Rain : Faites ce que vous voulez, le ciel a déjà pleuré

Chapitre 8 : Guetteur (4/4)

Dans ma tête, tout s'est arrêté. J'aurais dû être heureux, soulagé, délivré, mais non. Mais non. Ça ne va pas du tout.

Ils nous encerclent. Les Guetteurs se sont tous déplacés, ont tous délaissé les Strates. Car l'odeur de sang signifie des intrus. Ce qui signifie un danger pour l'Alarme. Et ça, avant, je sais que c'était plus fort que tout.

Que vont-ils faire ? Que pensent-ils ? Je lis la panique dans les yeux de la Scientifique, panique encore plus puissante à cause de l'incompréhension. Elle m'a vu, ce couteau dans les mains, le Garde en sang et riant, et elle n'a pas compris. Et c'est horrible de ne pas comprendre. Et même le Garde commence à s'inquiéter un peu. Son sang colle et appelle les Guetteurs, et ça l'inquiète...

Et moi ça me terrifie.

Mais que pensent-ils ???!!! Je le savais il n'y a même pas une heure. Et maintenant, je n'entends plus rien. Ça me rend encore plus fou. Je suis fou parce qu'on est sans doute en danger, et que je suis sourd, et que je ne peux même pas être sûr. Du danger. Je sais que je suis sourd.

Calme.

Calme.

Calme...

Écoute...

La Voix est en moi, et je suis en Elle. C'est Elle qui me sépare d'eux, et pourtant, je sais que c'est Elle qui nous relie tous. Et si je me concentre, je sais que je peux comprendre.

Oui...

La Voix est comme un immense canyon, rempli de ravins et de falaises. Les Guetteurs sont isolés, sur des pics, chacun seul au milieu d'un immense précipice, et la Voix nous renvoie les échos de nos pensées. Ainsi surélevés, les Guetteurs peuvent presque toucher les Strates. À moins que ce ne soient les Strates qui trouvent la force de descendre jusqu'à eux...

Les échos. L'important, ce sont les échos.

Ça y est. Je les entends.

— Des intrus !

— Des intrus !

— Que font-ils là ?

— L'Alarme va-t-elle bien ?!

— Et surtout, que fait-IL là, ce bruyant danger ?!

— Vous pensez que c'est lui qui les a amenés ?

— A-t-il à ce point perdu la raison ?

— Comment savoir, on ne l'entend plus...

— Plus du tout.

— C'est mauvais signe.

— Mais qu'est-ce que...

Oh non, non, non.

J'ai encore le couteau près de moi.

Le couteau qui vient du cabanon.

Le cabanon de l'Alarme.

— Il a osé !!!

— On ne peut plus lui faire confiance !!!!

— À eux non plus !!!

— Les tuer...

— Avant que...

— Les tuer...

— L'Alarme...

— Les tuer...

— En danger...

— IL FAUT TOUS LES TUER !!!

— Suivez-moi. VITE !!!

C'est ma voix qui résonne maintenant. J'ai l'impression que je n'ai jamais crié aussi fort de toute ma vie.