tu te crois tout permis à cause de ta niaiserie et de ta gentillesse, c'est ça ?! C'est gerbant, voilà tout. T'es gerbante, parce que tu vaux pas mieux que moi, t'entends !!

Voilà, avec ça elle devrait comprendre. Allez, qu'elle pleure la petiote, et qu'elle fiche le camp, il en avait marre d'elle.

Sauf qu'elle ne pleurait pas : elle s'était juste assise à côté de lui, ses petites jambes repliées sous son corps frêle, avec un sourire triste.

Rain : Faites ce que vous voulez, le ciel a déjà pleuréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant