Chapitre 12 : Pluie (4/4)

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Kaïley était terrifié. Rien, rien ne se déroulait comme prévu. D'abord il y avait eu sa sœur qui sortait de nulle part, puis cette fille complètement illuminée, et maintenant ce vieil entrepôt qui n'en était clairement pas un. Pour un peu, son ancienne vie de Prophète lui manquerait...

Mais c'était faux, et il le savait. Rien ne lui manquait dans son passé. Rien ne le retenait, si ce n'était la promesse que tout pourrait se finir rapidement, avec cette pourriture qui le dévorait de l'intérieur. Il n'avait pas peur d'être déçu par ce qu'ils allaient trouver : la déception était sa compagne la plus intime depuis des années maintenant. C'était tout le contraire. Il avait peur d'y trouver une raison de vivre.

Il sentit une main se glisser dans la sienne ; il se tourna vers sa sœur.

— Tu m'as promis, Kaïley. On entre, et à toi de juger si ce qu'on trouve vaut le coup.

En effet, il avait promis. Il se répétait qu'avec de la chance, ils ne trouveraient rien, et qu'il pourrait enfin mourir en paix.

Ils pénétrèrent à leur tour dans le bâtiment.

Chrysalie les attendait un peu plus loin dans une section entièrement brillante.

— J'ai exploré un peu les environs en vous attendant, et je pense avoir trouvé le bon chemin !

Elle n'osa pas leur parler de sa vision : si près du but, elle ne voulait pas s'éparpiller en explications. Mais elle n'avait aucun doute : l'endroit où elle s'était éveillée lors de cet étrange rêve était juste à côté. Et à partir de là, elle connaissait le chemin.

— On devrait peut-être commencer par explorer les salles les plus proches, non ? s'interrogea Elzara.

— Non, affirma Chrysalie, le plus intéressant se situe dans une grande salle un peu plus loin. Suivez-moi !

Ils ne tardèrent pas à déboucher sur le hall en question. Effectivement, il y avait de fortes chances d'y dénicher plus d'informations : malgré la poussière, on distinguait clairement des dizaines de paillasses, elles-mêmes encombrées de dizaines d'instruments et de machines mystérieuses ; les murs étaient de surcroît tapissés d'armoires débordant de papiers en tous genres. Elzara se dirigea instinctivement vers le matériel pour tenter de déterminer à quoi tout cela avait bien pu servir. La technologie était décidemment bien différente de ce qu'elle connaissait, mais elle avait l'impression qu'il s'agissait de matériel scientifique. La lumière était plus blafarde que dans les couloirs précédents, ce qui la ralentissait. Mais en examinant les échantillons dans un état encore acceptable, elle parvenait à en arriver à la conclusion qu'il s'agissait d'un laboratoire de recherche en biologie, proche de ce qu'ils avaient au SRP. Elle examina quelques notes : le jargon était incompréhensible.

Chrysalie de son côté ne semblait captivée que par une seule chose : une boîte noire entassée sur d'autres machines. Car cette boîte n'avait pas été présente dans sa vision. Elle se tourna vers Elzara et Kaïley.

— Je vais aller chercher Dax et Stellée. Peut-être qu'il vaudrait mieux...

— Compris, répondit aussitôt Elzara. On va se mettre en retrait, par là ça devrait être bon.

Chrysalie opina avant de se diriger prestement vers la sortie. Elle revint sous peu avec ses deux autres compagnons qui avaient du mal à s'accoutumer à ce qu'ils voyaient. Chrysalie leur indiqua la boîte noire. Elle la saisit : de nombreux interrupteurs plus clairs parsemaient sa surface, accompagnés de vieilles inscriptions. L'une d'elle indiquait « Démarrage ».

— Je crois que c'est un dispositif d'enregistrement, indiqua Chrysalie. Alors écoutons ce qu'il a à nous dire. Prêts ?

Elle s'adressait tout autant à Dax et Stellée devant elle qu'à Elzara et Kaïley tapis dans l'ombre.

Rain : Faites ce que vous voulez, le ciel a déjà pleuréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant