Chapitre Six | Sergueï

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                            Olga

— Mange Olga, a-t-il ordonné tandis que je le dévisage les dents serrés et les sourcils froncés.

— J'aurais préférée crever plutôt que tu viennes jouer les bons samaritains en me sauvant ! C'est mon père qui t'a envoyé hein ?! Me suis-je exclamée.

— Qui veux-tu que ce soit si ce n'est lui ?

Ses fesses se sont posées sur le lit, juste à côté de moi. Son odeur masculine embrume mes narines et à mesure qu'il se rapproche, je me recroqueville sur moi-même le regard fuyant et en ressentant par la même occasion ses grandes mains longer mes cuisses dénudées.

— Va te faire —.

À peine ai-je terminé ma phrase que sa main s'est saisie de mes cheveux. Prise au dépourvu, je laisse échapper un hoquet de surprise. Ses yeux bleus se sont alors fixés aux miens pendant que je grimace de douleur, sentant ses doigts s'enrouler sauvagement autour de mon cuir chevelu.

— Lâche-moi, ai-je sèchement exigé les sourcils froncées.

— Sinon quoi Olga ? N'oublie pas que j'ai réussi à te sauver ce qui signifie que dorénavant, j'ai la bénédiction de ton père pour te marier.

— Jamais je ne deviendrais ta femme Sergueï !

— Tu veux parier ? Me propose-t-il pour ensuite éclater de rire.

Ses doigts me relâchent. Une envie horrible de pleurer me submerge mais je m'efforce tout de même de ne pas laisser de vulgaire larme rouler le long de mes joues en sa présence. Devant lui ? Il en est tout bonnement hors de question !

— Мы ждём свадьбы, да ? ( On attend le mariage, non ? )

J'entrouvre la bouche, sentant au passage ma gorge se nouer.

Ses fines lèvres déposent un léger baiser sur ma joue. Il se relève ensuite l'air victorieux pour sortir de la chambre.. une rage me monte jusqu'au cerveau et je m'empare du verre posé sur le plateau pour l'éclater contre la porte, il se brise en plusieurs morceaux et intérieurement je prie pour que ce connard se blesse avec !

Je fixe ce bandage qui enroule ma cuisse l'air agacé, et suis on ne peut plus sûr que c'est aussi ce salaud de première qui a prit soin de me changer et de passer ses doigts sur mon corps pour soigner mon épaule et ma cuisse pendant le laps de temps où j'ai été dans les vapes.

Je resserre les poings tandis que mes yeux voyagent à travers les quatre murs de cette chambre ; le papier peint à des reliefs gris et blancs, les fenêtres sont fermés ce qui empêche peut-être la lumière du jour de pénétrer à l'intérieur, ou peut-être qu'il fait nuit ? Pour être honnête je n'en sais absolument rien, la notion du temps m'est inconnue... il n'y a aussi qu'un seul et misérable meuble en bois qui décore la chambre et un large tapis a été ajouté, recouvrant le parquet chêne sûrement gelé en ce mois de février.

Je ne sais pas où je me trouve, et je crois que c'est exactement ça qui me terrifie le plus car être en compagnie de Sergueï à l'intérieur d'un espace confiné me provoque des frissons de dégoût. Cette expérience traumatisante je l'ai connue une fois, et la revivre serait synonyme de juste mourir à petit feu.

Mes sombres pensées se multiplient mais la porte s'ouvre en trombe sur cet abject personnage. Un horrible sourire gravé sur les lèvres, il m'a jetée le téléphone sur le lit. J'ai évidemment arqué le sourcil mais avant que je ne puisse ouvrir la bouche pour lui faire part de mon incompréhension et l'insulter au passage, cet enfoiré a articulé à voix basse — guettant les bouts de verres au sol par la même, une mine refrogné tirant les traits de son visage quand il s'en est aperçu — :

OLGAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant