𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟐

8.3K 649 678
                                    

Aylin

— Nan, mais grand-mère j'y arrive plus, avoué-je, fatigué des faux semblants. Parfois, j'ai vraiment envie de partir de cette ville pour ne jamais revenir.

Me rendre chez ma grand-mère est le seul plan que j'ai trouvé afin d'aller à la fête de rentrée qui a lieu chez Alec ce soir. Je suis censée passer la soirée et dormir chez elle. Mais c'est ma complice dans ce plan, tant que je ne rentre pas trop tard, elle est d'accord pour ne rien dire à mes parents.

— Je comprends que ça peut être pesant, ma petite lune, me rassure-t-elle en caressant mes cheveux. Mais tu sais, s'il y a bien un métier auquel on n'est jamais préparé et dont on apprend tous les jours, c'est bien celui de parents.

Ma petite lune.

C'est parce que dans mon prénom les deux premières lettres signifient lune en turc.

Ay.

Elle m'a toujours appelé comme ça du plus loin que je m'en souvienne. Je préfère ce surnom à...

Ma petite étoile.

Miller. On s'est fait la guerre tout le reste de la semaine même si jusqu'ici ce n'est pas allé plus loin que des attaques verbales. Je sens que le pire est à venir.

Je l'attends.

J'ai peur.

J'ai hâte.

Je stresse.

Avec lui, mes émotions sont sans cesse tiraillées entre deux extrêmes.

— Oui, je sais, enfin, je m'en doute. Mais elle ne fait aucun effort, soufflé-je, les larmes aux yeux. Parfois, j'ai l'impression qu'elle fait exprès de ne pas voir que je souffre.

Les larmes dévalent mes joues. Je les laisse couler. Ici, j'en ai le droit. Ici, on ne me trouvera pas faible.

— Mais non... Pourquoi est-ce que tu penses ça ? Explique-moi tout, ma chérie.

Je prends une grande inspiration. Je m'apprête à parler d'une personne que je m'étais promis d'oublier. Pourtant, j'ai le sentiment de penser tout le temps à lui.

Enfin, un peu moins depuis que Miller est entré dans ma vie. Il est comment dire...

Assez envahissant et, ce, même dans mes pensées.

— Depuis le départ de Louis, elle ne m'a jamais pardonné d'avoir découvert l'étendue de mes sentiments à son égard. Comme si c'était un péché d'aimer. D'aimer aussi fort, terminé-je la voix tremblante avant d'être emporté dans mes souvenirs les plus douloureux.


Flashback :

— Aylin sort de cette chambre tout de suite ! hurle ma mère en frappant de toutes ses forces contre la porte de ma chambre.

Non. Non. Laissez-moi tranquille.

— Ça suffit maintenant. Ça fait une semaine que tu n'as daigné adresser la parole à personne.

Parce que la seule personne à qui je veux parler n'est plus là.

J'ai besoin de lui.

Son absence, son silence rongent mon âme.

— Tu ne manges presque rien. Et en plus, tu ne m'aides pas avec les tâches ménagères donc je dois encore tout faire toute seule, continue de râler ma mère derrière la porte.

Mais elle fait exprès d'être une si mauvaise mère ?

Ça la tuerait de demander une fois « Ma chérie, tu es sûr que ça va ? Tu veux m'en parler ? Tu peux tout me dire. Jamais je ne te jugerais ».

BLINDLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant